L’acteur Levente Molnár au Gala des Oscars
A l’heure qu’il est, beaucoup de monde sait déjà que le long-métrage hongrois « Son of Saul » (Le Fils de Saul) a gagné cette année l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, en dehors de 43 autres prix et 37 nominations. Le film jouit depuis un certain temps déjà d’une attention particulière de la presse roumaine, parce que le Roumano-Hongrois Levente Molnár, qui incarne Abraham Warszawski, le meilleur ami du personnage principal, Saul Ausländer, fait partie du casting.
Luana Pleşea, 19.03.2016, 13:15
A l’heure qu’il est, beaucoup de monde sait déjà que le long-métrage hongrois « Son of Saul » (Le Fils de Saul) a gagné cette année l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, en dehors de 43 autres prix et 37 nominations. Le film jouit depuis un certain temps déjà d’une attention particulière de la presse roumaine, parce que le Roumano-Hongrois Levente Molnár, qui incarne Abraham Warszawski, le meilleur ami du personnage principal, Saul Ausländer, fait partie du casting.
Né le 10 mars 1976 à Baia Mare (Nord), Levente Molnár est comédien au Théâtre magyar d’Etat de Cluj depuis 2002. Avant l’Oscar, « Le Fils de Saul » a déjà engrangé de grands prix à Cannes, aux Golden Globes… Après tant de succès, Levente Molnár essaie de rester les pieds sur terre…: « Tous les changements qui sont intervenus dans ma vie sont liés à des amitiés, aux gens de mon entourage. Tout à beaucoup trait à mon travail. Cannes, les Golden Globes, ce sont des moments passés. Maintenant, pour les Oscars, oui, il y a certains moments. Je ne vois pas pourquoi je devrais changer pour cela. Ces moments sont des raisons de joie passagères. Cela n’est pas tombé du ciel, et je ne suis pas le principal « coupable » de ce fait, mais le réalisateur. C’est un travail d’équipe, et j’y ai participé. Je ne peux pas nier que cela me donne certaines énergies ou que je ne traverse pas plus facilement certains moments… mais ces sentiments passeront aussi et ce qui me maintient les pieds sur terre, c’est que je travaille, que j’aime travailler. Avec tout ce qui nous arrive maintenant, toute cette belle folie, avec les réactions des gens vis-à-vis de notre travail, il y a un jour de l’après, avec la normalité, le quotidien, et l’homme. La vie n’est pas une fête continuelle. »
Levente Molnár est lié au monde du film depuis qu’il est étudiant. D’ailleurs il travaille même maintenant dans des courts métrages estudiantins, parce qu’il aime rencontrer de nouvelles gens. Il a d’emblée partagé sa carrière entre le théâtre et le film : « Je peux exister à ces deux endroits. J’aime le théâtre, j’aime aussi le film. Ils offrent des choses différentes. Le théâtre offre à l’acteur la chance d’une immersion, dans les meilleures conditions, tout d’abord dans soi-même, puis la curiosité par rapport aux collègues, la capacité de travailler avec vos collègues, la curiosité face aux défis présentés par un réalisateur, et assumer de commun accord ces buts, le travail assidu de laboratoire… tout cela est spécifique au théâtre. On peut se connaître un peu mieux. Dans le film, on est beaucoup plus solitaire, à un moment donné même pendant la formation/préparation. On n’a pas toujours la chance des répétitions si intenses, si approfondies, comme c’est le cas dans le théâtre. Cela vous demande une dose beaucoup plus grande de confiance, d’adaptabilité, de rendement… L’un, c’est un hôpital, l’autre, une ambulance. Et l’opération, on doit la réussir au même niveau. L’ambulance est aussi en mouvement, sur des virages… »
En tant que comédien du Théâtre magyar d’Etat de Cluj, Levente Molnár a eu la joie de travailler avec plusieurs metteurs en scène qui ont mis leur empreinte sur sa carrière, mais une de ces rencontres est plus particulière : «Celui qui me donne à moi une bouffée d’oxygène dans cet environnement, qui est responsable du fait que j’ai quelque chose à voir avec le théâtre, c’est monsieur Silviu Purcărete. C’est une bouffée d’oxygène à chaque fois. Et ce à commencer par le spectacle « La Bru de Pantagruel », d’après Rabelais, quand nous avons travaillé pour la première fois ensemble ou « Gianni Schicchi » ou « Victor ou les enfants au pouvoir » – voilà les spectacles où j’ai joué. Et j’ai cette expérience d’un homme près duquel je me sens libre, j’aime faire du théâtre, il me provoque à penser d’une manière qui me laisse la liberté, je sens que je peux me tromper en toute sécurité. »
La vie de Levente Molnár, ce n’est pas seulement jouer du théâtre et faire des films : « Il semble que j’ai aussi un penchant pour l’organisation, et cela me mène vers le Festival international de film Transilvania. J’ai de petits projets que je réalise dans le festival. Deux projets dans lesquels je mets du cœur. L’un, c’est Mănăştur Open Air. Au moment où j’ai emménagé dans le studio de fonction du théâtre, qui est à Mănăştur Sub Pădure, à Cluj, j’ai vu cet espace vert derrière l’immeuble. Et cet espace est coupable de ce que j’aie décidé d’y rester. Et la belle folie de Tiudor Giurgiu, de Oana Giurgiu et des gens qui y travaillent, c’est qu’ils ont accepté ce défi et depuis quelques années, nous faisons des projections de films là-haut, à Mănăştur, en plein air. Avec mon collègue Aron Dimeny, nous avons fait un rêve une fois et notre idée a été acceptée. Cela s’appelle « 10 pour un film ». J’espère avoir apporté de nouvelles expériences, j’espère aussi avoir apporté des rencontres, et que les gens se soient enrichis… Nous travaillons beaucoup pour offrir cette chance ».
Le programme « 10 pour un film » se propose de promouvoir de nouveaux visages dans le film roumain. 10 des comédiens les plus talentueux sont présentés annuellement, dans le cadre du festival TIFF, aux professionnels du monde du film et au public. Outre ces deux projets inclus dans le Festival international de film Transilvania, dans le même festival, Levente Molnár fait aussi de l’interprétation simultanée au besoin. En plus, il se charge de la production du festival international de théâtre Interferenţe, organisé par le Théâtre magyar d’Etat de Cluj. Il travaille aussi dans la production de film, et collabore, entre autres, avec le réalisateur Adrian Sitaru pour « Fixeur » et avec Radu Mihăileanu au long-métrage « History of Love », dont les droits de diffusion ont récemment été vendus, dans le cadre du Festival du film de Berlin, à plusieurs distributeurs du monde entier. (Trad. Ligia Mihaiescu)