Adriana Babeţi et Maria Manolescu
Lors de la deuxième édition du Gala des Prix « Sofia Nădejde » pour la littérature féminine, un projet Art No more, Adriana Babeţi et Maria Manolescu se sont vu attribuer le Prix spécial pour une littérature sans frontière et respectivement un Prix pour la dramaturgie, offert par la revue Scena.ro.
Corina Sabău, 14.12.2019, 13:03
Lors de la deuxième édition du Gala des Prix « Sofia Nădejde » pour la littérature féminine, un projet Art No more, Adriana Babeţi et Maria Manolescu se sont vu attribuer le Prix spécial pour une littérature sans frontière et respectivement un Prix pour la dramaturgie, offert par la revue Scena.ro.
Auteure de prose et essayiste, critique littéraire et professeure de littérature comparée à l’Université de l’Ouest de la ville de Timişoara, Adriana Babeți est une des plus importantes écrivaines contemporaines. « Ultimul sufleu la Paris. 69 de reţete culinare » (Le dernier soufflé à Paris. 69 recettes de cuisine) (Polirom, 2006), « Le Banat – un Eldorado aux confins » (coordonnatrice de l’ouvrage, Cultures d’Europe Centrale, CIRCE, Université de Paris-Sorbonne, 2007), « Prozac. 101 pastile pentru bucurie » (Prozac. 101 comprimés pour la joie) (Polirom, 2009) – ce sont quelques-uns de ses livres, récompensés d’importants prix littéraires roumains. Adriana Babeți a signé, avec Mircea Nedelciu et Mircea Mihăieş, le roman « Femeia în roşu » (La femme en rouge), elle a aussi publié chez Polirom, en 2014, « Amazoanele. O poveste » (Les amazones. Une histoire).
La critique littéraire Grațiela Benga, membre du jury des Prix littéraire « Sofia Nădejde » écrivait à propos d’Adriana Babeți: « En utilisant tout aussi habilement les armes de la séduction épique et celles de la recherche académique pleine d’érudition, Adriana Babeți est en même temps auteure de prose et essayiste brillante, ainsi que professeure qui a fasciné des générations d’étudiants avec sa sensibilité, sa ténacité et son humanisme. Cette année, le Prix spécial pour une littérature sans frontière va à Adriana Babeţi, car elle a trouvé la voie d’un heureux croisement discursif, dont la prose et l’essai sont sortis gagnants. »
Adriana Babeţi parle de ses livres qui mettent en lumière une littérature sans frontières : « Si je regarde un peu pour dresser un bilan, je dirai que j’ai écrit des livres sur le sud-est culturel, à travers une thèse sur Dimitrie Cantemir, un doctorat auquel j’ai travaillé vingt ans. Dans le même temps, j’ai découvert quelque chose qui était plus proche de ma biographie et de l’esprit du lieu où je suis née et où je vis, et donc je me suis intéressée à la culture et à la littérature de l’Europe centrale. Je peux vous dire que je ne connais pas de contraintes de frontières physiques, administratives, culturelles ou spirituelles. C’est vrai, dans mes livres, je me suis penchée aussi sur le sud-est, sur les Balkans, mais également sur l’Europe centrale, sur leur complémentarité fructueuse, sans les mettre en opposition. J’ai écrit un livre sur les hommes efféminés, sur les dandys. Et je me suis dit qu’il faudrait rendre justice aussi aux femmes énergiques, plutôt masculines, et je crois que ce livre, « Amazoanele. O poveste » (Les amazones. Une histoire) a beaucoup compté dans l’attribution du Prix « Sofia Nădejde ». C’est ce qui a fait de moi, du moins pour l’instant, l’expert roumain de service en la matière, tout comme les frontières de genre et de sexe. »
Maria Manolescu est diplômée du Master d’écriture dramatique de l’Université d’art théâtral et cinématographique de Bucarest, elle a participé à la Résidence de dramaturgie du Royal Court Theatre. Ses pièces les plus connues sont « With a Little Help from My Friends », « Sado-Maso Blues Bar » et « Ca pe tine însuți » (Comme toi-même). En octobre 2019, elle a publié aux éditions Polirom le roman « Vânători-culegători » (Des chasseurs-cueilleurs).
Cristina Modreanu, rédactrice en chef de la revue scena.ro, croit que: « Maria Manolescu est une des voix les plus pertinentes de la dramaturgie roumaine contemporaine. Ses textes dramatiques vont au-delà des histoires personnelles, en les incluant dans une autre, plus ample, souvent axée sur les conflits entre les générations qui continuent d’animer la société roumaine. »
Maria Manolescu se souvent de son début de dramaturge : «Pour moi, c’était un moment de bonheur, j’ai eu la chance de profiter d’une très bonne période du théâtre roumain contemporain. J’ai débuté en 2006, à l’époque de l’extraordinaire groupe de jeunes metteurs en scène roumains connu sous le nom de DramAcum – Gianina Cărbunariu, Radu Apostol, Andreea Vălean, Alexandru Berceanu şi Ana Mărgineanu. Ils ont fait un travail extraordinaire, du bénévolat, pour découvrir et promouvoir de nouvelles voix de la dramaturgie. De nombreux dramaturges se sont lancés grâce aux concours organisés par DramAcum, qui leur donnaient la chance d’être lus par des professionnels et, chose très importante, de voir leurs pièces mises en scène. Pour le public aussi, ce fut un moment faste, qui lui a permis de rencontrer des textes d’un type nouveau, plus courageux, plus en phase avec le quotidien. C’est grâce à ce contexte que mes pièces ont commencé à être montées dans des théâtres publics, With a Little Help from My Friends au Théâtre national de Iaşi, Sado-Maso Blues Bar, écrit en collaboration avec Gianina Cărbunariu lors d’une Résidence d’artistes DramAcum, au Théâtre Très Petit, de Bucarest. A la différence de l’époque de mon début, à présent, nous traversons une période moins favorable pour le théâtre indépendant, surtout à cause de la réduction des fonds de l’Administration du fonds culturel national AFCN. Des spectacles extraordinaires existent toujours, mais je pense qu’il nous faudrait lâcher un peu prise, ça ne nous ferait pas de mal !» (Trad. :Ileana Ţăroi)