Nouveautés de la Maison d’édition de la Radio
Plus anciens ou plus récents, les enregistrements proviennent de la Phonothèque de la Radio. Mentionnons, pour commencer, l’album « George Enescu – compositeur » – un double CD réunissant 4 créations du grand musicien : le poème « Isis » et les 3e, 4e et 5e symphonies. Les enregistrements ont été réalisés entre 1994 et 1998 par des musiciens exceptionnels : les chefs d’orchestre Horia Andreescu, Camil Marinescu et Corneliu Dumbrăveanu, le ténor Florin Diaconescu, l’Orchestre et le Chœur académique de la Radio.
Corina Sabău, 02.12.2017, 17:03
Plus anciens ou plus récents, les enregistrements proviennent de la Phonothèque de la Radio. Mentionnons, pour commencer, l’album « George Enescu – compositeur » – un double CD réunissant 4 créations du grand musicien : le poème « Isis » et les 3e, 4e et 5e symphonies. Les enregistrements ont été réalisés entre 1994 et 1998 par des musiciens exceptionnels : les chefs d’orchestre Horia Andreescu, Camil Marinescu et Corneliu Dumbrăveanu, le ténor Florin Diaconescu, l’Orchestre et le Chœur académique de la Radio.
Le lancement du « Bréviaire Enescu» a été un véritable événement. Il s’agit d’un album contenant 4 CDs accompagnés d’un livre signé par le musicologue Pascal Bentoiu, qui fait une exégèse de l’œuvre du grand compositeur, dans un langage accessible et attrayant. Les commentaires et les souvenirs évoqués par ce fin connaisseur de l’œuvre musicale de George Enescu ont été enregistrés en 2005, pour marquer le 50e anniversaire de la disparition du compositeur. Tiberiu Comandaşu, rédacteur musical aux Editions « Casa Radio » : « Il s’agit d’une série émissions diffusées par la chaîne « Roumanie Musique » de la Radio publique, dont le but était d’offrir une image de l’évolution du compositeur George Enescu et de l’ensemble de son œuvre. Les commentaires sont d’autant plus intéressants qu’ils exposent des éléments et des arguments très précis du point de vue musical dans un langage accessible à tout mélomane qui n’a pas de connaissances spécialisées. Cette offre n’est pas destinée exclusivement au public roumain, mais aussi aux anglophones. Ceux qui achèteront cet album auront la joie de découvrir non seulement une excellente exégèse, mais aussi la voix et les souvenirs de Pascal Bentoiu, ses impressions personnelles, car il a eu la chance d’assister à plusieurs concerts dirigés par Enescu à l’Athénée roumain.
C’est d’ailleurs le musicologue Pascal Bentoiu qui a réalisé l’orchestration des partitions de la 4e et de la 5e symphonie, restées inachevées. Ces œuvres ont été présentées au public lors de l’édition 1998 du Festival international de musique « George Enescu ». Pascal Bentoiu a également reconstitué, d’après les esquisses de George Enescu, le poème « Isis », figurant sur cet album, dont Tiberiu Comandaşu évoque quelques autres qualités : « La présentation est agréable et accessible, les textes, concis, fournissent aux mélomanes quelques principes musicaux fondamentaux. Ce volume comporte également des éléments contextuels. Pascal Bentoiu parle des spectacles avec l’opéra « Œdipe » présentés lors de l’édition 1958 du Festival « George Enescu ». Début octobre 1958, après plusieurs spectacles qui ont joui d’un immense succès lors du festival, a eu lieu la première officielle de l’opéra « Œdipe », en présence du Comité central du Parti communiste, avec, à sa tête, ce sinistre personnage qu’a été Gheorghe Gheorghiu-Dej. Je me rappelle – raconte Pascal Bentoiu – que nous, pauvres musiciens, compositeurs, critiques et autres créatures bizarres, nous avions été relégués au dernier balcon de la salle de l’Opéra, les autres niveaux étant occupés par les représentants du parti et par les membres de la Securitate, la police politique du régime communiste. L’ambiance – de fête pendant les représentations précédentes, lorsque des invités du festival y avaient assisté, dont Yehudi Menuhin, David Oïstrakh, Nadia Boulanger – était brusquement devenue glaciale. Les « camarades » ne comprenaient pas trop de quoi il s’agissait et nos applaudissements venant du deuxième balcon n’avaient aucune consistance. Bref, ils n’ont pas aimé le spectacle, qui les a même dérangés, fâchés. Ce qui les a le plus fâchés, ce furent les allusions aux dieux du 4e acte, alors que l’omniprésence des dieux dans les autres actes ne les avait pas impressionnés. Ce qui les a fâchés, ce fut l’idée de la réconciliation finale, l’idée de la faute effacée, du pardon, de la prolifération du bien parmi les hommes. Aussi le spectacle fut-il interdit. Des criminels sans scrupules interdisaient ce chef-d’œuvre de la musique roumaine. L’interdiction allait durer 3 ou 4 années encore, jusqu’à ce que des modifications soient apportées au livret, grâce auxquelles, suite aux insistances courageuses du musicien Mihai Brediceanu, le spectacle a pu être repris. Pourtant, l’opéra était mutilé, banalisé et rendu trivial par les changements ridicules opérés dans le livret. Voilà un exemple de description de l’ambiance des premiers spectacles avec « Œdipe » en Roumanie. »
La création de George Enescu est également présente sur un autre album lancé récemment par la même Maison d’édition de la Radio : « Marin Cazacu – Dvorak, Enescu ». Y figure la Symphonie concertante pour violoncelle et orchestre, création qui nous fait découvrir le côté romantique de George Enescu, si bien mis en valeur par l’interprétation inspirée du violoncelliste réputé Marin Cazacu. (Trad. : Dominique)