Les prix du magazine Observatoire Culturel
Paru en 2000, « Observator Cultural » (Observatoire culturel) est le magazine culturel le plus important de Roumanie. En 2007, ses créateurs ont lancé les prix « Observator Cultural » qui récompensent les meilleurs écrivains autochtones du moment. L’année dernière, le dissident et activiste pour les droits de l’homme Gabriel Andreescu écrivait : «L’apparition de l’Observateur culturel, en 2000, a marqué une nouvelle étape dans l’évolution des empreintes idéologiques de la communauté intellectuelle. Entre temps, l’Observatoire culturel a confirmé le statut qu’il avait assumé dès le début, celui de pôle formateur en matière d’idéologie culturelle. Les prix institués depuis déjà 2007 ont défini, voire tranché, je dirais, ses options».
Corina Sabău, 29.04.2017, 13:07
Paru en 2000, « Observator Cultural » (Observatoire culturel) est le magazine culturel le plus important de Roumanie. En 2007, ses créateurs ont lancé les prix « Observator Cultural » qui récompensent les meilleurs écrivains autochtones du moment. L’année dernière, le dissident et activiste pour les droits de l’homme Gabriel Andreescu écrivait : «L’apparition de l’Observateur culturel, en 2000, a marqué une nouvelle étape dans l’évolution des empreintes idéologiques de la communauté intellectuelle. Entre temps, l’Observatoire culturel a confirmé le statut qu’il avait assumé dès le début, celui de pôle formateur en matière d’idéologie culturelle. Les prix institués depuis déjà 2007 ont défini, voire tranché, je dirais, ses options».
Cette année, 10 écrivains ont été primés dans le cadre d’un gala tenu au théâtre Odeon de Bucarest. Ils étaient 34 candidats au total pour 6 catégories : Mémoires, Essais/Publications, Critique, Histoire et théorie littéraire, Poésie, Prose et Premier Texte.
Carmen Muşat, rédactrice en chef du magazine Observator Cultural, explique l’importance de ce gala : « Par ces prix, nous tentons de dresser un tableau de la culture roumaine vivante, de la littérature roumaine actuelle. A chaque édition, des noms nouveaux viennent s’ajouter à la liste des nominations et des prix. Cela nous aide à définir aussi le profil culturel de l’Observatoire culturel. Il s’agit donc d’une double démarche. Nous dressons d’une part le profil culturel de notre magazine, et d’autre part – l’identité de la culture roumaine à l’heure où l’on parle. »
Le gala de l’Observatoire culturel a eu un moment à part : 16 lycéens sont montés sur la scène du Théâtre Odeon de Bucarest pour remettre le « Prix Observator Lyceum » au prosateur Vlad Zografi, pour son volume « Les effets secondaires de la vie » paru aux Editions Humanitas.
Carmen Muşat : « Nous rencontrons ces jeunes, nous écoutons leurs options, leurs arguments. Ils m’ont vraiment impressionnée, et je ne suis pas la seule. Cette année, tout comme l’année dernière, les participants au Gala ont été touchés par le discours des lycéens, par leurs motivations et leurs arguments si frais et si bien articulés. Je pense qu’il faut encourager et promouvoir ces jeunes, leur donner la chance de rencontrer des écrivains roumains et découvrir leur littérature. Cette année, la poétesse Ana Blandiana a été surprise par la réaction d’un enfant qu’elle a rencontré lors d’une invitation à une école générale. L’institutrice avait annoncé à ses élèves qu’ils allaient faire la connaissance d’Ana Blandiana. Toutefois, cet enfant l’a contredite en disant que cela ne pouvait pas être vrai. Après un moment de stupeur, tous ont voulu savoir pourquoi il avait dit cela. L’enfant a répondu qu’à sa connaissance, tous les poètes sont morts, par conséquent, la dame devant lui ne pouvait pas être Ana Blandiana. Cette réaction en dit long sur la manière dont la littérature est enseignée à l’école. Tous les écrivains présents dans les manuels sont des écrivains de musée. Par conséquent, les enfants ont l’impression que la place de la littérature est aussi au musée. Pour eux, la littérature n’est pas quelque chose de vivant avec lequel on peut interagir. C’est justement ce que nous tentons de faire par le biais du magazine Observatoire culturel et par ces prix. Nous tentons de démontrer que la littérature est vivante. Nous allons démarrer bientôt un projet de lectures publiques proposant des rencontres entre lycéens et écrivains roumains et différents types d’artistes. Nous souhaitons leur lancer un défi, créer des interactions culturelles. »
En outre, le Gala des Prix de l’Observatoire culturel se propose aussi de récompenser les traductions. Il s’agit non seulement des traductions de livres étrangers en roumain, mais aussi de traductions d’œuvres roumaines dans une langue étrangère. Cette année, l’Observatoire culturel a récompensé la Roumaine Veronica D. Niculescu et la Polonaise Joanna Kornaś-Warwas.
Veronica D. Niculescu parle de son travail de traductrice: «Je me suis rendu compte qu’en 2007 je commençais à traduire mon premier livre de Nabokov sans avoir un contrat, sans aucune pression, ni obligation, par pur plaisir. Le livre est paru en 2008 par pure chance. Il aurait pu tout aussi bien ne pas être publié, j’aurais pu ne pas avoir de contrat et avoir tout simplement un livre traduit par plaisir. Heureusement, une année plus tard, les éditions Polirom ont obtenu les droits de publier la série Vladimir Nabokov et le volume que j’avais traduit a pu paraître. Je me souviens parfaitement des pages qui m’avaient déterminée à faire cette traduction, des mots qui sont devenus une véritable devise pour moi, une devise très utile quand je suis fatiguée. Je me souviens de mon état d’esprit à l’époque et je crois que ce serait idéal d’avoir cet état d’esprit à chaque fois que je commence à traduire, car c’est l’état idéal. Il s’agit des pages 107 et 108 de l’édition roumaine de « L’œil », où un personnage parle de la « beauté qui ne peut pas être possédée ». La lumière du crépuscule sur les toits, le parfum d’une fleur que l’on peut sentir à l’infini, mais sans le posséder. A mon avis c’est justement ce que nous faisons lorsque nous écrivons ou nous lisons ou nous faisons de nombreuses autres activités : nous tentons en quelque sorte de posséder ce qui ne peut pas être possédé. »
Voilà autant de sentiments partagés entre auteurs et public à l’occasion du Gala des Prix de l’Observatoire culturel. (Trad.Valentina Beleavski)