« Anansi », une belle collection de traductions
Le
marché du livre de Roumanie vit des temps difficiles à cause de la chute des
ventes, plusieurs maisons d’édition ayant dû restreindre ou carrément arrêté la
production de livres en format papier. Pourtant, c’est précisément dans cette
conjoncture que les Editions Pandora M, membre du Groupe TREI, propose aux
lecteurs une nouvelle collection de traductions d’œuvres de la littérature
universelle. La collection, appelée « ANANSI. World Fiction », est
coordonnée par l’écrivain Bogdan-Alexandru Stănescu, un des éditeurs roumains
les plus appréciés, avec 15 ans d’expérience dans le domaine des traductions
littéraires.
Corina Sabău, 09.01.2021, 11:11
Le
marché du livre de Roumanie vit des temps difficiles à cause de la chute des
ventes, plusieurs maisons d’édition ayant dû restreindre ou carrément arrêté la
production de livres en format papier. Pourtant, c’est précisément dans cette
conjoncture que les Editions Pandora M, membre du Groupe TREI, propose aux
lecteurs une nouvelle collection de traductions d’œuvres de la littérature
universelle. La collection, appelée « ANANSI. World Fiction », est
coordonnée par l’écrivain Bogdan-Alexandru Stănescu, un des éditeurs roumains
les plus appréciés, avec 15 ans d’expérience dans le domaine des traductions
littéraires.
La
nouvelle collection, placée sous le signe du dieu africain des contes, Anansi,
est structurée en cinq séries: « Anansi. Contemporan », dédiée à la
littérature actuelle, « Anansi. Clasic », consacrée aux auteurs
classiques du 20-e siècle, « Anansi. Mentor », la série des essais
littéraires, « Anansi. Ego » rassemblant les volumes de mémoires, et
« Anansi. Blues », pour la poésie. Des titres et des auteurs de
premier rang du paysage littéraire international ont déjà été publiés, dans le
cadre de cette collection, tels l’écrivaine syrienne Samar Yazbek, très
critique à l’égard du régime Assad, l’Américain Ben Lerner, finaliste des prix
Pulitzer et National Book Award, ou encore le Turc Ahmet Altan, qui est aussi
un journaliste redoutable, tous traduits pour la première fois en Roumain.
L’écrivain
Bogdan-Alexandru Stănescu, coordonnateur de la collection ANANSI, avoue que
c’est un projet éditorial qu’il nourrissait depuis un certain temps déjà : « De nombreux éditeurs rêvent d’un tel
projet ou d’une collection d’auteur, mais il arrive souvent qu’ils ne trouvent
pas du soutien. J’ai été moi-même surpris de voir que les six premiers titres
de la collection sont en rupture de stock. La nouveauté et la qualité des
œuvres traduites y ont joué, sans aucun doute, mais aussi la beauté des
couvertures des livres, réalisées par le graphiste Andrei Gamarț. En fait, je
dirais que c’est une sélection subjective, puisque j’ai inclus dans cette
collection des auteurs que j’aime et que je voulais, depuis longtemps, voir
traduits en roumain. Il m’était impossible d’accepter le fait que l’œuvre de José
Luís Peixoto, un des plus importants écrivains portugais contemporains, que les
critiques qualifient de « nouveau Saramago », ne soit pas
intégralement traduite en roumain. Je me souviens d’un groupe sur les réseaux
sociaux qui s’était proposé de convaincre les maisons d’éditions, sans succès
d’ailleurs, de traduire Peixoto. Donc, pour moi, la parution de son roman
« Autobiografia/Autobigraphie », traduit par Simina Popa, dans la
première vague de la collection, a été un rêve accompli. Même chose pour Martin
Amis, une des voix les plus influentes et innovantes de la littérature
britannique contemporaine. Dans le cas de Paul Auster, je dois reconnaître
qu’un de mes romans préférés est « Moon Palace », dans la traduction
de Michaela Niculescu, un roman picaresque, une preuve de virtuosité artistique.
Je crois qu’une maison d’édition a aussi ce rôle, de former le goût du lecteur.
Et, à mon avis, ce n’est pas normal que des chefs-d’œuvre littéraires soient
absents du marché parce qu’ils ont été traduits il y a une vingtaine d’années
et qu’une nouvelle édition ne se justifie pas. Malheureusement, de nombreux
gens du secteur ne saisissent pas l’importance de la réédition. Son but et de
préserver la présence de chefs-d’œuvre sur la marché et dans les options du public.
Voilà, donc, par exemple, l’explication de la nouvelle édition du roman de
Robert Graves « Moi, Claude, empereur », traduit par Silvian
Iosifescu. »
Aux
yeux du critique littéraire Mihai Iovănel, le recueil de poèmes signés par
Ruxandra Novac, et publié dans la collection « Anansi. Alwarda », est « le
come-back le plus attendu de la poésie roumaine ». C’est le deuxième
volume de la poétesse qui a marqué la création poétique des années 2000.
Bogdan-Alexandru
Stănescu, coordonnateur de la collection « ANANSI. World Fiction »,
des Editions Pandora M, explique: « Ruxandra
Novac est en quelque sorte la raison d’existence de la série Anansi Blues,
consacrée à la poésie. Pourquoi ? Parce qu’au moment où nous avons décidé
de publier ce volume de poèmes, Alwarda, la collection était déjà esquissée,
mais nous avons pensé produire une série dédiée à la poésie. C’est une série
qui connaît une évolution plutôt bonne, surtout qu’en 2021, nous allons publier
l’œuvre poétique de Louise Glück, Nobel
de littérature 2020. Quand elle avait eu le prix, un grand nombre d’internautes
disaient ne rien savoir d’elle, alors qu’elle est un des grands noms de la
poésie américaine des cinq dernières décennies. Je promets que nous entendrons
parler de plus en plus de Louise Glück en Roumanie aussi. »
Parmi
les parutions qui se préparent dans la collection « ANANSI. World Fiction »,
il y a des titres récompensés d’importants prix littéraire en 2020, dont le
roman « L’Anomalie » du Français Hervé Le Tellier, qui a reçu le prix
Goncourt, le roman « The Discomfort of Evening » de la
Néerlandaise, Marieke Lucas Rijneveld, récompensé du International Booker
Prize, le roman « Shuggie Bain »,
qui a marqué le début de l’écrivain écossais Douglas Stuart, le Booker Prize
2020. (Trad. : Ileana Ţăroi)