Matei Visniec
Matei Vişniec, affirmait en ouverture du salon que la Roumanie était compétitive sur le plan culturel. Il saluait en même temps le choix de l’Union Européenne comme invité d’honneur de la Foire. « La Roumanie a une chance, c’est la culture » – affirmait le dramaturge Matei Vişniec lors du débat «L’Europe du théâtre et des écrivains – la circulation des valeurs artistiques comme fondements de l’Europe », déroulé au stand « Chez nous, en Europe ».
Corina Sabău, 30.12.2017, 13:45
Matei Vişniec, affirmait en ouverture du salon que la Roumanie était compétitive sur le plan culturel. Il saluait en même temps le choix de l’Union Européenne comme invité d’honneur de la Foire. « La Roumanie a une chance, c’est la culture » – affirmait le dramaturge Matei Vişniec lors du débat «L’Europe du théâtre et des écrivains – la circulation des valeurs artistiques comme fondements de l’Europe », déroulé au stand « Chez nous, en Europe ».
Matei Vişniec s’est fait remarquer dans les années ’80 comme poète, ensuite comme dramaturge. Ses pièces de théâtre, très appréciées dans les milieux littéraires, ont été interdites sur les scènes roumaines. En 1987, il quitte la Roumanie pour s’établir en France, où il travaille comme journaliste à Radio France Internationale. Ses pièces de théâtre en français sont publiées par des maisons d’éditions telles Actes Sud – Papiers, L’Harmattan, Lansman, Crater ou encore L’Espace d’un instant, et son nom figure l’affiche des théâtres de plus de 30 pays. Depuis une dizaine d’années, Matei Vişniec s’est également affirmé comme romancier. «La femme comme un champ de bataille» (paru en 2006), « Syndrome de panique dans la Ville lumière » (publié en 2009), « Monsieur K Libéré », « Le Cabaret des mots (2012), « Le marchand des premières phrases » (publié en 2013 et qui a reçu plusieurs prix en Roumanie) et j’en passe.
Lors de la Foire Internationale du livre Gaudeamus, le critique Ion Bogdan Lefter a parlé de la complexité artistique de l’écrivain : « Il est tout d’abord poète, d’une facture très personnelle, qu’il développe ensuite dans sa dramaturgie. Prosateur, également, un prosateur très important. Un écrivain qui, par son effort de nous proposer un nouveau roman tous les deux ou trois ans, s’est gagné un nouveau public. C’est que les amateurs de théâtre sont en général plus nombreux que les amateurs de poésie et les amateurs de roman sont les plus nombreux. Aussi, les éditions Polirom ont-elles publié tous les volumes de prose de Matei Vişniec dans sa collection à grand tirage « Top 10+ ». La prose de Matei Vişniec porte le même sceau que sa poésie et sa dramaturgie des années ’80. »
Voici, tout de suite, le plaidoyer de Matei Vişniec en faveur du roman, enregistré au stand des éditions Polirom : « Si j’écris des romans, c’est entre autres parce que les genres littéraires sont pour moi comme des enfants, je les aime tous : la poésie, l’essai, le roman, le théâtre. La poésie m’a fait grandir, le théâtre m’a formé, le roman m’a diversifié. Pourtant, à un moment donné, j’ai écrit des romans aussi parce que j’étais frustré du fait que, pour arriver au public, mes pièces de théâtre ont besoin d’intermédiaires. Elles ont besoin d’un directeur de théâtre, d’un metteur en scène, de comédiens, de scénographes. Et tous ces intermédiaires ont commencé à m’inquiéter, je n’agréais pas le fait d’être toujours dépendant d’eux. J’aimais écrire, mais sans avoir toujours besoin d’intermédiaires. J’ai donc écrit des romans aussi parce que je souhaitais créer un lien direct avec mes lecteurs ».
Et voici également son plaidoyer pour la lecture. Matei Vişniec : « Je peux vous dire que si vous prenez un livre dans vos mains, si vous lisez de la poésie, du théâtre, un roman, de la littérature de qualité, vous ouvrez des fenêtres dans vos âmes, vous devenez vous-mêmes des fenêtres ouvertes sur l’humanité, sur l’imagination, sur la liberté. Je pense que dans un pays, la liberté peut être mesurée, il y a certainement un tel instrument de mesure. Et je pense aussi que le degré de civilisation d’un pays peut être mesuré par la capacité d’aimer la littérature, l’art, le théâtre. Autant de littérature, autant de liberté. Si nous n’apprenons pas à nos enfants à ouvrir un livre et à venir au contact de la littérature, à se raconter des contes de fées, on risque de faire d’eux des mutants. Ici, à la Foire Gaudeamus, je vois beaucoup d’enfants et de professeurs qui y ont emmené leurs élèves. C’est une foire du livre, mais aussi de l’éducation et c’est en même temps un lieu où l’on doit se proposer ce thème de réflexion: comment éduquer nos enfants pour ne pas faire d’eux des gens qui pensent en consommateurs. Et il est tellement important de rester des citoyens dotés d’esprit critique et non pas des consommateurs dans la société de consommation dont nous avons rêvé, mais je ne suis pas sûr qu’elle aille dans la meilleure direction ».
De nombreux prix ont récompensé l’activité de l’écrivain d’expression roumaine et française Matei Vişniec. En Roumanie il s’est vu décerner le Prix de l’Union des Ecrivains, le Prix de l’Académie roumaine, ainsi que le prix de l’auteur roumain le plus joué accordé par l’Union Théâtrale (UNITER). En France, il a obtenu à plusieurs reprises le Prix de la presse au Festival international de théâtre d’Avignon, ainsi que le prix Européen accordé par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (en 2009) et le Prix Jean-Monnet de littérature européenne (en 2016). (Trad. : Dominique)