« Chez moi, My home », premier documentaire signé Radu Ciorniciuc
Présent à la 42ème édition du Festival du film de Sundance, dans la section consacrée aux documentaires internationaux, la production « Chez moi, My home » du réalisateur roumain, Radu Ciorniciuc, a remporté le Prix spécial du jury pour l’image. Le mérite appartient à Radu Ciorniciuc même et à Mircea Topoleanu, les deux noms auxquels la production doit « la fluidité et la ténacité des mouvements de la caméra », selon la motivation des jurés. Normalement, « Chez moi, My home » aurait dû ouvrir la 13-ème édition du Festival One World de Roumanie, malheureusement reportée en raison de la pandémie de coronavirus.
Corina Sabău, 25.04.2020, 00:17
Présent à la 42ème édition du Festival du film de Sundance, dans la section consacrée aux documentaires internationaux, la production « Chez moi, My home » du réalisateur roumain, Radu Ciorniciuc, a remporté le Prix spécial du jury pour l’image. Le mérite appartient à Radu Ciorniciuc même et à Mircea Topoleanu, les deux noms auxquels la production doit « la fluidité et la ténacité des mouvements de la caméra », selon la motivation des jurés. Normalement, « Chez moi, My home » aurait dû ouvrir la 13-ème édition du Festival One World de Roumanie, malheureusement reportée en raison de la pandémie de coronavirus.
Le documentaire raconte l’histoire d’une famille qui a vécu pendant une vingtaine d’année dans le delta de Văcăreşti, jusqu’à ce que cette zone de la ville de Bucarest ne devienne aire protégée et ne se transforme en premier parc naturel urbain de Roumanie. Quatre ans durant, le réalisateur Radu Ciorniciuc a suivi la grande aventure des Enache et leur passage d’une vie en parfaite harmonie avec la nature à une autre, au milieu de la jungle urbaine. Co-fondateur de « Casa jurnalistului/la Maison du journaliste » une communauté de journalistes indépendants, signataire de plusieurs documentaires pour The Guardian, Al-Jazeera, Channel 4 ou encore la ZDF, le reporter Radu Ciorniciuc s’est vu remettre plusieurs prix nationaux et internationaux tels le prix des Super écritures, celui d’Amnesty International du Royaume Uni, les deux en 2014, ou encore le Prix Harold Wincott pour le journalisme économique et financier, en 2016.
Nous avons voulu apprendre comment Radu Ciorniciuc a choisi de faire le passage du journalisme au documentaire : « Le passage c’est fait presque de soi, déjà que mes reportages réalisés pour la Maison du journaliste ressemblaient à des documentaires. Après, quand j’ai décidé de réaliser « Chez moi, My Home », je me suis rendu compte qu’il m’aurait été impossible de raconter cette histoire en me servant seulement des instruments propres au reportage. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à chercher des modalités différentes de raconter ce que je voulais dire et de le faire le plus proche possible de la façon dont j’entendais l’histoire dans ma tête. Toutes ces quatre années pendant lesquelles j’ai travaillé pour le film ont représenté une excellente école de cinéma. J’ai participé à plusieurs ateliers à travers l’Europe et j’ai fait la connaissance de professionnels auprès desquels j’ai appris énormément de choses. Cette décision de passer au documentaire fut alimentée par ce désir personnel de raconter l’histoire d’une façon beaucoup plus profonde et plus complexe que je ne l’aurais pu faire dans un reportage. »
Considéré comme un des films préférés du public de la 42ème édition du festival Sundance, « Chez moi, My Home » a dressé les portraits touchants des plus jeunes membres de la famille Enache, en insistant sur les défis que ces enfants doivent relever dans un monde où « les iPads sont une source quotidienne de divertissement pour la plupart des gamins » selon la publication Soundvenue. Radu Ciorniciuc affirme : « Chez moi, My Home » raconte le drame d’une famille, son histoire pendant quatre ans. Mes tournages, je les ai faits deux années durant dans le Delta de Văcăreşti et deux autres pendant le processus d’insertion urbaine des Enache. Le scénario, je l’ai écrit en collaboration avec Lina Vdovîi, et le tournage, je l’ai fait avec Mircea Topoleanu. Aucun de nous n’avait d’expérience cinématographique, mais on a réussi à travailler ensemble et puis, à partir d’un certain moment, un producteur expérimenté nous a rejoints pour terminer le film. Mais puisqu’à la base, on est journaliste, on a su communiquer avec le public et notre projet a gagné en visibilité. Et puis, on s’est proposé de développer le projet social que notre film a lancé afin d’offrir une transition moins traumatisante aux enfants Enache et à leurs parents. Ce fut grâce au soutien collectif qu’on est arrivé à mettre en place le projet multimédia « Chez moi ». Il s’agit d’un album réalisé par les enfants pendant leur première année de transition, entre leur départ du Delta de Văcăreşti et la fin de leur première année scolaire. Car avant, ils n’allaient pas à l’école. »
Parallèlement au tournage, l’équipe a mis en place un projet social censé aider les 11 membres de la famille Enache à s’intégrer dans la société. N’oublions pas que cette famille n’avait aucun document qui lui permette l’accès à l’éducation ou à la Sécu. A l’heure où l’on parle, les neuf enfants Enache vont à l’école et leurs parents travaillent. Radu Ciorniciuc : « Ce sont plusieurs aspects contradictoires qui m’ont déterminé à faire ce film. Bien sûr que j’avais remarqué la précarité de cette famille, mais ce fut le sentiment d’appartenance qui m’a le plus touché, la façon dont ses membres savaient prendre soin les uns des autres. Un aspect extrêmement émouvant pour quelqu’un comme moi, complètement épuisé au bout de quelques années de travail à l’étranger. C’est ça ce qui m’a ému le plus, les relations au sein de cette famille, beaucoup plus importantes que leur niveau de vie. Cet aspect, il n’était pas forcément nouveau, mais je ne m’en souvenais plus. Moi, j’ai quitté la maison familiale très tôt et, donc, j’avais oublié l’importance d’avoir des frères ou des parents qui prennent soin les uns des autres. Voilà pourquoi j’ai voulu faire plus qu’un simple reportage. Et d’une certaine manière, ce film m’a poussé à redouter moins l’amour et la vulnérabilité ». (Trad. Ioana Stăncescu)