Un nouvel album signé FiRMA
Sorti fin 2018 à la Maison de disques Casa Radio, le tout dernier album du groupe FiRMA comporte neuf titres portant la signature du soliste, Daniel Rocca Stoicea, sur les vers de différents poètes roumains, classiques ou contemporains. Intitulé « Poèmes choisis », l’album propose une rencontre inédite entre le rock et la poésie, en sachant que cette dernière est aussi bien mise en musique que récitée par les poètes eux-mêmes, dont les voix restent conservées dans la Phonothèque d’or de la Radio roumaine.
Corina Sabău, 17.08.2019, 14:13
Sorti fin 2018 à la Maison de disques Casa Radio, le tout dernier album du groupe FiRMA comporte neuf titres portant la signature du soliste, Daniel Rocca Stoicea, sur les vers de différents poètes roumains, classiques ou contemporains. Intitulé « Poèmes choisis », l’album propose une rencontre inédite entre le rock et la poésie, en sachant que cette dernière est aussi bien mise en musique que récitée par les poètes eux-mêmes, dont les voix restent conservées dans la Phonothèque d’or de la Radio roumaine.
L’idée d’un tel album porte la signature du réalisateur Cristian Marica, selon qui « le groupe FiRMA s’impose par sa capacité d’expérimenter incessamment, jusqu’au moment où il trouve le meilleur de ses idées musicales. L’Album Poèmes choisis” comporte neuf séquences sonores qui reposent sur des paroles de poètes classiques et contemporains, dans une tentative d’encourager les musiciens et la musique roumaine à se tourner vers la poésie autochtone. » Cristian Marica:
« L’idée d’un tel disque, je l’ai eue il y a cinq ans, quand je me suis aperçu que les seuls à pouvoir mettre en avant la poésie roumaine grâce à la musique seraient des musiciens alternatifs aux vocations underground. Sauf que voilà, à l’époque, il y avait un courant musical poussant les artistes à ne chanter qu’en anglais. Du coup, mon idée fut souvent ironisée, puisque, disait-on, il était impossible de faire une telle musique en roumain. Or, le groupe FiRMA figure parmi les quelques groupes autochtones à même de faire une musique qui s’adapte parfaitement aux sonorités de la langue roumaine. J’en étais persuadé au moment où j’ai écouté plusieurs de leurs tubes. C’est comme cela que j’ai pris la décision de contacter ces musiciens et ensemble, on a démarré le projet en 2018. »
N’empêche; le groupe est connu surtout pour ses chansons en anglais, notamment pour leur « Baby Is Crying » inclus dans la playlist de la célèbre chaîne de musique VH1 Europe. D’ailleurs, FiRMA fut le premier groupe roumain invité, en 2007, à participer au Gala des prix MTV Music Awards de Munich et à être nominé aux prix « New Sounds of Europe ». En 2004, le groupe a été nominé dans la catégorie des meilleures performances musicales roumaines des prix MTV European Music Awards et une année plus tard, il fut inclus dans la section des meilleurs groupes rock des prix MTV Romanian Music Awards. Pourtant, malgré leur succès international, les membres ont préféré faire sortir leurs trois derniers albums en roumain, parce que, comme l’affirme le soliste, Daniel Rocca Stoicea : « J’aime le roumain. J’aime beaucoup le roumain et je pense que c’est une langue extrêmement généreuse. Et je pense qu’en roumain, les mots ont davantage de sens qu’en anglais, par exemple. Le roumain permet à ceux qui le parlent de bien exprimer leurs sentiments. Il est vrai que dans un premier temps, on a préféré chanter en anglais, puisqu’il y a dix ans, on souhaitait plutôt exporter notre musique. Il y a plein d’artistes qui veulent conquérir le marché musical international et du coup, il faut qu’ils chantent en anglais. En revanche, la langue maternelle permet de toucher plus facilement au public autochtone ».
Le 15 janvier, Journée de la Culture nationale en Roumanie, le groupe FiRMA a donné un concert au Centre culturel ARCUB Gabroveni, de la Marie de Bucarest. Le répertoire de l’événement a été composé de pièces incluses sur leur album le plus récent, « Poèmes choisis », sorti aux éditions « Casa Radio ». Plusieurs poétesses contemporaines ont été invitées à lire leurs poèmes qui avaient inspirés les musiciens de FiRMA. Parmi elles, les auteurs et journalistes culturelles Adela Greceanu et Elena Vlădăreanu ont parlé de l’importance attachée à cet heureux mélange de musique et de poésie. Adela Greceanu : « Moi, je crois que le groupe FiRMA a réussi, par cet album, à montrer aux gens qu’il existe dans notre pays des poètes actuels et d’autres, qui ont écrit leurs œuvres il y a plusieurs décennies, et qui sont tous des êtres merveilleux, qui méritent d’être découverts par le grand public. J’ai pu voir les réactions de gens qui ont écouté l’album « Poèmes choisis », j’ai lu des commentaires postés sur Youtube. Il y en avait qui exprimaient la joie d’avoir découvert un tel poète roumain. Le fait que, grâce à cet album musical, les gens découvrent et redécouvrent la poésie me semble quelque chose d’extraordinaire. »
Elena Vlădăreanu ajoute: « En ce qui me concerne, c’est pour la première fois que je monte sur la scène d’un concert de rock tout comme une rock star. Je suis très heureuse que de telles choses existent, même si l’on pouvait me dire que c’est parce que je suis subjective, de par mon implication dans la réalisation de ce projet. Mais, j’aurais été tout aussi enthousiaste, même sans y être impliquée, parce que de tels événements sont très rares en Roumanie. C’est d’ailleurs ce que je dis depuis au moins une quinzaine d’années, depuis mes débuts de journaliste et d’écrivaine. Les croisements artistiques que réalise actuellement le groupe FiRMA sont très rares, les différents domaines se croisent très rarement, les écrivains s’occupent de leur écriture, les musiciens de leur musique, les artistes visuels de leurs créations. C’est ce qui explique mon enthousiasme ; ce projet a réussi à mettre ensemble la musique rock, len groupe, FiRMA, qui est très aimé du public, et la poésie roumaine, classique et contemporaine. »
(Trad. : Ioana Stăncescu, Ileana Ţăroi)