L’année Constantin Brancusi
Cet important événement sera marqué par nombre de conférences, d’ateliers, de projets censés récupérer et promouvoir la valeur de l’oeuvre brancusienne. La série de ces manifestations culturelles a débuté par la conférence de presse organisée à l’Institut culturel roumain de Bucarest. Matei Stîrcea-Crăciun, chercheur à l’lnstitut d’Anthropologie « Francisc J. Rainer », parle des initiatives mondiales les plus importantes visant à mettre en valeur le patrimoine artistique de Constantin Brâncuşi : « L’activité du centre de recherche sur l’œuvre de Brancusi, qui se trouve à Târgu Jiu, commence sous de bons auspices. En 1995 étaient organisées à Paris et Philadelphie deux rétrospectives Brâncuşi, une contribution majeure à la connaissance de la sculpture brancusienne. Karen Wilkin, commissaire de l’exposition de Paris, écrivait dans le catalogue de celle-ci que l’œuvre de Brâncuşi continuait d’être inabordable du point de vue de l’exégèse, en ce sens que l’on ne pouvait en déceler les sources d’inspiration, la descendance ou la vision de l’artiste. Le constat de l’échec, au bout de plusieurs dizaines d’années de recherches, ne diminuait en rien la visibilité ou la cote de l’artiste, bien au contraire. On en a pu conclure à une défaillance de la méthode ou bien tout simplement à l’absence d’une méthode permettant de pénétrer l’imaginaire de l’œuvre ».
Monica Chiorpec, 23.01.2016, 13:30
Cet important événement sera marqué par nombre de conférences, d’ateliers, de projets censés récupérer et promouvoir la valeur de l’oeuvre brancusienne. La série de ces manifestations culturelles a débuté par la conférence de presse organisée à l’Institut culturel roumain de Bucarest. Matei Stîrcea-Crăciun, chercheur à l’lnstitut d’Anthropologie « Francisc J. Rainer », parle des initiatives mondiales les plus importantes visant à mettre en valeur le patrimoine artistique de Constantin Brâncuşi : « L’activité du centre de recherche sur l’œuvre de Brancusi, qui se trouve à Târgu Jiu, commence sous de bons auspices. En 1995 étaient organisées à Paris et Philadelphie deux rétrospectives Brâncuşi, une contribution majeure à la connaissance de la sculpture brancusienne. Karen Wilkin, commissaire de l’exposition de Paris, écrivait dans le catalogue de celle-ci que l’œuvre de Brâncuşi continuait d’être inabordable du point de vue de l’exégèse, en ce sens que l’on ne pouvait en déceler les sources d’inspiration, la descendance ou la vision de l’artiste. Le constat de l’échec, au bout de plusieurs dizaines d’années de recherches, ne diminuait en rien la visibilité ou la cote de l’artiste, bien au contraire. On en a pu conclure à une défaillance de la méthode ou bien tout simplement à l’absence d’une méthode permettant de pénétrer l’imaginaire de l’œuvre ».
Il y a trois décennies, l’Institut d’Anthropologie « Francisc J. Rainer » de Târgu Jiu, la ville natale de Brancusi, a démarré une étude sur le langage de l’œuvre brancusienne. Le trait dominant de la vision du célèbre artiste roumain est l’affranchissement de la sculpture de l’imitation de la nature. En effet, Brâncuşi opte pour la représentation figurative de la réalité, pour l’expression de l’essence des choses, de la vitalité et de la spiritualité des formes. Matei Stîrcea-Crăciun : « La publication en 2005 des archives de Brâncuşi a permis de dépasser l’étape des hésitations de la critique de spécialité, laquelle utilisait différents mots, expressions, phrases ou impressions attribués à Brâncuşi par les amis de l’artiste, mais dont l’authenticité était mise en doute. Ce sont des documents qui transcrivent certaines notes de l’artiste et apportent des informations essentielles sur sa personnalité. Je voudrais mentionner aussi une initiative de l’Institut d’Anthropologie Francisc J. Rainer, mise en place il y a une trentaine d’années. Il s’agit d’une étude des langages. Les objets s’avèrent être de véritables conteneurs d’information culturelle, à condition de disposer des instruments nécessaires pour identifier et décrypter cette information. Cette démarche vaut pour l’objet d’art aussi, d’autant plus qu’il n’a pas de connotation utilitaire. Les chances de structurer une méthode sont donc maximales, vu que l’objet d’art est par définition porteur d’information culturelle. »
L’artiste plasticien Mihai Ţopescu est l’auteur d’un projet de revalorisation de la personnalité de Brâncuşi par le biais de l’ensemble monumental de Târgu Jiu. A l’époque du réalisme communiste, Brâncuşi a été contesté en Roumanie, comme représentant du formalisme bourgeois. Toutefois, en décembre 1956, le Musée d’art de Bucarest accueillait la première exposition personnelle de Brâncuşi organisée en Europe. Ce n’est qu’en 1964 que Brâncuşi est promu dans le pays comme génie national. L’ensemble monumental de Târgu Jiu, regroupant « La Colonne sans fin », « La table du silence » et « La Porte du baiser » pourra enfin être aménagé et soigné, évitant ainsi la démolition, danger qui le guettait depuis un certain temps.
L’artiste plasticien Mihai Ţopescu explique: « Je ne suis pas artiste photographe, mais l’initiateur d’un projet auquel je travaille depuis pas mal de temps. Il s’agit de réaliser une vingtaine d’ouvrages de photographie documentaire, en noir et blanc ou en couleurs, illustrant l’ensemble monumental de Targu Jiu. Ce ne sont pas des photos artistiques, ni touristiques. Je vais collaborer avec trois artistes photographes. Quant à moi, je serai le chef de projet. Imprimées sur de l’aluminium, ces photos de grandes dimensions, allant jusqu’à 2m de côté, visent à promouvoir l’ensemble sculptural de Târgu Jiu. Elles seront exposées dans les villes traversées par Brancusi en route vers la France, à savoir Budapest, Vienne, Munich, pour rejoindre enfin Paris. A l’initiative de plusieurs députés européens, cette exposition sera présente y compris à Bruxelles. Elle comportera aussi des photos puisées dans certaines collections privées, réalisées avant ou pendant les travaux de restauration de l’ensemble monumental de Târgu Jiu. Toutes ces photos, conservées au Centre de recherche, documentaire et promotion Constantin Brâncuşi et à l’Institut culturel roumain, seront mises à disposition, sur demande, aux différentes expositions qui seront organisées. »
Reconnu comme un des grands sculpteurs du monde, Constantin Brâncuşi a révélé la dimension spirituelle de la réalité, imprégnant le matériau de l’essence même des choses. (Monica Chiorpec/ Mariana Tudose)