NottDependent – le théâtre indépendant à l’honneur
Cela fait quelques années déjà que la scène dramatique roumaine essaie de s’ouvrir presque en égale mesure aux spectacles produits par des compagnies indépendantes et à ceux des théâtres publics. Au bout du compte, l’important c’est le produit final! C’est avec cette idée en tête que le Théâtre bucarestois Nottara a décidé d’organiser, fin juin, son premier festival consacré au théâtre indépendant. Déroulé du 21 au 25 juin, le festival NottDependent s’est proposé d’encourager le dialogue entre le milieu théâtral public et privé, tout en offrant au public l’occasion de mieux connaître les productions des petites compagnies.
Luana Pleşea, 08.07.2017, 13:00
Cela fait quelques années déjà que la scène dramatique roumaine essaie de s’ouvrir presque en égale mesure aux spectacles produits par des compagnies indépendantes et à ceux des théâtres publics. Au bout du compte, l’important c’est le produit final! C’est avec cette idée en tête que le Théâtre bucarestois Nottara a décidé d’organiser, fin juin, son premier festival consacré au théâtre indépendant. Déroulé du 21 au 25 juin, le festival NottDependent s’est proposé d’encourager le dialogue entre le milieu théâtral public et privé, tout en offrant au public l’occasion de mieux connaître les productions des petites compagnies.
Une idée assez surprenante, selon Valentin Corneanu, sélectionneur du festival : «Dans un premier temps, la proposition du Théâtre Nottara a plutôt intrigué les directeurs des compagnies indépendantes. Puis, au fur et à mesure qu’ils ont compris le concept, ils ont accepté d’inscrire leurs productions à l’affiche du festival. Une fois expliqué le but de cet événement, tout c’est très bien passé. Car finalement, l’idée était d’offrir aux troupes indépendantes la chance de monter sur une scène consacrée. On a voulu détruire complètement le mythe selon lequel les compagnies de théâtre public doivent forcément rivaliser avec les indépendantes. Comme s’il s’agissait de deux adversaires qui se disputent à tout moment. Ce n’est pas vrai. On a donc espéré que le public fidèle au répertoire du Théâtre Nottara relèvera notre défi et sera nombreux en salle pour accueillir les productions indépendantes. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé. D’autre part, les compagnies sont venues elles aussi avec leur propre public. Pour nous, cette première édition du festival a été un pari gagné. »
L’idée d’un tel festival nous est venue après le succès du Programme Nocturnes qui, 13 ans durant, a donné la possibilité aux compagnies indépendantes et aux jeunes cinéastes de présenter leurs productions sur notre scène. Mais, à la différence de NottDependent, les Nocturnes accueillaient principalement des textes de la dramaturgie contemporaine, s’attaquant à une problématique actuelle et interprétés par de jeunes comédiens, a précisé Marinela Tepus, directrice du Théâtre Nottara.
Parmi les sélectionneurs du festival, on retrouve aussi le critique de théâtre, Cristina Rusiecki, selon laquelle l’enjeu d’un tel festival est très ambitieux: «Cela fait plus de dix ans que le théâtre indépendant s’avère une source inépuisable de nouveautés et de défis. Du coup, une rencontre entre les deux types de théâtre- public et privé- sera couronnée d’une forte énergie positive et créative. Ou du moins, c’est ce que l’on espère. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer cette démarche artistique. Quant aux compagnies privées, ce sont elles les premières à avoir eu l’initiative de travailler sur des textes contemporains. Car si la scène est un miroir vivant de notre société, qu’elle le soit du moins pour la société actuelle, non pas pour celle d’il y a 25 ans. C’est ce que fait le théâtre indépendant, qui arrive toujours à trouver des textes très actuels. C’est pour cela qu’il attire en salle un public plutôt jeune qui cherche à redéfinir ses rapports avec la société et à mieux comprendre les problèmes de vie.»
Cinq jours durant, la scène du Théâtre d’État Nottara de Bucarest a accueilli huit productions indépendantes de compagnies théâtrales privées basées dans la capitale roumaine. Un premier pas dans une direction qui, à partir de l’année prochaine, sera encore plus ambitieuse puisque l’événement s’ouvrira aux compagnies de tout le pays. Parmi les productions à l’affiche de cette première édition du festival NottDependent a figuré aussi la pièce «Cock» de Mike Bartlett, une histoire sur l’identité, l’individu et la famille. Produite en 2014 par Entheos et GrayPlay Performing Arts, la mise en scène porte la signature du jeune Horia Suru, un nom connu aussi bien dans les milieux dramatiques publics que privés.
Horia Suru: «J’avoue que l’idée d’organiser un tel festival m’a beaucoup surpris, car il s’agit, avant tout, d’un concept inédit. J’espère que cette première édition ait une suite et je suis impatient de voir si cet événement a la force de se transformer en une véritable plate-forme de débats. Je suis très curieux de voir la tournure que ce festival prendra. Je ne sais pas s’il sera prêt à soutenir des productions indépendantes dans leurs efforts de se trouver un producteur ou des locaux à Bucarest ou s’il se contentera plutôt d’emmener en salle la crème de la dramaturgie indépendante multi primée à des festivals, pour offrir au public la chance de s’ouvrir au théâtre indépendant.» (Trad. Ioana Stancescu)