Danse à Sibiu
La présence israélienne à Sibiu est très attendue par un large public.
Fondée en 1992 à Jérusalem, par Noa Wertheim et Adi Shaal, Vertigo Dance Company est une des compagnies de danse les plus connues dIsraël. Présente déjà à 5 éditions du Festival international de théâtre de Sibiu, elle compte parmi les favorites du public. A lédition actuelle, la 24e, elle a présenté à Sibiu deux spectacles : le premier, « Vertigo 20 », une production anniversaire, récompensée dun prix dexcellence accordé par le ministère israélien de la Culture et du Sport. Le second spectacle, « Yama », est plus récent. La chorégraphie des deux spectacles est signée par Noa Wertheim.
Luana Pleşea, 05.08.2017, 13:25
La présence israélienne à Sibiu est très attendue par un large public.
Fondée en 1992 à Jérusalem, par Noa Wertheim et Adi Shaal, Vertigo Dance Company est une des compagnies de danse les plus connues dIsraël. Présente déjà à 5 éditions du Festival international de théâtre de Sibiu, elle compte parmi les favorites du public. A lédition actuelle, la 24e, elle a présenté à Sibiu deux spectacles : le premier, « Vertigo 20 », une production anniversaire, récompensée dun prix dexcellence accordé par le ministère israélien de la Culture et du Sport. Le second spectacle, « Yama », est plus récent. La chorégraphie des deux spectacles est signée par Noa Wertheim.
Noa Wertheim explique: « Jai imaginé ce spectacle comme une célébration, pourtant il mest difficile de créer uniquement pour le divertissement ou la fête. Je ne suis pas ce genre dartiste. Je souhaite toujours aller jusquà la quintessence de mon travail. Ce qui est intéressant, dans ce spectacle, cest le thème du choix, qui est, je pense, intrinsèque à ma création. Car je me demande toujours dans quelle mesure nous pouvons décider et ce que nous pouvons contrôler dans nos vies. Aussi, le choix sur ce que je dois faire et comment le faire est pour moi la grande question. Intégrer à mes spectacles les moments de fête de notre vie, le temps et lespace entre la terre et le ciel. Ces endroits-là où lon peut sasseoir de façon à ce que vos pieds ne touchent pas le plancher, sur des chaises conçues de manière très astucieuse, abstraite. Lespace créé est comme un cellier entre le ciel et la terre. A chaque fois que nous voulons agir, nous entrons dans ce monde en faisant des roulés-boulés et nous en sortons en quelque sorte comme des marionnettes maniées par Dieu, par le public… »
Le second spectacle invité au Festival international de théâtre de Sibiu, « Yama », est complètement différent de «Vertigo 20». Il sort de cette zone de la célébration pour entrer dans un espace beaucoup plus spirituel.
Noa Wertheim : « Yama signifie « eau », mais les costumes sont noirs, tout est noir. Au-dessus de nous sont suspendues des boîtes, de plus en plus bas. Car il est écrit dans la Bible quau deuxième jour ont été créés leau et le ciel. Cest donc comme un reflet. Jutilise leau en mouvement, les vagues, une forte matérialité qui, dans les arts martiaux, sappelle Fa jing. En outre, à la fin jai imaginé une danse des derviches. Cest tout à fait différent du spectacle « Vertigo 20 ». « Vertigo 20 » est une célébration, cest la fête ; « Yama », lui, est un spectacle sérieux, profond, lourd, mais je pense quil apporte à la fin un espoir spirituel. »
Deux autres compagnies israéliennes de danse ont été présentes cette année au Festival de Sibiu : Kibbutz Contemporary Dance Company, avec le spectacle « Horses In the Sky » (Chevaux dans le ciel), dont la chorégraphie était signée par Rami Beer, et Batsheva Dance Company, avec « Naharins Virus », dans la chorégraphie dOhad Naharin. Un spectacle pour lequel Naharin a reçu, en 2002, le prix New York Dance and Performance « Bessie ». Créateur du Gaga, un langage du mouvement, Ohad Naharin est un des 6 artistes qui auront une étoile sur lAllée des célébrités de Sibiu, un projet du Festival international de théâtre.
Toujours dans la section danse, notons la participation, pour la deuxième année daffilée, de la Brenda Angiel Dance Company, dArgentine. Brenda Angiel, qui, en 1994, fondait la compagnie de danse portant son nom, allait jeter, en 1998, les bases de la première école de danse aérienne de Buenos Aires. Après le formidable succès remporté lan dernier à Sibiu, avec le spectacle « Tango en hauteur », Brenda Angiel Dance Company a proposé cette année un kaléidoscope de mouvements et danimation, où les danseurs flottent dans lair et essaient de dépasser leurs propres limites, se servant aussi du plancher et des murs. Cette danse aérienne na rien à voir avec les acrobaties de cirque, car elle emploie un langage à part.
Brenda Angiel parle de cette « aerial dance » : « Ce que nous montrons maintenant est le fruit de 22 années de travail. Jaime bien étudier le mouvement, afin dobtenir des perspectives diverses et didentifier de nouvelles possibilités dexpression. Si je me suis penchée sur la danse aérienne, cest justement parce quelle moffre une autre approche du mouvement et ouvre le public sur une perspective différente. En plus, cest très attractif. Cest, si vous voulez, une sorte dopportunité sans fin. Il est vrai que de nos jours la danse aérienne est plutôt assimilée à un art du cirque, mais ce que je fais, moi, cest de la danse. Je ne cherche pas à faire des acrobaties, je danse. Le langage de la danse, cest le mouvement. Tout le reste vient après. Des fois, la danse peut devenir émouvante ou raconter de petites histoires. Bref, je joue en quelque sorte avec les abstractions, pour finalement retourner au mouvement. »
La Roumanie a elle aussi participé au festival de Sibiu, avec un spectacle portant la signature du chorégraphe Gigi Căciuleanu et qui sadresse surtout aux jeunes. Intitulé #EMOJIPLAY, il a été mis en scène au Théâtre Excelsior de Bucarest. « #EMOJIPLAY mélange, de manière apparemment ludique, le langage tridimensionnel de la danse des comédiens avec lunivers visuel, étrange, et bidimensionnel des symboles et des nouvelles métaphores », précise le chorégraphe.
Gigi Căciuleanu : « Lidée de la communication, du dialogue, est très présente dans ce spectacle. Des fois, ça ressemble à un dialogue de sourds, alors que dautres fois on assiste à de véritables échanges fulgurants. Pour vous donner une idée, pensez au geste que vous faites pour effacer quelque chose de lécran de votre ordinateur ou lorsque vous frottez une allumette contre le grattoir. Il nest pas moins vrai que ce geste peut anéantir votre partenaire. Un simple « je naime pas » peut avoir un tel effet. Lidée phare du spectacle cest le besoin dhumanité que lon ressent dans un monde toujours plus déshumanisé, envahi par une multitude décrans et dacquis de la science et de la technologie. Faudra-il devenir des robots ou au contraire, être encore plus humains? Notre chair, notre peau, nos yeux, notre regard peuvent mieux servir à nouer un dialogue que des signes sur un écran. »
Depuis 2013, date du lancement de ce projet, Gigi Căciuleanu a son étoile sur lAllée des célébrités, à Sibiu. Un geste de reconnaissance de « loriginalité de sa création dans lunivers de la danse et du théâtre. » (Trad. : Mariana Tudose, Dominique)