Observator Lyceum, un projet du magazine « Observator Cultural »
Observator Lyceum est un projet lancé en 2016 par le magazine Observator Cultural, l’Observateur culturel – avec le soutien du Musée national de la littérature roumaine – sur le modèle du prestigieux prix français le Goncourt des Lycéens. Le but du projet est de créer une plateforme de communication entre les écrivains roumains contemporains et les jeunes lecteurs. Il est parti d’un désir de rapprocher les lycéens de la littérature roumaine et de leur cultiver la passion pour la lecture. Le projet a engagé, en 2018, les élèves de neuf lycées d’élite de Bucarest. Ils ont accordé le prix Observator Lyceum pour la prose, prix décerné dans le cadre du gala des prix Observator Cultural. Les élèves reçoivent les livres, les lisent et votent. En 2016 le gagnant a été Octavian Soviany, pour le roman « La mort de Siegfried », chez Cartea Românească. En 2017, Vlad Zografi a gagné avec son roman « Les effets secondaires de la vie », chez Humanitas. En 2018, Tatiana Țîbuleac a remporté le prix avec le roman « L’été où maman a eu les yeux verts », publié par la maison d’édition Cartier.
Corina Sabău, 19.01.2019, 13:50
Observator Lyceum est un projet lancé en 2016 par le magazine Observator Cultural, l’Observateur culturel – avec le soutien du Musée national de la littérature roumaine – sur le modèle du prestigieux prix français le Goncourt des Lycéens. Le but du projet est de créer une plateforme de communication entre les écrivains roumains contemporains et les jeunes lecteurs. Il est parti d’un désir de rapprocher les lycéens de la littérature roumaine et de leur cultiver la passion pour la lecture. Le projet a engagé, en 2018, les élèves de neuf lycées d’élite de Bucarest. Ils ont accordé le prix Observator Lyceum pour la prose, prix décerné dans le cadre du gala des prix Observator Cultural. Les élèves reçoivent les livres, les lisent et votent. En 2016 le gagnant a été Octavian Soviany, pour le roman « La mort de Siegfried », chez Cartea Românească. En 2017, Vlad Zografi a gagné avec son roman « Les effets secondaires de la vie », chez Humanitas. En 2018, Tatiana Țîbuleac a remporté le prix avec le roman « L’été où maman a eu les yeux verts », publié par la maison d’édition Cartier.
Carmen Muşat, l’initiatrice d’Observator Lyceum, considère que le projet est une chance tant pour les lycéens que pour les écrivains contemporains. Grâce au projet, les élèves découvrent la littérature actuelle. Ils développent aussi leur esprit critique, qui, malheureusement, ni le programme scolaire, inchangé depuis des années, ni les médias, qui accordent de moins en moins d’espace aux événements culturels, n’arrivent à stimuler. Carmen Muşat :« Les débats sont passionnants chaque année, j’aime beaucoup les suivre. Laissés réfléchir eux-mêmes sur les textes, les jeunes font preuve d’une créativité extraordinaire. Quand nous nous rencontrons et que nous discutons, leurs opinions sont toujours originales. Même quand ils choisissent le même texte, les arguments qu’ils apportent pour soutenir leur choix sont très différents. C’est fascinant de constater que ces lycéens sont ouverts d’esprit, qu’ils s’expriment correctement et de manière cohérente. Or, je crois que c’est ça le but de l’éducation : de former des personnes capables de comprendre et de s’exprimer à leur tour. En demandant aux élèves de seulement reproduire les dires des autres, il est impossible de les stimuler. Et on ne parle pas uniquement de littérature, mais de leur comportement en tant que citoyens. Il est impossible d’avoir des citoyens responsables sans leur accorder du crédit, sans leur faire comprendre que leur opinion compte. Malheureusement, le système d’enseignement roumain les oblige, la plupart du temps, à assimiler les idées des autres. Comment vouloir alors que ces jeunes aient une pensée critique ? »
Pour Dorica Boltaşu Nicolae, professeure au Collège national « Iulia Haşdeu » de Bucarest, Observator Lyceum n’est pas le premier projet en dehors de l’école auquel elle participe. Elle organise des débats et des ateliers pour ses élèves et leur recommande des auteurs actuels qui, à travers les sujets abordés, arrivent à leur susciter l’intérêt pour la littérature. Dorica Boltaşu Nicolae : « J’ai assisté au débat organisé avant la délibération finale et je peux vous dire que, pour moi autant que pour mes collègues des autres lycées participants, c’était une énorme surprise d’observer nos élèves. De les voir débattre, se contredire – car ils ont le courage de se contredire – chose qui arrive rarement en classe de roumain. C’est une surprise de voir leur manière de penser, de s’exprimer et de se rapporter aux valeurs et aux aspects de la vie qu’ils retrouvent dans les livres en lice. On a hâte à chaque fois d’y participer, c’est un excellent spectacle que de les voir. Observator Lyceum est une grande chance pour eux. »
Lorena Mihăilescu şi Ana Maria Ion, élèves au Collège national « Iulia Haşdeu », ont fait partie du jury Observator Lyceum dès sa première édition. Cela leur a offert l’opportunité de comprendre que chaque argument et chaque opinion comptent et que la littérature actuelle nous offre un lien avec le monde où nous vivons. Lorena Mihăilescu : « Je ne pense pas faire une erreur en affirmant que, lors de la première édition, en 2016, tout le monde semblait plus hésitant, plus timide. Nous avons néanmoins fini par avoir une conversation normale. Nous avons surpassé notre gêne, notre timidité pour soutenir nos livres préférés. J’ai été très impressionnée par les débats de la deuxième édition, très vifs et passionnés, où tout le monde a soutenu ardemment son point de vue. Pour cette troisième année d’Observator Lyceum, mon édition préférée jusqu’à présent, il y a eu beaucoup de participants, presque trente élèves en tout, quelques lycées ont même eu quatre représentants. Il y a eu beaucoup d’opinions et d’arguments, chacun a apporté son point de vue personnel. Ce qui est essentiel est que nous avons beaucoup appris en ces années, de la manière de nous exprimer jusqu’à celle de lire un texte. »Ana Maria Ion : « J’ai aimé davantage la dernière édition car j’ai beaucoup aimé les livres en lice. Un autre avantage a été que le projet a pris de l’ampleur. Il y a eu un débat très animé en 2018 grâce au nombre de participants. Le principal apport d’Observator Lyceum a été de nous aider à prendre conscience de nos différences, à comprendre qu’il est normal que chacun d’entre nous ait sa propre opinion sur un texte. Il est également important de renoncer à évaluer un texte de cette manière homogène qui nous est imposée au lycée. Malheureusement, en classe il existe encore une seule opinion concernant un texte littéraire, celle du manuel. » (Trad. Elena Diaconu)