Rosenthal – un artiste de la révolution
Le Musée national dart de Roumanie (MNAR), qui siège dans lancien Palais royal de Bucarest, consacre lexposition temporaire « Rosenthal – Un artiste de la révolution » au peintre du 19e siècle Constantin Daniel Rosenthal, dont le vernissage a eu lieu récemment. Cristina Verona Tobi, directrice par intérim du Musée, avec des détails sur ce moment spécial :
Ion Puican, 07.11.2020, 13:32
Le Musée national dart de Roumanie (MNAR), qui siège dans lancien Palais royal de Bucarest, consacre lexposition temporaire « Rosenthal – Un artiste de la révolution » au peintre du 19e siècle Constantin Daniel Rosenthal, dont le vernissage a eu lieu récemment. Cristina Verona Tobi, directrice par intérim du Musée, avec des détails sur ce moment spécial :
« Cette année, le Musée national des beaux-arts de la Roumanie célèbre le 70e anniversaire de louverture de sa première galerie, et bien sûr, nous ne pouvions pas manquer de marquer cet événement. Il sagit du 200e anniversaire de la naissance de lartiste Constantin Daniel Rosenthal – celui qui nous a légué la célèbre œuvre « La Roumanie révolutionnaire ». Au fil des ans, le Musée national dart a non seulement organisé les expositions dart les plus importantes du pays, il a toujours établi une relation importante entre lart, dune part, et lévolution de la vie sociale, politique et culturelle, de lautre. Nous avons une pensée rétrospective pour les moments les plus importants de notre histoire en tant que peuple, pour la révolution de 1848 – fondée sur dimportantes valeurs libérales et sur des idées novatrices – et qui a apporté lidée de modernisation. Il sagit donc dune exposition extrêmement importante, car nous portons à lattention du public des éléments de nouveauté, des œuvres qui nont jamais été exposées auparavant. Cest une invitation pour nous tous, pour le grand public, pour le public informé, et surtout pour le jeune public. Cest une invitation à embrasser le passé ensemble pour regarder et déchiffrer lavenir. »
La commissaire de lexposition, Monica Enache, responsable de la section dart roumain moderne du MNAR, a parlé, elle, des nouveautés que cette exposition apporte dans le monde de lart :
« Notons quil sagit de la deuxième exposition monographique réalisée en Roumanie, après celle de 1970 – qui ne comprenait cependant que 11 œuvres et nétait accompagnée daucun catalogue. A noter que le catalogue qui accompagne cette exposition rassemble toutes les œuvres de lartiste que nous avons réussi à identifier à ce jour, dans le pays et surtout à létranger, dans les collections publiques, mais aussi dans les collections privées. Voilà déjà une première. Certaines, comme vous le verrez si vous consultez le catalogue, sont complètement inconnues et évidemment inédites. Nous avons inclus dans ce volume une deuxième première : toutes les lettres encore conservées aujourdhui en Roumanie, certaines dentre elles à la Bibliothèque nationale et une autre partie à la Bibliothèque de lAcadémie roumaine, lettres que Rosenthal avait adressées à ses amis – à lhomme politique et publiciste C. A. Rosetti et au Dr. Adolf Gruno. Lexposition présente, à première vue, les caractéristiques dune exposition monographique. Au-delà de cette composante scientifique, de recomposition de lœuvre de Rosenthal, qui na pas été suffisamment étudiée jusquà présent, il en existe une seconde – celle de son activisme révolutionnaire, assumé pleinement et sans hésitation. Je vous invite à réfléchir un peu à cette dimension de la personnalité du peintre et à savoir à quel point nous sommes aujourdhui prêts à assumer des causes communes et à militer pour leur réalisation. Ensuite, portons un regard en arrière, sur les personnalités et les moments décisifs de notre histoire récente ou lointaine, en essayant de les libérer sous les couches successives de contenu de propagande qui leur ont été attribués. Pouvons-nous encore déchiffrer et retrouver leur vrai sens ? »
Pour Monica Enache, commissaire de lexposition consacrée au peintre Constantin Daniel Rosenthal, cet événement ouvre à nouveau les portes du Musée national dart de Roumanie.
« Moi je dirais que je vois ça effectivement comme une réouverture du Musée… Cette fois-ci, jai beaucoup travaillé chez moi, ce qui ma aidée à me munir dune documentation bien plus en profondeur, plus substantielle et plus appliquée. Bref, à chaque mal, Dieu donne son remède. Pour moi, cette exposition doit parler au public, car je suis sûre que tout citoyen de ce pays a dû voir, au moins une fois dans sa vie, le tableau « La Roumanie révolutionnaire ». Il mest impossible de croire le contraire et cest le pari que je fais quand je dis que cette expo intéressera du moins le public bucarestois, puisquon na plus de touristes. Personnellement, jaimerais montrer aussi les parties moins connues de la vie et de lœuvre de Rosenthal, car, en fin de compte, son activité politique passe devant son activité artistique, et je pèse mes mots. Mais nous devons dire la vérité et je recommanderais la lecture des lettres incluses dans le catalogue de lexposition : elles sont éloquentes, sans elles on ne comprendrait rien. »
Dans une lettre du 26 juillet 1848, adressée à C.A. Rosetti, un des dirigeants de la révolution de cette année-là en Valachie et militant pour lunion des Principautés roumaines, le peintre Constantin Daniel Rosenthal, Juif dorigine, écrivait: « Il y a tant de gens raisonnables dans notre pays et tant demportements à endiguer. Hélas ! Pourquoi ne suis-je le plus fort, ne serait-ce que lespace dun instant ? Vous nallez pas croire combien je souffre pour votre cause. Je naurais jamais cru être à ce point valaque. »
(Trad. : Ligia Mihăiescu, Ileana Ţăroi)