La consommation culturelle en temps de pandémie
En 2020, les Roumains ont lu davantage, ont écouté plus de musique, ont regardé plus de films, de séries télévisées, d’émissions de télévision ou de documentaires, ont consommé plus de théâtre en ligne et en plein air. C’est l’étude « Tendances de la consommation culturelle pendant la pandémie », réalisée par l’Institut national pour la recherche et la formation culturelle, qui indique ces évolutions.
Ion Puican, 02.01.2021, 13:15
En 2020, les Roumains ont lu davantage, ont écouté plus de musique, ont regardé plus de films, de séries télévisées, d’émissions de télévision ou de documentaires, ont consommé plus de théâtre en ligne et en plein air. C’est l’étude « Tendances de la consommation culturelle pendant la pandémie », réalisée par l’Institut national pour la recherche et la formation culturelle, qui indique ces évolutions.
Ainsi, 35% des personnes participant à l’enquête ont dit avoir lu des livres en 2020, un pourcentage en nette hausse par rapport au 22% de l’année précédente. En 2020, 88% des sondés ont écouté de la musique, sur différents supports, contre 74% en 2019. La consommation de théâtre et de film dans les salles de spectacle et de cinéma a de toute évidence baissé, compte tenu de la fermeture de ces lieux quasiment tout au long de cette année. Mais les Roumains se sont montrés prêts à regarder des spectacles de théâtre et des films en ligne ou bien à assister à des spectacles et des projections en plein air, quand les restrictions sanitaires et la météo l’ont permis.
Pour ce qui est de la télévision, la consommation a augmenté pour toutes les catégories d’émissions : 79% des personnes interrogées ont regardé des films ou des séries télévisées en 2020, alors qu’elles n’étaient que 76% à le faire en 2019. On a visionné davantage de films d’animation (40% des Roumains contre 31% en 2019), d’émissions de divertissement (76% des gens contre 69% l’année précédente) et d’émissions pour enfants (38% des sondés contre 25% en 2019).
Les lieux culturels ont bien sûr dû s’adapter à ces nouvelles formes de consommation culturelle. L’accès aux produits culturels à distance est devenu la norme et les musées, les salles de spectacles et autres cinémas ont peu à peu changé leur manière de faire les choses. Nous avons abordé ce thème avec le directeur d’une des institutions culturelles les plus importantes de la capitale roumaine : Adrian Majuru est le directeur des Musées de la ville de Bucarest, soit une douzaine de musées et maisons d’artistes. Pour commencer, Adrian Majuru nous a parlé du besoin de culture des Roumains : « L’homme est un animal social. Il consomme de la culture durant toute sa vie, même quand il ne se propose pas de le faire. Ce que nous savions moins c’était comment il pouvait se réinventer, pour ainsi dire, du point de vue culturel, sous la pression des circonstances. Cela peut être lié à une incertitude sanitaire, donc quelque chose d’invisible, ou à des crises économiques ou sociales qui déclenchent des émeutes. Cette année, on a pu observer chez les gens un retour à des préoccupations latentes, comme la lecture ou la participation à des forums en ligne. »
Les Musées de la ville de Bucarest ont profité de tout ce que la technologie leur offrait pour communiquer avec leur public. Ils ont procédé à une transformation des pages Facebook des différents musées et collections, qui sont devenues, selon les mots d’Adrian Majuru, des magazines culturels spécialisés : « La chance des Musées de la ville de Bucarest est de posséder le patrimoine le plus varié de la capitale. Dans nos musées nous avons aussi bien des monnaies, des vêtements, de vestiges archéologiques et des œuvres d’art. Comme on a été très actifs en ligne durant le premier confinement, jusqu’à faire trois publications Facebook par jour, on a eu un bond d’audience. Sur un mois et demi, on a dépassé le million de visiteurs de nos pages Facebook, on a eu plus de commentaires et les autres réseaux sociaux, Instagram et Twitter, ont suivi. Mais quand on a rouvert les musées, au mois de mai, seulement 30% de notre public habituel est venu nous visiter. Ensuite on a récupéré un peu, pour approcher 50% des visiteurs par rapport à l’année dernière. La fréquentation a encore augmenté, durant les mois d’été, tout en étant de 30% inférieure à celle de 2019. C’est normal que cela change, les gens sont préoccupés par leur sécurité, par leur travail, il y a des métiers qui se transforment ou qui disparaissent. Ce qui nous intéressait, au-delà d’être une sorte de refuge, c’était de proposer aussi des réponses à cette question – quoi faire de sa vie. On a voulu aller à la rencontre des personnes qui cherchent autre chose qu’une simple information culturelle. De mon point de vue, les choses simples et linéaires ne fonctionneront plus. Alors la manière de s’exprimer doit être pluridisciplinaire, pour ainsi dire. Il faut faire référence à plusieurs domaines pour que davantage de gens s’y retrouvent. »
Et en cette fin d’année, il était impossible de ne pas évoquer les plans et projets des Musées de Bucarest pour 2021. Adrian Majuru, directeur des Musées de la ville de Bucarest : « Ce qui faisait notre spécifique et devrait être récupéré d’une manière ou d’une autre sont ces événements qui faisaient venir dans les musées un public différent de nos visiteurs habituels : des concerts de musique classique et contemporaine, des pièces de théâtre et d’autres spectacles. Nous accueillions aussi les initiatives de la communauté, en mettant à disposition nos espaces gratuitement, y compris pour des projets d’exposition. Nous avons gardé cette idée et avons lancé un appel à projets cet automne, mais on a reçu très peu de réponses. Nous avons aussi une lettre d’information qui s’appelle « Bucarest en 5 minutes » et qui a partir de cette année est imprimée et distribuée à l’échelle nationale, avec le magazine « Contemporanul ». C’est une revue académique, alors ce n’était pas évident de travailler ensemble. Mais nous l’avons fait et une vraie amitié est née : ils ont fait de la place dans leurs colonnes à nos spécialistes et ont lancé des rubriques d’archéologie, d’art, d’anthropologie. Tout cela est nouveau, jusqu’à présent « Contemporanul » était surtout spécialisé en littérature. »
Pour ceux et celles d’entre vous qui se débrouillent en roumain, allez jeter un œil sur le site des Musées de la ville de Bucarest. Dans la rubrique Médias vous retrouverez des images d’archive, des documentaires sur les différents musées et collections ou sur la capitale, des revues spécialisées ou encore des conférences données par des spécialistes roumains ou étrangers. Ils touchent à de nombreux domaines et expliquent, chacun à sa manière, notre vie dans toute sa complexité. (Trad. Elena Diaconu)