News from Polska
Cinq des artistes polonaises les plus remarquables et les plus originales du moment se sont trouvées fin février — début mars à Bucarest, au micro-festival News from Polska, organisé par le Centre national de la danse et l’Institut polonais de Bucarest. Les thèmes caractéristiques au théâtre polonais contemporain, mais des thèmes importants et universellement valables, ont été abordés, par des spectacles de théâtre et de danse et des shows. Tous liés entre eux par les questionnements sur l’identité personnelle, artistique, nationale, humaine.
Luana Pleşea, 02.04.2016, 13:30
Cinq des artistes polonaises les plus remarquables et les plus originales du moment se sont trouvées fin février — début mars à Bucarest, au micro-festival News from Polska, organisé par le Centre national de la danse et l’Institut polonais de Bucarest. Les thèmes caractéristiques au théâtre polonais contemporain, mais des thèmes importants et universellement valables, ont été abordés, par des spectacles de théâtre et de danse et des shows. Tous liés entre eux par les questionnements sur l’identité personnelle, artistique, nationale, humaine.
Des événements amenant la danse et le théâtre polonais sur les scènes roumaines ont lieu en Roumanie depuis longtemps. Il y a un public déjà formé, qui attend avec intérêt de nouvelles propositions. Iulia Popovici, la commissaire du festival « News From Polska », nous en parle : «L’Institut polonais a présenté jusqu’ici soit une série de mono drames, soit un mini-festival de danse. A présent, nous nous sommes proposé de nous focaliser sur une réalité très vivante actuellement en Pologne, à savoir la création féminine. Nous avons présenté des spectacles réalisés et joués par des femmes et qui racontaient les histoires de certaines femmes. Pourtant ce n’étaient pas des discours de femme adressés à d’autres femmes et ils ne se proposaient pas des approches explicitement féministes. De quoi d’agit-il, en fait ? De la manière dont la voix des femmes se fait entendre de plus en plus actuellement en Pologne et influence, en fait, la perception du théâtre et de la danse. »
Prenons l’exemple du mono drame « Et Noël viendra », inspiré par l’écrasement, en 2010, à Smolensk, d’un avion avec 96 hauts officiels polonais, y compris le président Lech Kaczynski. Même si la dramaturgie et la mise en scène sont signées par ses collègues, l’idée appartient à la comédienne Agnieszka Przepiórska, protagoniste du spectacle : « Il y a eu une période en Pologne, après la catastrophe de Smolensk, quand j’étais entre des jobs. Je restais à la maison, je lisais les journaux et je voyais partout ces femmes… me regarder, regarder toute la Pologne et parler de leur souffrance. Partout, ces près de 90 veuves de politiciens importants. Et je me suis demandé pourquoi elles permettaient aux journalistes d’entrer à ce point dans leur vie privée. Parce que certaines d’entre elles leur avaient ouvert la porte et les ont invités chez elles et leur ont parlé de leur vie. Je me suis demandé pourquoi certaines de ces femmes ouvraient la porte et d’autres pas. Ce fut le moment où j’ai commencé à penser à toutes ces veuves. Ce n’est pas un show très politique, il est plutôt connecté aux émotions de la femme qui a perdu son époux, un politicien important. Une épouse qui n’avait pas sa propre vie. Je ne sais pas si j’ai raison, mais la politique n’est que la toile de fond dans ce ‘One Woman Show’. »
Selon Iulia Popovici, commissaire du festival « News From Polska », une des intentions des organisateurs de cet événement à Bucarest, c’est de familiariser le public roumain avec des formes d’expression qui ne sont pas nécessairement habituelles en Roumanie, telles que le mono drame. Un genre très apprécié, très fort et particulièrement pertinent pour la scène polonaise. Les shows « Et Noël viendra », « Diva » et « ID-ance » sont entrés dans cette catégorie.
Le festival s’est pourtant achevé par un spectacle qui a emmené sur scène plusieurs artistes — une représentation où théâtre documentaire et nouveaux médias se donnent rendez-vous. Le projet est fondé sur l’expérience entreprise par John C. Lilly dans les années ’60 et financée par la NASA; son but était d’apprendre l’anglais à quelques dauphins. L’accent est mis sur l’histoire émouvante de la relation entre Margaret Howe Lovatt et le dauphin Peter. La proposition du metteur en scène Magda Szpecht représente un vrai défi pour le public et elle repose sur un théâtre vu comme un lieu où l’on développe son imagination. Magda Szpecht : «Nous avons choisi 8 moments, les plus importants, de ces expériences. Les parties du spectacle sont consacrées à ces moments. Pourtant, nous ne racontons pas exactement l’histoire. Chaque scène rend nos impressions sur ce que nous savons à propos d’un moment très concret de l’histoire et de ce qui s’est passé dans le laboratoire. A mon avis, le principal sujet, c’est la communication — non seulement entre les acteurs, mais aussi entre ce qui se passe sur la scène et ce qu’éprouve le public. C’est que nous sommes partis de l’idée que sur la scène il y a des dauphins et dans la salle il y a des êtres humains. Nous devions donc tout faire pour créer, dès le début, le sentiment que nous avons quelque chose en commun et que peut-être nous pourrions communiquer. Pourtant, nous n’appartenons pas à la même espèce, nous ne sommes pas les mêmes créatures. »
Les collaborations artistiques roumano-polonaises revêtent différentes formes. « Mères d’acier », par exemple, est un spectacle des artistes Mădălina Dan et Agata Siniarska, présenté récemment lors de la deuxième édition du Festival international de Bazaar, en République Tchèque. (trad.: Ligia Mihăiescu, Dominique)