One World Roumanie
Le documentaire « Un film autistique normal » du réalisateur tchèque Miroslav Janek a gagné le trophée de la 10e édition du Festival international du film documentaire consacré aux droits de l’être humain One World Romania.
Corina Sabău, 08.04.2017, 13:30
Le documentaire « Un film autistique normal » du réalisateur tchèque Miroslav Janek a gagné le trophée de la 10e édition du Festival international du film documentaire consacré aux droits de l’être humain One World Romania.
« Nous pensons que le film primé ne concerne pas uniquement le monde des enfants autistes, il s’adresse à nous tous. Il nous apprend à apprécier notre unicité. En choisissant ce film, nous avons choisi en fait le courage d’être ce que nous sommes réellement. La normalité de chacun est différente. Par l’angle qu’il propose et par ses personnages, ce film montre qu’il n’y a pas une seule réalité, mais uniquement des interprétations différentes ». C’est la motivation du jury de lycéens qui a décerné le prix à ce film, parmi les 10 inscrits dans la compétition. Présent à Bucarest uniquement à l’ouverture du festival, le réalisateur Miroslav Janek, a adressé au public et au jury une vidéo de remerciement.
Le thème dominant de cette 10e édition du festival One World Romania a été la peur. « Nous vivons dans un monde global et pourtant nous avons une tendance à retourner en arrière, à tracer de nouvelles frontières et à nous enfermer dans des murs. Dans le monde entier, des politiciens corrompus profitent de nos faiblesses, de nos craintes et s’installent au pouvoir en les exploitant. Les films présents dans le Festival One World Romania 2017 exploraient les origines de nos craintes et les modalités de les dépasser », dit Alexandru Solomon, directeur du festival.
Et lui d’ajouter : « La peur a focalisé davantage l’attention par rapport aux autres thèmes liés à la politique et à toute l’atmosphère actuelle dans le monde, qui a empiré partout depuis le début de la sélection. Il s’agit, avant tout, de la peur liée aux courants populistes, nationalistes, homophobes, mais aussi de thèmes plus ponctuels, concernant les dysfonctionnements du système de santé en Roumanie et dans d’autres Etats, qui alimentent, eux aussi, notre peur. »
Le public et les invités ont participé à des débats si intéressants, que parfois seules les projections prévues ont pu y mettre un terme. Le festival a pris de l’ampleur à mesure que la société civile a évolué, se montrant plus préoccupée par l’Etat de droit, la lutte contre la corruption et la liberté d’expression. Le directeur du festival One World Romania, Alexandru Solomon, précise : « Le Festival s’est orienté dans cette direction au fil des années. Nous comptons sur la participation des ONGs et des associations qui peuvent s’associer à la projection d’un documentaire significatif pour la cause qu’elles défendent et qui parle des problèmes qui les intéressent. Le film documentaire peut ainsi être considéré comme une sorte de « foire aux idées » réunissant des cinéastes, des ONGs et la société civile. Néanmoins, le film documentaire n’est pas appelé à résoudre les problèmes. Ce que le film documentaire offre de plus par rapport aux autres médias c’est un aperçu plus approfondi et une perspective plus empathique de la société où nous vivons. C’est que les réalisateurs de documentaires accordent beaucoup plus de temps à leurs sujets et se rapprochent davantage des gens devenus leurs personnages. Ils travaillent moins sous la pression du temps et des nécessités. De toute évidence, dans le cadre de ce festival nous avons réussi à créer un dialogue et le public est de plus en plus ouvert, plus capable à exprimer ses opinions qu’il y a 9 ans, lorsque ce festival a été lancé. »
Six productions roumaines ont figuré dans la sélection de cette année du Festival international du film documentaire consacré aux droits de l’être humain One World Romania. Claudiu Mitcu et Ileana Bîrsan y ont présenté un fragment de montage du documentaire « Le Procès », un film qui traite de l’affaire Mihai Moldoveanu — un ancien officier de l’armée roumaine condamné à 25 ans de prison pour un crime qu’il affirme ne pas avoir commis. Ileana Bârsan : « Nous avons voulu voir si ce sujet intéressait le public et quel était l’impact sur les gens de ce fragment du futur film. Nous tentons de présenter cette affaire d’une manière aussi neutre que possible. Nous avons souhaité avoir le feed-back du public aussi parce que c’est un film à un seul personnage — pas par notre faute. Nous n’avons pas eu accès à d’autres voix, les procureurs, les juges et les autres personnes impliquées dans ce procès ont refusé de collaborer avec nous. Le plus difficile pour nous, c’était de concevoir un film à un seul personnage sans nous livrer à des interprétations et sans avoir de parti pris. Cela s’est avéré un exercice utile et la présentation d’un fragment de ce documentaire dans le cadre du festival nous a aidé à réaliser le montage final. »
Le Festival One World Romania a attiré cette année plus de 11.000 spectateurs et les organisateurs pensent déjà à l’édition 2018. Plusieurs documentaires présentés lors des éditions précédentes figurent dans la sélection 2017 du programme de distribution alternative KineDok. (trad.: Dominique)