Les étudiants de Sibiu conquièrent la ville
Près de 25 années auparavant, le comédien Constantin Chiriac imaginait à Sibiu un festival international de théâtre qui, quelques années plus tard, allait devenir un incontournable de la vie théâtrale européenne. Une initiative mise en place à l’aide d’un nombre impressionnant des jeunes bénévoles. En 2007, la même ville de Sibiu était sacrée, une année durant, Capitale européenne de la culture. Une occasion mise à profit par Constantin Chiriac, manager du Théâtre national Radu Stanca de Sibiu, pour lancer le projet «Les jeunes s’emparent de la ville!» Ce fut là un premier pas vers la création d’un cadre propice censé permettre aux étudiants en théâtre et management culturel de Sibiu d’organiser, en 2010, une micro-saison théâtrale avant de la transformer, sept années plus tard, en un véritable festival. Intitulé DATFest, le Festival du département d’art théâtral de l’Université Lucian Blaga de Sibiu a eu sa première édition du 2 au 5 octobre sous le titre «Les étudiants de Sibiu conquièrent la ville».
Luana Pleşea, 21.10.2017, 13:10
Luminita Bîrsan, maître de conférence des universités et manager du projet: «Le projet se propose d’offrir aux étudiants l’occasion de sortir de leurs salles de classe pour se produire dans différents espaces consacrés. Et je pense aussi bien à des endroits tels le Studio de théâtre Cavas ou le Studio Virgil Flonda qu’à la scène du Théâtre national Radu Stanca ou à celle du Centre culturel des syndicats ou du Théâtre Gong pour la jeunesse. C’est un festival censé offrir à tous ces jeunes l’opportunité de jouer avec de grands artistes et de se préparer pour le jour où ils rejoindront la confrérie des professionnels. Organisé par les étudiants en Théâtre, en Histoire du théâtre et en Management culturel, le festival s’est donné pour tâche de rechercher, quatre jours durant, le meilleur comédien, la meilleure comédienne et le meilleur spectacle de la saison théâtrale 2016-2017».
Quelles ont été les pièces de théâtre en lice pour le grand prix? Luminita Bîrsan: «Il convient de mentionner le fait que le département d’art théâtral permet aux étudiants en année terminale de travailler avec des jeunes metteurs en scène. Au fil du temps, plusieurs créateurs roumains et étrangers sont venus à Sibiu pour faire des ateliers et monter leurs productions. C’est le cas, par exemple, de Bogdan Georgescu qui a signé la trilogie «Antisocial», «#minor» et «Mal/praxis», d’Eugen Jebeleanu qui a fait le spectacle «Les familles», de Cosmin Chivu qui a réalisé la comédie musicale «Rocky Horror Show» ou encore d’Eugen Gyemant, invité à monter avec les étudiants en troisième année la pièce «Avions en papier». Tous ces titres se sont disputé, cette année, le grand prix ».
Le théâtre, en tant qu’art, occupe depuis des années déjà une place privilégiée dans la vie culturelle de Sibiu. Il suffit de penser au festival international qui s’y déroule, mais aussi aux études de théâtre que l’on peut y faire pour avoir la dimension du rôle que la dramaturgie joue dans cette partie de la Roumanie. S’y ajoutent les liens étroits entre les comédiens consacrés et les étudiants dont pas mal se voient offrir de temps en temps l’occasion de monter sur les planches du Théâtre Radu Stanca pour jouer aux côtés des acteurs professionnels. D’ailleurs, ceux-ci représentent la majorité du public du festival DATfest.
Le comédien Alexandru Ion, co-fondateur du Festival de théâtre pour la jeunesse Ideo Ideis d’Alexandria et membre du jury de DATfest explique l’enjeu de cet événement théâtral de Sibiu: « A mon avis, c’est un festival à double enjeu. D’une part, on a un événement qui peut créer une profonde cohésion au sein d’un groupe. Dans ce cas, il s’agit des étudiants de la faculté de théâtre que le festival met ensemble pour leur offrir l’occasion de fonctionner de manière unitaire. D’autre part, le festival représente une occasion pour le public de Sibiu, bien que moins nombreux que celui des grandes villes, de découvrir les étudiants et pourquoi pas, de suivre leur parcours artistique depuis la période estudiantine jusqu’au moment où ils monteront sur les planches du Théâtre national. C’est au profit aussi bien des étudiants qui se voient offrir la chance de jouer devant un vrai public que des spectateurs qui ont l’occasion de les voir sur scène».
Le prix du meilleur spectacle de cette troisième édition de DATfest a été attribué à la pièce de théâtre «Mal/praxis» de Bogdan Georgescu. La liste des lauréats de cette toute récente édition est complétée par deux noms: Simona Negrila et Radu Carp – deux étudiants en troisième année consacrés meilleure comédienne et respectivement comédien.
Simona Negrila: « Pour moi, ce fut une chance de dépasser mes propres limites, vu que le public se trouvait, pour une fois, juste devant nous. Cela a fait toute la différence. A force de jouer sur une scène, j’ai fini par avoir confiance en moi et à présent, je peux dire que j’adore mon futur métier. Ce fut notre premier spectacle. Ce n’est qu’un début. J’espère que ce festival prenne de l’ampleur et que le nombre de spectacles se multiplie. C’est une manifestation très importante puisqu’elle offre aux étudiants la possibilité de se produire sur une vraie scène, de se faire connaître et pourquoi pas, d’être primé.».
Passons le micro à son collègue, Radu Carp, prix du meilleur comédien de cette troisième édition de DATfest: «Le festival est très important surtout parce qu’il s’adresse aux étudiants. Or nous, on a grand besoin de telles manifestations à même de nous offrir la possibilité d’avoir un public, de travailler avec un vrai metteur en scène venu spécialement pour nous. C’est ce qui a compté le plus.».
Simona Negrila a été consacrée meilleure comédienne pour son rôle dans le spectacle «Avions en papier» d’Eugen Gyemant, tandis que Radu Carp a été primé aussi bien pour son rôle dans le même spectacle que pour celui dans la comédie musicale «Rocky Horror Show» de Cosmin Chivu. (Trad. Ioana Stancescu)