En lice pour l’Oscar
«Toni Erdmann » (Allemagne) entre en compétition cette année pour l’Oscar du meilleur film étranger; il raconte une histoire de vie profonde et amusante à la fois, tournée presqu’intégralement en Roumanie.
Christine Leșcu, 11.02.2017, 13:10
«Toni Erdmann » (Allemagne) entre en compétition cette année pour l’Oscar du meilleur film étranger; il raconte une histoire de vie profonde et amusante à la fois, tournée presqu’intégralement en Roumanie.
Ce long-métrage est la seule production de 2016 incluse au classement BBC Culture des 100 meilleurs films du 21e siècle. « Toni Erdmann » a été projeté en première mondiale au festival de Cannes de l’année dernière, où il a été récompensé du Prix FIPRESCI du meilleur film de la compétition officielle, étant aussi un des favoris des critiques pour la Palme d’Or. « La reconnaissance du film « Toni Eedmann» est écrasante. Les nominations viennent est passent, mais le film reste. Mais la plus grande récompense est le fait qu’il est vu par de plus en plus spectateurs grâce à sa reconnaissance internationale qui ne cesse d’augmenter », déclare Ada Solomon, la premier la productrice roumaine à entrer en lice pour un Oscar.
Ada Solomon nous parle de la manière dont elle choisit ses projets : « Pour moi, ce n’est pas le succès commercial qui est primordial. En revanche, il faut que le film ait quelque chose à dire, qu’il soulève des questions en tout genre. Elles peuvent porter sur nos choix personnels, sur le parcours de l’histoire, sur ce qui ce passe dans la société de nos jours – voici en bref les critères selon lesquels je choisis les projets dans lesquels je m’implique. En ce qui concerne les projets internationaux, les coproductions minoritaires ou les films étrangers à la production desquels j’ai participé et qui deviennent des films avec une participation roumaine – la plupart des fois, ils sont liés à la Roumanie et partagent un certain regard sur elle. Je ne m’intéresse pas à n’importe quel film lié à la Roumanie. Je continue à mettre en premier lieu son histoire et la manière dont il la raconte, tout d’abord par son scénario, puis par ce qui pourrait attirer l’attention du public. Peut-être qu’en fin de compte il s’agit de fils que j’aimerais voir, moi, sur le grand écran. »
« Toni Erdmann» raconte l’histoire de Wilfried, un père excentrique, arrivé à l’âge de la retraite, qui décide de rendre une visite surprise à sa fille, Inès, une femme de carrière qui travaille sur un projet important dans une multinationale de Bucarest. Selon la publication Américaine Variety, ce 3e film réalisé par Maren Ade est « une étude unique de la relation père-fille, éloignés l’un de l’autre, mais dépressifs tous les deux», « un triomphe comique de l’humanité ».
Ada Solomon explique la manière dont elle travaille sur les films qu’elle produit : « Je m’intéresse et je me suis toujours intéressée au sujet du dépaysement, à la vie de ces nomades de luxe qui sont les spécialistes hautement qualifiés, qui travaillent loin de leurs familles, de leurs amis, de la culture dans laquelle ils ont grandi. Je m’intéresse à la manière dont ce dépaysement les touche au niveau émotionnel. J’ai suivi la communauté d’expats de Roumanie et je voulais, à mon tour, en faire un film. Parce que c’est un sujet qui parle du monde où nous vivons et de la manière dont nous abandonnons notre humanité pour des idéaux de confort financier et de statut social, sans confort émotionnel. Il s’agit des choix que nous faisons dans la vie – l’option entre une carrière et les relations avec nos proches – de la manière dont nous oublions nos proches, combien de fois nous les laissons de côté, comment nous réagissons à leurs tentatives de se rapprocher de nous et comment nous regrettons de ne pas les avoir écoutés ou entendus à certains moments. »
Le projet de Maren Ade l’a convaincue tout de suite, avoue Ada Solomon, surtout que la réalisatrice allemande s’était très bien documentée. Selon Ada Solomon : « Maren Ade est une créatrice de cinéma avec une vision très large et une attention spéciale pour la documentation. Vu que je me suis rapprochée des documentaires et de tout ce qui est recherche et préparatifs pour un sujet, la manière dont elle a choisi de se documenter pour son scénario, le temps qu’elle lui a consacré pour que tout soit aussi vraisemblable que possible – tout cela fait partie du charme de cette expérience de presque deux ans et demi. Pendant tout ce temps, nous avons échangé des centaines d’idées, nous avons eu d’innombrables discussions, alors qu’elle a passé beaucoup de temps en Roumanie. Bien sûr, elle s’est aussi très bien renseignée depuis chez elle aussi, en lisant des ouvrages et des articles de la presse internationale sur la Roumanie».
Notons pour terminer, qu’aux côtés du long métrage «Baccalauréat» de Cristian Mungiu, « Toni Erdmann » compte parmi les nominations aux prix Césars dans la catégorie du meilleur film étranger. (Trad. Valentina Beleavski)