Le salon du livre Gaudeamus
Pendant 4 jours, le Pavillon central des expositions de Bucarest a accueilli la 23e édition de la Foire du livre Gaudeamus, l’événement le plus important du genre en Roumanie. Une quarantaine de maisons d’édition ont invité les passionnés de lecture au Centre Romexpo, leur proposant des milliers de nouveaux titres, des rencontres avec des auteurs célèbres, des sessions d’autographes, mais aussi des réductions substantielles de prix et des offres personnalisées pour chaque catégorie de lecteurs. Aujourd’hui, nous vous proposons quelques photos instantanées de cette foire.
Corina Sabău, 03.12.2016, 13:18
Pendant 4 jours, le Pavillon central des expositions de Bucarest a accueilli la 23e édition de la Foire du livre Gaudeamus, l’événement le plus important du genre en Roumanie. Une quarantaine de maisons d’édition ont invité les passionnés de lecture au Centre Romexpo, leur proposant des milliers de nouveaux titres, des rencontres avec des auteurs célèbres, des sessions d’autographes, mais aussi des réductions substantielles de prix et des offres personnalisées pour chaque catégorie de lecteurs. Aujourd’hui, nous vous proposons quelques photos instantanées de cette foire.
Chercheuse du phénomène concentrationnaire à substrat politique, Ruxandra Cesereanu clôt par le volume « Les Fuyards. Evasions de prisons et de camps au XXe siècle », paru aux Editions Polirom en 2016, le cycle consacré à ce phénomène, dont font également partie les études « Voyage au centre de l’enfer. Le goulag dans la conscience roumaine » et « Panopticum. La torture politique au XXe siècle » – les deux parus en deux éditions jusqu’à présent. « Les Fuyards. Evasions de prisons et de camps au XXe siècle », l’étude qui termine le cycle, est un livre de la sortie, de l’évasion qui, surtout au XXe siècle, a été placé sous le signe du défi de certains systèmes politiques aberrants, criminels. On peut donc dire que l’essai sur l’évasion de Ruxandra Cesereanu est un épisode optimiste dans la série des horreurs concentrationnaires surprises dans les volumes antérieurs.
Ruxandra Cesereanu : « En Roumanie, très peu de gens ont réussi à s’échapper de l’espace communiste ; la plupart d’entre eux, je les ai mentionnés dans le volume, mais il se pourrait qu’il y ait eu plusieurs tentatives d’évasion. Pourtant, je me suis arrêtée sur deux tels cas notamment, celui de l’auteur-muse, qui m’a inspiré ce livre. Il s’agit de Ion Ioanid et de son livre « Notre prison quotidienne ». Et ce parce que, dans le premier volume de ce livre – capital pour les mémoires de prison – l’auteur raconte ses 100 jours de liberté, peut-être était-ilun des hommes les plus libres dans l’année de manque de grâce 1953, quand Ion Ioanid s’évade du camp de travail de Cavnic. Son évasion m’a intéressée aussi dans le sens anthropologique du terme, parce qu’il est possible de radiographier justement la dimension de l’humain qui traverse différentes épreuves psychiques, physiques, sociales, de mentalité. L’évasion de Ion Ioanid marque aussi un passage de l’homme détenu, l’homme que le système a l’intention de lobotomiser, à un homme libre, à un homme sauvage, sa sauvagerie étant en fait une forme maximale de liberté. »
Moments comiques ou tout à fait tragiques, sorties ingénieuses de situations critiques ou auto-dénonciations involontaires, on retrouve tout cela dans le volume Ecrivains à la Police, un livre qui réunit les déclarations sur l’honneur des lettrés sur les heurts avec les hommes de la loi. Une anthologie lancée à l’initiative de l’écrivain et journaliste Robert Şerban, qui réunit des textes écrits par une trentaine d’écrivains.
L’auteur de l’anthologie, Robert Şerban : « J’ai pensé que chaque écrivain avait rencontré la Police d’une façon ou d’une autre. Ou la Milice, dans le cas des écrivains plus âgés. Impossible de ne pas trouver dans la biographie de chaque écrivain une anecdote plus ou moins amusante avec les hommes de la loi. Et alors, comme nous étions en été et les vacances commençaient, j’ai parlé à mes amis écrivains. 34 étaient actifs sur Facebook, je leur ai écrit et leur ai demandé s’ils voulaient bien faire cela. Je ne savais pas où les textes allaient être publiés, mais j’ai pensé que nous trouverions certainement une maison d’édition qui soit intéressée. Ce qui est sûr, c’est que le livre est très intéressant, c’est une sorte de mode d’emploi de la rencontre avec les hommes de la loi. La plupart des histoires sont drôles, pleines d’humour, mais il y en a certaines qui sont différentes, parce que du temps de la milice, ce système était coercitif non seulement pour rendre la vie beaucoup plus dure ; les contraintes étaient exercées aussi sur le cerveau. Qui lit le livre va détecter les différences entre les rencontres avec les miliciens et celles avec les policiers. Les policiers en sortent gagnants, parce que ce sont la plupart des fois des gens qui connaissent leurs devoirs, des gens plus aimables quand ils apprennent que vous êtes écrivain, soit quelqu’un qui a en quelque sorte la tête dans les nuages. A ce moment-là, ils baissent un peu la garde, eux aussi. »
Sous le slogan « Les grandes voix tirent le rideau », les Editions Casa Radio de la Maison de la Radio nous ont proposé, à cette édition de la Foire du livre Gaudeamus, un nouveau livre audio, soit un livre accompagné d’un CD : Alice Voinescu, Des causes de la crise actuelle de l’âme. Conférences à la Radio (1933-1943). La première femme docteur en philosophie de Roumanie, professeure exceptionnelle d’esthétique et de l’histoire de la dramaturgie, conseillère spirituelle à l’Association chrétienne des femmes, Alice Voinescu est une voix actuelle et hyper-lucide. Les Editions Casa Radio ont également une série de collections consacrées au public jeune. Bandes dessinées, illustrations originales de livre, montages radiophoniques consacrés aux enfants.
Daria Ghiu des Editions Casa Radio nous donne des détails : « A chaque fois, une journée de la Foire est consacrée aux enfants. Parce que quelques-unes de nos collections consacrées aux enfants sont les plus recherchées par les lecteurs, nous essayons de mettre en valeur des pièces de théâtre radiophonique pour les enfants, avec les voix de grands acteurs. Et nous les mettons en circulation avec des BD, avec de nouvelles illustrations. Cette fois-ci, nous avons prévu un atelier, avec les artistes qui sont nos proches collaborateurs. Dans le cas des BD, le défi, c’est de réussir à mettre dans un circuit contemporain une pièce des années ’60, ’70, par de nouvelles illustrations. Et je peux dire que nous avons beaucoup de fans de ce livre audio, qui ont même grandi avec ce type de livre. » (Trad. Ligia Mihaiescu)