Le journal de la famille -escu
« Le journal de la famille-escu », le plus récent documentaire signé Şerban Georgescu, raconte en fait l’histoire des millions de Roumains vivant en Roumanie et qui forment une véritable famille avec ses bons et ses mauvais côtés. C’est un voyage à travers le temps, pendant lequel la famille devient un véritable pont qui peut aussi bien nous réunir que nous séparer. Un coup d’œil sur cette grande famille des Roumains jeté par le réalisateur Şerban Georgescu, soutenu dans sa démarche par l’écrivaine Ioana Pârvulescu, la théoricienne et militante féministe Mihaela Miroiu, l’analyste et expert en politiques publiques Sorin Ioniță, l’écrivain et l’analyste Stelian Tanase, le publiciste et diplomate Theodor Paleologu et le sociologue Vintilă Mihăilescu. Elément à l’appui : les archives personnelles de dizaines de familles roumaines.
Corina Sabău, 11.07.2020, 12:08
« Le journal de la famille-escu », le plus récent documentaire signé Şerban Georgescu, raconte en fait l’histoire des millions de Roumains vivant en Roumanie et qui forment une véritable famille avec ses bons et ses mauvais côtés. C’est un voyage à travers le temps, pendant lequel la famille devient un véritable pont qui peut aussi bien nous réunir que nous séparer. Un coup d’œil sur cette grande famille des Roumains jeté par le réalisateur Şerban Georgescu, soutenu dans sa démarche par l’écrivaine Ioana Pârvulescu, la théoricienne et militante féministe Mihaela Miroiu, l’analyste et expert en politiques publiques Sorin Ioniță, l’écrivain et l’analyste Stelian Tanase, le publiciste et diplomate Theodor Paleologu et le sociologue Vintilă Mihăilescu. Elément à l’appui : les archives personnelles de dizaines de familles roumaines.
Présenté déjà dans la sélection officielle de plusieurs festivals nationaux du film, tels Le Festival international du film Transilvania (TIFF), le Festival du Film Européen, le Festival de film et d’histoire de Râsnov, ou encore ArkadiaShortfest, le documentaire « Le journal de la famille « – escu » » a connu un grand succès et a bénéficié de l’accueil enthousiaste des critiques. Il est considéré d’ailleurs comme « le meilleur produit culturel réalisé à l’occasion du Centenaire ».
Le réalisateur ŞerbanGeorgescu explique les origines de cette démarche : « Lorsque l’on m’a proposé de faire un film à l’occasion du Centenaire, j’ai beaucoup hésité. A mon avis, ça ne servait à rien de faire encore un film qui raconte l’histoire roumaine, d’un point de vue académique. Des films pareils – il y en a eu et il y en aura sans doute. Et ils sont les bienvenus. En cherchant une autre approche, j’ai trouvé intéressant de raconter l’histoire d’une famille. Je l’ai appelée de manière générique la famille « -escu ». Le film raconte donc l’histoire de cette famille à travers le dernier siècle de l’histoire roumaine. Et pour que ce soit encore plus facile pour moi, j’ai décidé de commencer par l’histoire de ma propre famille. Ainsi je ne pourrais pas être accusé d’avoir omis certains événements, alors que le regard subjectif m’a aidé à sillonner un siècle plein d’événements en une heure et demie, ce qui reste quand même difficile de faire si on ne veut pas oublier des éléments plus ou moins importants. »
A l’aide des histoires des arrière-grands-parents, des grands-parents, des tantes et des oncles, des cousins et des cousines, « Le journal de la famille – escu » passe des petites histoires individuelles aux grands événements de l’histoire que les Roumains ont vécus depuis l’Union des principautés roumaines en 1918.
Şerban Georgescu sur sa vision des Roumains en tant que famille : « D’abord, j’ai structuré le film par chapitres. J’ai parlé de la langue, des frontières, de la mode, en passant par la musique ou encore les métiers – c’est-à-dire par toutes les choses que cette famille générique a vécues. Je me suis concentré sur des aspects de la vie de tous les jours de cette nation. La musique, par exemple, elle nous unit. Ou encore, la nourriture ou le souvenir de la pénurie alimentaire sous les communistes, ou notre façon de nous rapporter au sport. Je me suis servi des histoires des membres de ma famille pour marquer tel ou tel événement, des choses qui sont arrivées à mon grand-père, à mon oncle, à ma tante, à mon cousin, je les ai placées par la suite dans le contexte général de la grande histoire nationale. »
Les échos favorables à ce film n’ont pas tardé. Par exemple, dans le journal Metropolis, Ionuţ Mareş écrit : « Dans le documentaire « Le journal de la famille – escu », le réalisateur Șerban Georgescu s’amuse à parler d’une voix légèrement ironique de ce que veut dire (encore) être Roumain, 100 après la formation de la Roumanie moderne, une période pendant laquelle le pays a connu plusieurs chocs et transformations. Dans le paysage sérieux et grave du film roumain de non fiction- avec ses séquences de longue observation et ce regard attentif porté sur des sujets plutôt douloureux, le réalisateur Șerban Georgescu propose une approche différente pendant laquelle, il parie sur l’ironie et l’humour légèrement amer. De cette manière, une histoire personnelle est regardée d’une façon générale.».
Le réalisateur Șerban Georgescu explique plus en détails les principales caractéristiques de son approche de l’histoire roumaine : « J’ai cherché à fournir des réponses à l’aide des personnalités qui apparaissent dans le film et de mes invités, dans une tentative de voir si cette grande famille a eu un destin commun, si les événements de ce dernier siècle nous ont unis ou séparés. Cette idée, de mettre au premier plan ma propre famille, a beaucoup plu au public. Du coup, ce fut plus facile pour les gens de s’identifier avec ce qu’ils regardaient. Nous avons tous des photos de notre enfance, avec nos grands-parents par exemple. Cette technique a aidé le public à mieux suivre l’histoire. En plus, j’y ai mis beaucoup d’humour, afin d’attirer les jeunes. Ce constat, je l’ai déjà fait à l’occasion de mes autres films : pour attirer le public jeune, il faut qu’il s’amuse à repenser à l’histoire qu’on lui a racontée. »
Le documentaire « Le journal de la famille -escu » de Serban Georgescu trace l’histoire de la Roumanie toute entière racontée par la voix d’une seule famille. (Trad. Valentina Beleavski)