EducaTIFF
EducaTIFF, le premier programme d’éducation cinématographique pour le jeune public en marge du Festival international de film Transilvania est arrivé à sa douzième édition. Lancé en 2009 afin de nourrir l’intérêt du jeune public pour le cinéma, EducaTIFF représente en chiffres plus de 120 productions, quelque 3000 participants, une cinquantaine d’ateliers et d’activités en rapport avec le cinéma et 50 établissements scolaires concernés. Déroulée tout au long du TIFF, l’édition 2020 d’EducaTIFF a été coordonnée par Raluca Bugnar, pour la troisième fois en charge de la sélection des films diffusés.
Corina Sabău, 26.09.2020, 00:11
EducaTIFF, le premier programme d’éducation cinématographique pour le jeune public en marge du Festival international de film Transilvania est arrivé à sa douzième édition. Lancé en 2009 afin de nourrir l’intérêt du jeune public pour le cinéma, EducaTIFF représente en chiffres plus de 120 productions, quelque 3000 participants, une cinquantaine d’ateliers et d’activités en rapport avec le cinéma et 50 établissements scolaires concernés. Déroulée tout au long du TIFF, l’édition 2020 d’EducaTIFF a été coordonnée par Raluca Bugnar, pour la troisième fois en charge de la sélection des films diffusés.
Ce sont des productions censées rapprocher le public jeune des thèmes actuels, affirme-t-elle. Raluca Bugnar :« Personnellement, je suis contente des films ayant figuré au programme de l’édition de cette année. Je me méfie des films idylliques ; à vrai dire, ils existent de moins en moins. A l’heure où l’on parle, même les films pour le public jeune se penchent sur des aspects réels, sur des problèmes ou des conflits actuels ; du coup, on s’éloigne de plus en plus d’un monde prétendu parfait ou idyllique. En général, les productions destinées aux enfants sont peu nombreuses parce que cette catégorie de film n’est pas très rentable. Tout film suppose des coûts et ceux pour la jeunesse ont du mal à faire du bénéfice. Par exemple, cette année, sur les 40 productions que j’ai vues, je n’en ai choisi que 7. Parmi elles, trois s’adressaient aux ados de 14 ans et plus, trois aux petits et un septième était destiné à ceux d’une tranche d’âge intermédiaire, puisqu’il parlait du passage de l’enfance à l’adolescence. On a été très contents de constater la présence des adultes aussi. Normalement, lors de nos précédentes éditions, les enfants étaient accompagnés par leurs professeurs. Or cette année, ils sont venus avec leurs grands-parents qui sont restés regarder les films. Je suis très heureuse quand je vois des adultes qui ont de l’empathie pour les histoires racontées sur le grand écran et qui comprennent qu’un film peut souvent aider à ouvrir un dialogue sur des sujets plutôt délicats. Peut-être qu’en l’absence d’un tel film, on n’oserait pas discuter avec notre enfant du harcèlement à l’école, on n’aurait pas le courage d’apprendre s’il a été déjà victime d’une telle pratique ou tout au contraire, s’il l’a provoquée. Mais après avoir regardé le film ensemble, on pourrait plus facilement se pencher sur de tels sujets, car on peut se rapporter aux personnages et de ce fait, on a un point de départ pour lancer la conversation ».
Sur l’ensemble des productions ayant figuré au programme d’EducaTIFF, une partie sera disponible en ligne aussi, sur la plateforme Tiff Unlimited. Raluca Bugnar détaille :« On espère que la plateforme Tiff Unlimited offrira la possibilité au grand public de visionner une bonne partie des films sélectionnés. On s’efforce en ce moment d’obtenir les droits d’auteur pour leur diffusion en ligne. En ce qui concerne le programme de cette année, il s’est ouvert par un film britannique aux petites touches bollywoodiennes. Il s’agit « d’Eaten by Lions » (Mangé par des lions) de Jason Wingard. C’est l’histoire de deux frères qui ne se ressemblent pas du tout, une histoire qui parle des différences entre les membres de la même famille et qui nous aide à accepter les aspects moins agréables de la vie. Un deuxième film recommandé aux adolescents a été « Diva of Finland » (Diva de Finlande), de Maria Veijalainen qui parle du rôle des médias et des réseaux sociaux, puisqu’il est question d’un concours genre La Roumanie a un incroyable talent. Grosso modo, les protagonistes de ce film bataillent pour se voir sacrer Diva de Finlande et alors elles se lancent dans la chasse aux voix sur YouTube, une pratique très fréquente de nos jours. Nous avons présenté aussi la production néerlandaise « The Club of Ugly Children » (Le Club des enfants moches) signé Jonathan Elbers, un film que personnellement, j’ai adoré, d’ailleurs ce fut mon film préféré de cette année. C’est une dystopie science-fiction, un film d’action qui explique aux enfants ce qu’un système totalitaire suppose et pourquoi une démocratie, même imparfaite, est toujours préférable. Un autre film fut « Jeune Juliette » d’Anne Emond, une production canadienne qui traite justement de cette période à la frontière entre l’enfance et l’adolescence. La protagoniste, Juliette, se voit confronter à toute sorte de situations et le film aide les enfants à comprendre que tout ce qu’elle vit est bien normal. On a eu aussi la projection du film roumain « L’Extraordinaire voyage de Marona » de la réalisatrice Anca Damian accompagné du court métrage « Opinci » – sorte de sandales paysannes – fruit d’une collaboration entre Studioset, FrameBreed et FatFox Animation. On a donc consacré une journée au film roumain et on a eu en salle les spectateurs les plus jeunes avec lesquels on a parlé de la responsabilité et de l’aventure », a conclu Raluca Bugnar. (trad. Ioana Stancescu)