La bande dessinée pour raconter le confinement
Pendant le confinement, les projets culturels n’ont pu avoir lieu qu’en ligne. L’Institut Goethe de Bucarest est aussi passé au numérique et, en partenariat avec l’association « Jumătatea plină » / « La moitié pleine », il a lancé un projet à l’intention des auteurs et des passionnés de BD : « Le colporteur de bande dessinée ». Octav Avramescu, le président de l’association « Jumătatea plină », explique : « En ces temps changés que nous sommes en train de vivre, il aurait dû y avoir quelques festivals de BD, quelques parutions de livres. Une activité pas très intense, mais intéressante, aurait continué dans ce domaine de la bande dessinée. Comme les choses ne se sont pas passées ainsi, nous avons pensé, avec l’Institut Goethe, de lancer un projet en ligne avec 20 artistes roumains, jeunes ou moins jeunes, qui partagent leur expérience du confinement. »
Monica Chiorpec, 12.09.2020, 11:00
Pendant le confinement, les projets culturels n’ont pu avoir lieu qu’en ligne. L’Institut Goethe de Bucarest est aussi passé au numérique et, en partenariat avec l’association « Jumătatea plină » / « La moitié pleine », il a lancé un projet à l’intention des auteurs et des passionnés de BD : « Le colporteur de bande dessinée ». Octav Avramescu, le président de l’association « Jumătatea plină », explique : « En ces temps changés que nous sommes en train de vivre, il aurait dû y avoir quelques festivals de BD, quelques parutions de livres. Une activité pas très intense, mais intéressante, aurait continué dans ce domaine de la bande dessinée. Comme les choses ne se sont pas passées ainsi, nous avons pensé, avec l’Institut Goethe, de lancer un projet en ligne avec 20 artistes roumains, jeunes ou moins jeunes, qui partagent leur expérience du confinement. »
Mihai Ionuț Grăjdeanu est un des 20 dessinateurs qui ont accepté le défi de ce projet. Il nous parle de ce que c’était d’être un « colporteur de bande dessinée » : « J’ai eu seulement une planche à disposition, une page pour dessiner et présenter mes pensées sur cette situation. Le mode de vie d’un artiste indépendant qui travaille de chez lui n’est pas si différent de ce que les ordonnances nous ont imposé. L’isolement, par exemple. Quand on travaille sur un projet de BD, un album ou un roman graphique, on s’impose à soi-même une période de concentration, de discipline, qui peut durer trois mois, six mois, pour réussir à finir un nombre important de planches. »
Pour un artiste de BD en Roumanie, il y a une certaine constance, un certain rythme dans les événements culturels. La situation exceptionnelle des derniers mois, qui a transféré en ligne y compris les projets visuels, a obligé Mihai Ionuț Grăjdeanu à s’adapter, comme tous les artistes, au nouvel état de fait : « Je m’occupe depuis quelques temps, plus ou moins sept ans, de l’organisation des expositions de BD pour moi-même ou pour d’autres auteurs et, surtout, j’enseigne la bande dessiné dans des écoles d’état ou privés. Pendant le confinement, j’ai développé plusieurs projets numériques. J’ai eu des ateliers de BD en ligne, avec les enfants, et j’ai même organisé des expositions virtuelles de bande dessinée. En mars, nous avons lancé le nouveau numéro du magazine « BD Historia, bandes dessinées historiques ». Le lancement, les commandes, tout s’est passé en ligne. »
Une BD est plus qu’une succession de dessins encadrés. Mihai Ionuț Grăjdeanu parle de sa planche pour le projet de l’Institut Goethe et l’Association « Jumătatea plină », et aussi des fonctions de ce type d’art : « La BD que j’ai conçue et dessinée est comme le cadastre d’un logement. Les murs deviennent les cadres, on voit aussi un peu de décor extérieur, de rue. Ça c’est la composition. Ensuite, le texte introduit plusieurs messages et informations. Ce type de BD appartient à plusieurs genres. Elle pourrait être vue comme une BD historique, car cette planche retient un moment réel, global, de notre temps. Mais c’est aussi une BD humoristique, car j’ai écrit des dialogues satiriques. »
Mais on ne peut pas ignorer, non plus, les fonctions sociale et éducative des œuvres proposées pour « Le colporteur de bande dessinée ». Plus encore, suggère Mihai Ionuț Grăjdeanu, elles pourraient constituer du matériel de recherche pour les histoires vécues pendant la pandémie : « Ces BD peuvent devenir, à l’avenir, des documents visuels de référence. Elles racontent, en images, une période de temps déterminée. En plus, elles sont très bien réalisées, alors ça peut servir à toute sorte de projets.»
D’ailleurs, le grand avantage de ce type d’art visuel est justement son accessibilité. En plus, une seule planche peut raconter, de manière concise, toute une histoire. Octav Avramescu : « La bande dessinée est potentiellement un environnement joueur, mais pas tout le temps. Ce n’est pas une caricature ou un gag, elle raconte une histoire. C’est une manière de reproduire, de raconter une histoire. Les auteurs impliqués dans ce projet ont tous raconté, à l’aide des images, des histoires simples, que nous reconnaissons. Ces histoires circulent facilement en tant qu’image. »
« Le colporteur de bande dessinée » continuera cet automne à l’Institut Goethe de Bucarest, se transformant en une collaboration avec des artistes BD d’Allemagne. Octav Avramescu, président de l’association « Jumătatea plină » : « Ca
a été une période de recalibrage. Je ne parle pas seulement de repenser les projets,
mais de revoir leur taille. Un artiste ou un opérateur culturel travaille bien
sous contrainte. Les contraintes sont parfois bénéfiques dans l’art. Nous avons
exploré beaucoup d’idées et beaucoup en seront réalisées. Ce projet ne s’arrête
pas là. Les 20 auteurs qui prennent part au Colporteur feront aussi l’objet d’une
exposition. Plus tard, vers l’automne, quand les restrictions seront, espérons-le,
levées. »
Pour les fans de BD, voici quelques auteurs qui ont pris part au « Colporteur de bande dessinée », vous en reconnaitrez peut-être quelques-uns : Mircea Pop, Giorge Roman, Ileana et Maria Surducan, Octavian Curoșu, Timotei Drob ou encore Xenia Pamfil. Pour voir les dessins, rendez-vous sur la page Facebook du projet ou à l’automne, à Bucarest ! (Trad. Elena Diaconu)