Le Festival international de littérature de Timișoara
Lors de la 8e édition du Festival international de littérature de Timișoaran un débat entre le dissident anticommuniste polonais Adam Michnik et l’historien roumain Adrian Cioroianu a ouvert une série de rencontres avec de grands écrivains contemporains. Le président du Festival, l’écrivain Robert Șerban : « C’était une soirée extraordinaire ! La rencontre a duré trois heures, soit une heure de plus par rapport à ce que l’on avait prévu, mais le public est resté avec nous. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu autant d’effervescence à un événement et je ne le dis pas en ma qualité de directeur, mais en tant que journaliste. Adam Michnik a raconté plein de choses, il a parlé des rencontres avec Vladimir Poutine et avec l’ancien président de la Roumanie, Ion Iliescu. Il a aussi parlé de ses années en prison. Il ne faut pas oublier, comme l’a rappelé l’écrivain Mircea Mihăieș lors de cette rencontre, qu’Adam Michnik est un héros. C’est un homme qui a fait plus de six ans de prison sous le régime communiste, mais il n’a pas faibli, il a eu la force de protester et de lutter pour la liberté. C’est une personne qui a compté énormément pour le moment 89. Je le répète : ça a été une soirée formidable. »
Corina Sabău, 16.11.2019, 13:05
La deuxième soirée au Festival international de littérature de Timișoara a proposé un débat sur le roman Frankenstein : trois états de la littérature qui voit le jour au cimetière de l’histoire. Robert Șerban, le président du Festival : « Nous avons invité trois écrivains de trois espaces littéraires distincts. L’un est très connu et très aimé en Roumanie, l’auteur russe Evguéni Vodolazkine. Quatre de ses romans sont sortis en Roumanie, aux éditions Humanitas : « Les Quatre vies d’Arséni», « L’Aviateur », « Soloviev et Larionov » et « Brisbane ». Beaucoup de monde à Timișoara nous a suggéré de l’inviter au Festival car ils voulaient le rencontrer. Y a participé aussi José Luís Peixoto, du Portugal, un écrivain formidable, considéré comme le nouveau José Saramago. Ses livres sont traduits en roumain aux Editions Polirom. Et le représentant de la littérature roumaine à cette rencontre a été Lucian Dan Teodorovici. Il n’est pas non seulement un excellent prosateur et un des auteurs roumains les plus traduits à l’étranger, mais c’est aussi quelqu’un qui contribue énormément à la littérature roumaine, en tant que directeur du FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iași, et du Musée national de la littérature de Iași. J’étais présent à FILIT il y a un mois et cet événement est une vraie réussite. Les festivals comme FILIT arrivent à accomplir un exploit prodigieux : être l’intermédiaire entre ceux qui font la littérature et ceux qui la lisent. »
Le programme du Festival de littérature de Timișoara « A l’Ouest de l’Est « A l’Ouest de l’Est / A l’Est de l’Ouest » a compris des lectures publiques en première et des débats avec pour sujet de départ le thème de l’édition de cette année « La liberté. Entre histoire et littérature », choisie pour marquer les 30 ans écoulés depuis la révolution anticommuniste de 1989. Un autre moment à part a été cette soirée dédiée aux écrivains de Timișoara, Daniel Vighi, Viorel Marineasa et Petru Ilieșu, qui ont débattu de la liberté, de la liberté d’expression et du rôle de l’écrivain dans la cité, plus précisement à Timișoara, la première ville roumaine à s’être libérée du communisme. Le directeur de l’événement, l’écrivain Robert Șerban: « Les festivals de littérature ont un rôle très important en ce moment, surtout que la consommation de livres est très faible en Roumanie. Je ne me rends pas compte des effets à long terme, mais c’est déjà extraordinaire que l’on puisse écouter des écrivains dans la magnifique Salle baroque du Musée d’art de Timișoara. L’on peut participer aux débats, poser des questions, demander des dédicaces. C’est ce qu’il y a de plus beau pour quelqu’un qui aime la littérature. Même si les statistiques ne sont pas encourageantes, il faut être actif et défendre, en fin de compte, l’art auquel nous croyons. Et ce qui est encourageant, c’est justement de voir tous ces gens qui viennent à Timișoara pour rencontrer les écrivains, pour assister aux lectures publiques. Il y a eu des salles combles pour cette édition aussi, des personnes qui n’ont pas trouvé où s’asseoir et sont restées debout pour le seul amour de la littérature. J’avais participé à des rencontres avec des lycéens au Festival de littérature de Iași et ils m’avaient adressé des questions formidables. Je l’affirme du point de vue du journaliste qui sait ce qui implique de poser une question pertinente. Les interrogations de ces lycéens montraient leur curiosité profonde pour la littérature et l’écriture. Pour conclure, il faut vivre avec l’espoir que ce type d’événement fait s’élargir le public passionné de littérature et le fait continuer à croire au pouvoir des histoires. C’est de notre devoir, de ceux qui croyons en la littérature, de continuer à organiser ces rencontres. »
Le Festival de littérature de Timișoara est un projet initié en 2012 qui continue, à destination du grand public, la tradition des études de littérature comparé initiées par la Fondation « La troisième Europe ». (Trad. Elena Diaconu)