2018 – une nouvelle étape dans l’activité du Centre national de la Danse
Le Centre national de la Danse de Bucarest est la seule institution culturelle publique subordonnée au ministère de la Culture, ayant pour mission de soutenir, de développer et de promouvoir la danse contemporaine et les arts performatifs de Roumanie. Elle se prépare à emménager, l’année prochaine, dans un nouvel espace, plus adéquat pour son activité. Des préparatifs doublés par des projets sur mesure, dont nous parlons tout de suite.
Luana Pleşea, 03.02.2018, 15:00
Fin 2017, le Centre national de la Danse de Bucarest a organisé son habituel Gala, conçu pour célébrer, sans pourtant hiérarchiser, l’excellence. L’occasion aussi de rendre hommage à des personnalités qui ont construit le contexte chorégraphique roumain du 20e siècle. Et pour cause : « Les pionniers de la danse roumaine ont brisé les canons, ont émancipé la danse, ils ont vraiment eu du courage ! » a expliqué Vava Ştefănescu, manager du Centre. Ce gala consacré aux grands noms de la danse contemporaine roumaine annonçait en quelque sorte les activités de 2018 et 2019 du Centre national de la Danse de Bucarest, ajoute son manager, Vava Ştefănescu: Ce fut une option assez radicale, parce qu’une étape s’achève pour le Centre national de la Danse et une autre commence. En 2019 nous emménagerons dans un bâtiment spécialement consacré au Centre. Jusqu’ici nous avons fait un certain type de travail, un certain type de promotion et nous avons eu une certaine manière de rendre visible la danse contemporaine. Dorénavant il faudra avoir une nouvelle approche. A mon avis, un revirement institutionnel et un changement d’attitude institutionnelle s’imposent, à l’approche de ce grand moment qu’est le déménagement. Lorsqu’une étape s’achève, on a tendance à regarder en arrière, c’est involontaire. C’est grâce à ces gens que la danse contemporaine a un avenir. Nous avons tenu à rendre hommage à ces personnalités, car il ne faut pas les oublier. Bien au contraire, il faut prendre conscience de leurs réussites, de leur audace, de leur courage et de leur contribution, mais aussi et surtout du fait qu’ils ont outrepassé les limites et un certain état d’esprit qui était considéré comme traditionnel. Le pas suivant du Centre de la Danse est en quelque sorte dans l’esprit de ce que ces personnalités ont réussi à faire. Bref, on regarde en arrière pour voir en fait l’avenir.
Création de spectacles, hôte pour différentes initiatives, formation de spécialistes, recherche, médiation – autant de missions pour le Centre national de la Danse de Bucarest. Vava Ştefănescu explique en quoi consiste sa future stratégie: « On déménagera au centre-ville et je pense que les mois à venir seront marqués par des préparatifs continus pour pouvoir ouvrir nos portes au public en 2019, avec un message clair et une attitude très précise. Pour nous, cela est essentiel. Par conséquent, un premier axe de notre stratégie sera d’intensifier les idées, les dialogues et les présentations publiques. Nous avons beaucoup de projets en déroulement qui seront multipliés, prolongés. Nous souhaitons également impliquer autant que possible le public, non seulement à Bucarest mais aussi à travers le pays. Pour l’instant, nous n’avons pas d’antennes du Centre de la Danse dans les autres villes, parce que selon le ministère de la Justice, il faut qu’une telle décision passe par le Parlement, ce qui est très intéressant à mon avis. Mais nous allons ouvrir les « têtes de pont » dont nous avons besoin et dont le public a besoin aussi. On le sait très bien : la culture chorégraphique ne peut pas se limiter à la capitale.»
C’est dans l’esprit de cette nouvelle stratégie que des mini-saisons de danse seront organisées dans plusieurs villes de Roumanie, dont Craiova, Târgu-Mureş, Iaşi, Cluj et Timişoara.Avant de terminer, la chorégraphe Vava Ştefănescu nous a fait part de ses impressions sur la danse contemporaine roumaine: « Elle va beaucoup mieux qu’il y a 10 ans. Bien qu’elle ait réussi à s’aligner, elle n’arrive plus à avoir une voix distincte. Autrement dit, elle manque de discours propre, d’idées vraiment audacieuses. C’est bien que la danse contemporaine soit invitée partout, les productions sont bien plus nombreuses qu’il y a 4 ans. Des festivals ont vu le jour, les théâtres produisent de plus en plus de spectacles… C’est très bien ! Mais tout cela s’inscrit dans la même esthétique… traditionnelle, disons. Les idées audacieuses ou problématiques n’ont pas la même force et ont du mal à attirer l’attention du public. C’est pourquoi le Centre national de la danse fait des efforts pour représenter le mieux possible le public et les artistes. Par ailleurs, les artistes ont la mission d’être authentiques, de lutter pour affirmer leur voix personnelle. Je serais ravie de les voir assumer davantage le risque de ne pas être applaudis, de susciter des questions et des débats. Le Centre ne pourra jamais le faire à lui seul, alors que les artistes sont nombreux et le public est encore plus nombreux. Le slogan qui définit nos actions et nos efforts en 2018 est « Vous êtes le contexte » (You Are the Context). Vous êtes, vous faites, vous construisez le contexte. Il est très important que les gens – public et artistes – deviennent conscients de leur place et de leur rôle. Et ce n’est pas valable uniquement pour la danse. C’est valable aussi pour la politique, l’économie et la vie sociale. » (Trad. Valentina Dumitrescu)