Le festival de théâtre Eurothalia
Voici ce que déclarait la sélectionneuse Andreea Andrei à propos de cet événement organisé depuis sept ans déjà par le Théâtre allemand de la ville: «Le festival réunit des spectacles qui ne sont pas forcément des spectacles de théâtre, mais des manifestations artistiques en tout genre censées pousser le public à se poser la question: le théâtre a-t-il des limites, ne serait-ce qu’esthétiquement parlant? Et si la réponse est oui, alors qu’est-ce qu’on devrait faire pour les dépasser ou du moins les repousser? Le thème de cette année s’inspire du fait que de nos jours, l’humanité dresse de plus en plus de barrières, de murs, voir de remparts qui la place dans un milieu plutôt conservateur où les différences ne sont pas acceptées. Or, je pense que le théâtre devrait s’offrir pour mission de déterminer le public à se remettre en question afin d’échapper à toutes ces barrières mentales. C’est là le sujet phare de l’actuelle édition. Une semaine durant, on a discuté des limites sous toutes les formes: physiques, donc imposées par le corps, des frontières, des barrières de communication, de celles entre le public et les comédiens, des limites de l’éthique et de la moralité sur scène».
Luana Pleşea, 11.11.2017, 15:35
Voici ce que déclarait la sélectionneuse Andreea Andrei à propos de cet événement organisé depuis sept ans déjà par le Théâtre allemand de la ville: «Le festival réunit des spectacles qui ne sont pas forcément des spectacles de théâtre, mais des manifestations artistiques en tout genre censées pousser le public à se poser la question: le théâtre a-t-il des limites, ne serait-ce qu’esthétiquement parlant? Et si la réponse est oui, alors qu’est-ce qu’on devrait faire pour les dépasser ou du moins les repousser? Le thème de cette année s’inspire du fait que de nos jours, l’humanité dresse de plus en plus de barrières, de murs, voir de remparts qui la place dans un milieu plutôt conservateur où les différences ne sont pas acceptées. Or, je pense que le théâtre devrait s’offrir pour mission de déterminer le public à se remettre en question afin d’échapper à toutes ces barrières mentales. C’est là le sujet phare de l’actuelle édition. Une semaine durant, on a discuté des limites sous toutes les formes: physiques, donc imposées par le corps, des frontières, des barrières de communication, de celles entre le public et les comédiens, des limites de l’éthique et de la moralité sur scène».
Grâce aux productions sélectionnées, le Théâtre national allemand de Timisoara a fait de cette septième édition du Festival Eurothalia un véritable régal artistique. Choisi pour clôturer cette récente édition, le chorégraphe flamand Wim Vandekeybus a présenté, à la tête de sa compagnie, « Ultima Vez », son spectacle intitulé Malgré le désir et la volonté. Créé en 1999, la pièce marque un tournant dans la carrière de Vandekeybus qui a décidé de la reprendre en 2016 pour la réinventer, avec cette fois-ci, une distribution exclusivement masculine. Le spectacle a cartonné partout dans le monde, y compris à Timisoara. Quant aux limites telles qu’imaginées par le chorégraphe flamand, elles ont un côté aussi bien négatif que positif « Pour moi, l’homme n’est qu’un animal aux ambitions importantes et qui a besoin de tout expliquer. C’est la raison qui justifie le théâtre. Le théâtre vole à la vie. Même nous, les artistes, une fois sur scène, on n’est que des voleurs et des volés. Quelqu’un parle et d’autres l’imitent, tout en s’attribuant les paroles. Il n’y a pas d’originalité dans l’art. Après, il y a le show que j’ai imaginé et il y a, bien sûr, les nouvelles de Julio Cortazar. Celui-ci imagine l’histoire d’un marchand qui vend aux hommes les derniers mots à dire avant de rendre l’âme. Il les vend justement pour que les autres sachent ce qu’ils doivent dire à la fin. Il vend des orgasmes, des insultes, des choses très intimes. Or, je pense que cette idée est dans l’esprit de notre monde. Un monde où les individus ont l’habitude de pouvoir acheter tout ce dont ils ont besoin. Même de l’amour ou de la vie!»
A l’affiche de cette septième édition du Festival de Théâtre européen Eurothalia a figuré aussi la série d’événements Eurothalia Xtension, organisée avec le concours de l’Association Timisoara, capitale culturelle européenne 2021. Son directeur artistique, Chris Torch, remémore les débuts de ce projet : «Au début de nos préparatifs pour le projet Timisoara 2021, on a identifié une partie de notre programme qu’on a nommée Xtension et qu’on a proposée par la suite aux différentes organisations et institutions. Avec Eurothalia, ça a collé dès le début. C’est un festival magnifique auquel on est arrivé à apporter un petit plus par la présence, en première sur la scène de Timisoara, de la troupe Odin Teatret. On l’a choisie d’abord pour la faire connaître au public du festival, mais aussi pour qu’elle nous fasse part de son expérience de travail au projet « Holstebro Fest Week démarré vingt cinq auparavant. C’est un événement par lequel Odin se propose, une semaine durant, de théâtraliser toute la communauté locale- la police, les soldats, les scoots, les immigrants, bref tout le monde est impliqué. L’événement est patronné par Odin Teatret qui dirige toutes les activités artistiques».
Fondé à Oslo, en Norvège, en 1964, sous la direction du metteur en scène Eugenio Barba, l’Odin Teatret a déménagé à Holstebro, au Danemark en 1966 où il a lancé le festival devenu par la suite un modèle d’engagement communautaire de la part des artistes.« Eurothalia jouit d’un public extrêmement ouvert et désireux d’assister à des spectacles qui le provoquent et le surprennent », allait affirmer la sélectionneuse du festival, Andreea Andrei.Son: «
La salle a applaudi à tout rompre après chaque spectacle ou presque, ce qui prouve qu’on a un public patient et curieux, prêt à s’ouvrir à des sujets actuels à fort impact social. J’ai été agréablement surprise de constater que le public a voulu tout voir, quoique le Festival aborde justement pas mal de genres différents. C’est là un aspect qui vient contredire nombre de directeurs de théâtre ou de festival, selon lesquels les spectateurs roumains sont plutôt conservateurs».