Les derniers jours de l’Occident..
Qu’arrive-t-il à l’Occident ? Est-il entré dans la phase finale de son déclin ? La civilisation occidentale se meurt-elle ? L’Europe sera-t-elle islamisée, africanisée, occupée par des millions de migrants venus d’Afrique et d’Asie ? Est-on en train d’assister à la disparition de l’homme blanc ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles, en tant que journaliste de Radio France Internationale, Matei Vişniec est confronté quotidiennement.
Corina Sabău, 23.06.2018, 13:19
Qu’arrive-t-il à l’Occident ? Est-il entré dans la phase finale de son déclin ? La civilisation occidentale se meurt-elle ? L’Europe sera-t-elle islamisée, africanisée, occupée par des millions de migrants venus d’Afrique et d’Asie ? Est-on en train d’assister à la disparition de l’homme blanc ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles, en tant que journaliste de Radio France Internationale, Matei Vişniec est confronté quotidiennement.
Dans son livre « Les derniers jours de l’Occident », publié dans la collection Fiction Ltd. de la maison d’édition roumaine Polirom, Matei Vişniec aborde ces mêmes questions, mais cette fois-ci avec les instruments de l’écrivain, par des fables philosophiques, des histoires et des confessions. A l’occasion du lancement de son livre « Les derniers jours de l’Occident », l’écrivain et journaliste Matei Vişniec a eu plusieurs rencontres avec des lecteurs de Roumanie.
A Bucarest, la rencontre, accueillie par la librairie Humanitas Cişmigiu, a été modérée par le critique Ion Bogdan Lefter, qui a présenté le volume : « Matei Vişniec nous dit qu’il a ressenti le besoin d’écrire sur ces choses-là, mais sous forme de prose. C’est qu’il avait déjà publié aussi bien des essais que des articles sur ce thème, toujours aux Editions Polirom. Dans ce livre, il ne formule pas de verdicts et ne fait pas de prophéties noires. Il met devant nous des textes où se retrouvent des thèmes véhiculées aujourd’hui : les mélanges ethniques, linguistiques et culturels, la migration, le passé et le présent, l’échelle des valeurs, la raison et le rationalisme excessif. »
Etabli en France en 1987, Matei Vişniec y travaille comme journaliste à RFI. Lors de sa rencontre avec les lecteurs de Bucarest, il a raconté comment il réussissait à vivre entre deux cultures, deux activités, deux langues et comment un thème d’actualité peut être mué en fiction.
Matei Vişniec: « Je tâche parfois de sauver la première partie de la journée en écrivant de la fiction – d’habitude toujours sur l’actualité. Pourtant, ce qui m’a intéressé, ces dernières années, c’était une sorte de chasse aux paradoxes et surtout aux dilemmes dans les dépêches de l’AFP, dans les quotidiens que je lis, dans les médias, dans les commentaires que j’entends. C’est-à-dire, je détecte dans l’actualité des dilemmes et des paradoxes, pareillement à ceux qui détectent de l’or à l’aide d’instruments spéciaux. Ce qui m’intéresse, moi, le plus, ce ne sont pas les problèmes de la société car, tout comme en mathématiques, les problèmes ont leurs solutions. Ce qui m’intéresse, ce sont les dilemmes qui – comme nous l’avons appris des Grecs – n’ont pas de solutions. Ce sont ces dilemmes-là qui me préoccupent : les dilemmes sociaux, de l’être humain, psychologiques. Et je pense que c’est de cette façon que j’ai commencé à écrire ce livre : en créant cette collection de dilemmes que je détecte dans mon environnement. »
Partagé depuis une trentaine d’années entre la France et la Roumanie, Matei Vişniec affirme que le Bucarest de nos jours lui provoque une sorte de souffrance mêlée de joie : « Par rapport à toutes les capitales européennes que je connais – peut-être à l’exception de Belgrade – Bucarest me semble avancer lentement. Cela me fait beaucoup de plaisir de venir à Bucarest, parce qu’il y a tant d’énergie positive ici, tant de gens que j’aime bien, tant de créativité. J’ai ma petite théorie – plus ancienne – comme quoi si la Roumanie donne plus d’enfants talentueux par millier d’habitants par rapport à d’autres pays occidentaux, c’est parce qu’elle doit compenser le fait qu’elle compte plus d’hommes politiques corrompus par millier d’habitants. Ainsi, de manière organique, la terre roumaine s’efforce d’équilibrer les deux et fournit plus de talents, plus de créativité, pour compenser l’incompétence et le caractère toxique des politiciens. La Roumanie est donc pour moi – comme je le dis souvent – l’espace où je viens récupérer mes énergies et mes ressources et me nourrir. Elle est comme une rampe de lancement pour le dramaturge Matei Vişniec, car les festivals de théâtre de Roumanie sont très importants. Le Festival international de théâtre de Sibiu, par exemple, est tout à fait extraordinaire. En outre, toujours plus de metteurs en scène étrangers viennent en Roumanie, où ils peuvent avoir des rencontres essentielles. La Roumanie a réussi à créer ainsi des pèlerinages culturels importants. »
Les pièces de Matei Vişniec sont traduites et jouées dans une trentaine de pays. En tant qu’écrivain, il s’est vu décerner de nombreux prix, à commencer par le Prix de poésie que l’Union des écrivains de Roumanie lui a accordé en 1984, pour le volume « Le sage à l’heure du thé ». S’y sont ajoutés, entre autres, en 1998, le Prix de l’Académie roumaine et, en 2016, le Prix de l’UNITER (Union théâtrale de Roumanie) pour le dramaturge roumain contemporain le plus joué. En France, il a reçu a plusieurs reprises le Prix de la presse au Festival international de théâtre d’Avignon. En 2009, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) lui décernait le Prix européen ; en 2016, son roman « Le marchand de débuts de roman » a été récompensé du prix Jean Monnet de littérature européenne. (Trad. : Dominique)