La romancière Gabriela Adamesteanu primée par la publication Observatorul Cultural
Traduites en 15 langues et récompensées de nombreuses distinctions littéraires, ses oeuvres en prose et en vers ont fait de Gabriela Adamesteanu l’une des figures emblématiques de la littérature contemporaine. Nominée au prix Jean Monnet pour littérature européenne pour « La Monotonie de chaque jour », la romancière a figuré aussi sur la liste des nominés aux prix de l’Union latine pour son roman « Une matinée perdue », tandis que sa « Situation provisoire » a été consacrée best-seller lors du Salon du Livre de Paris, en 2013. Paru en 1975, le roman « Une matinée perdue » a poussé le chroniqueur Alan Brownjohn du Times Literary Supplement d’écrire : « il s’agit, d’une part, d’une étude merveilleusement étrange et originale des promesses oubliées et des rêves inassouvis, et de l’autre d’un regard audacieux, d’un modernisme tardif, posé sur la société tout entière. Un panorama extraordinaire sur la vie roumaine contemporaine ». Sorti en 2010, « Situation provisoire » est considéré par le critique Alex Goldis comme « le roman le plus spécifique de Gabriela Adamesteanu qui, pour une fois, s’est laissé totalement entraîner par la mise en équation de l’individuel et du politique. Avec ce roman, la romancière s’est définitivement tournée vers la littérature pour contribuer à l’épopée troublante de l’individu sous l’aile du temps », écrit M. Goldis.
Corina Sabău, 08.09.2018, 11:47
Traduites en 15 langues et récompensées de nombreuses distinctions littéraires, ses oeuvres en prose et en vers ont fait de Gabriela Adamesteanu l’une des figures emblématiques de la littérature contemporaine. Nominée au prix Jean Monnet pour littérature européenne pour « La Monotonie de chaque jour », la romancière a figuré aussi sur la liste des nominés aux prix de l’Union latine pour son roman « Une matinée perdue », tandis que sa « Situation provisoire » a été consacrée best-seller lors du Salon du Livre de Paris, en 2013. Paru en 1975, le roman « Une matinée perdue » a poussé le chroniqueur Alan Brownjohn du Times Literary Supplement d’écrire : « il s’agit, d’une part, d’une étude merveilleusement étrange et originale des promesses oubliées et des rêves inassouvis, et de l’autre d’un regard audacieux, d’un modernisme tardif, posé sur la société tout entière. Un panorama extraordinaire sur la vie roumaine contemporaine ». Sorti en 2010, « Situation provisoire » est considéré par le critique Alex Goldis comme « le roman le plus spécifique de Gabriela Adamesteanu qui, pour une fois, s’est laissé totalement entraîner par la mise en équation de l’individuel et du politique. Avec ce roman, la romancière s’est définitivement tournée vers la littérature pour contribuer à l’épopée troublante de l’individu sous l’aile du temps », écrit M. Goldis.
Les recueils « L’Obsession de la politique » (1995) et « Les deux Roumanies » (2000) renvoient à la carrière journalistique que Gabriela Adamesteanu a menée 13 années durant, à la tête de la Revue 22, et 7 ans, à la tête de la publication « Bucarest culturel ». Une activité pour laquelle Mme Adamesteanu s’est vu distinguer, en 2002, du Prix Hellman-Hammett remis par l’ONG Human Rights Watch.
Vice-présidente entre 2000 et 2004 du Centre PEN de Roumanie avant d’en devenir la présidente et présidente d’honneur de la première édition des Prix Goncourt en Roumanie, Gabriela Adamesteanu s’est vu remettre de la part de la France le titre de Chevalier des Arts et des Lettres. Carmen Musat, rédactrice en chef de la publication Observatorul cultural, disait à propos de Gabriela Adamesteanu: « c‘est une romancière d’une force extraordinaire dont la carrière a commencé bien avant 1989 et qui pourtant n’a pris aucune ride depuis. Sa prose, toujours d’actualité, se concentre sur Monsieur tout le monde, surpris dans des situations de vie ordinaires. C’est une écriture que la romancière construit en posant un regard attentif sur le quotidien et en étant à l’écoute des moindres nuances de l’existence humaine. C’est une plume qui se sent à l’aise aussi bien dans l’univers plutôt étroit des petits récits qu’au sein des romans de longue haleine. C’est une romancière qui s’enorgueillit d’avoir écrit des romans comme Une matinée perdue, La Monotonie de chaque jour, Eté-printemps, Situation provisoire, mais aussi des essais à grande enjambées ou encore des interviews d’une grande diversité avec des interlocuteurs issus de différents milieux. On se retrouve devant un auteur qui a construit non seulement une oeuvre littéraire, mais aussi une revue qui a perdu de sa gloire au moment où Mme Adamesteanu est partie. »
ors de la remise du prix pour l’ensemble de son oeuvre, Gabriela Adamesteanu a évoqué une rencontre qu’elle avait faite, en 2005, avec le feu écrivain Gheorghe Craciun. C’était à l’époque où elle avait participé, aux côtés d’autres écrivains roumains au Festival Les Belles Etrangères de France lors duquel son oeuvre a commencé à être traduit en français. Dans son discours, Gabriela Adamesteanu est revenue sur ses débuts littéraires pour remercier tous ceux qui l’ont épaulée: « Je voudrais saluer la présence de Mircea Martin, l’un des critiques qui ont lu mon tout premier roman. Le premier livre est extrêmement important. Car il peut vous pousser en avant ou vous faire reculer. Et puis, il y a pas mal de personnes qui me reviennent à l’esprit, même si on ne s’est plus rencontré. Et je pense, par exemple, à Nora Iuga, à Paul Goma ou encore à mes éditeurs. Vous savez, à chaque fois que je voyage en Occident pour accompagner mes livres, on me demande: mais comment avez-vous fait pour publier vos romans à l’époque de Ceausescu? Je ne sais pas l’expliquer. En revanche, je sais que l’on a fait de la littérature même sous les communistes. Moi, à l’époque, je publiais aux plus grandes maisons d’édition de Bucarest: Cartea Romaneasca, dirigées par deux grands prosateurs que je tiens à mentionner: Marin Preda et George Bălăiţă. Et puis, je ne saurais oublier de mentionner le nom de mon éditeur, Silviu Lupescu, qui a encouragé toute une nouvelle vague de littérature roumaine parue après 2003. Je voudrais mentionner aussi le nom de Catalina Buzoianu qui a signé la mise en scène d’un spectacle inspiré d’un de mes romans. Un spectacle magique réalisé par une grande réalisatrice dans un pays où être femme et artiste n’est pas toujours facile. Et puis, je voudrais remercier aussi bien ma famille pour les normes horriblement intellectuelles qu’elle m’a imposées et qui m’ont beaucoup servi et que tous ceux qui m’ont encouragée à faire ce métier pas forcément recommandé aux femmes. Et pourtant, qu’est-ce que les romancières exceptionnelles sont nombreuses! »
En 2008, les Maisons d’édition Polirom ont initié la série d’auteur « Œuvres » de Gabriela Adamesteanu. (trad. Ioana Stancescu)