Projets du ballet de l’Opéra national de Bucarest
Une année est déjà passée depuis que le danseur et chorégraphe danois Johan Kobborg assure la direction artistique de la Compagnie de ballet de l’Opéra national de Bucarest. Ancien danseur étoile du Ballet royal danois et du Ballet royal de Londres jusqu’en 2013, Johan Kobborg était déjà connu du public roumain grâce aux spectacles dans lesquels il a dansé aux côtés de sa partenaire, Alina Cojocaru.
Luana Pleşea, 07.02.2015, 13:29
Une année est déjà passée depuis que le danseur et chorégraphe danois Johan Kobborg assure la direction artistique de la Compagnie de ballet de l’Opéra national de Bucarest. Ancien danseur étoile du Ballet royal danois et du Ballet royal de Londres jusqu’en 2013, Johan Kobborg était déjà connu du public roumain grâce aux spectacles dans lesquels il a dansé aux côtés de sa partenaire, Alina Cojocaru.
Une année de direction artistique est un anniversaire pour Johan Kobborg : « Je suis encore là. C’est quelque chose qui mérite d’être célébré. J’ai eu une année fabuleuse. Je me suis vraiment réjoui de chaque moment, des moments faciles comme des plus difficiles. Je continue encore à apprendre… Mais cela a été merveilleux pour moi ! Vous savez quoi ? J’ai passé tant d’années comme danseur ! Même si j’ai été impliqué dans des décisions lorsqu’il s’agissait de la partie de production ou de chorégraphie, j’ai passé le plus clair de mon temps en dansant. J’ai aimé cette activité de directeur artistique beaucoup plus que je ne m’attendais. Evidemment, je savais que c’était ce que j’avais toujours voulu faire, mais pas avec un plaisir absolu. Voir ses idées ou visions devenir réalité est merveilleux ! Et dans beaucoup d’aspects, cela vous confère une sensation de plénitude plus que si vous étiez vous-même sur scène, pour vous. Ce n’est pas facile. Je savais que cela ne serait pas facile. Mais cela m’a vraiment inspiré. Même si je n’ai pas vu assez de choses dans ce pays, j’aime le sentiment que cette ville me confère ».
Entre danseur et chorégraphe, et ensuite manager, les responsabilités changent : « La profession de danseur est très égocentrique. Le monde est très petit, parce que l’on vit dans un ballon, où tout est sur vous, du lever au coucher. Bien évidemment, maintenant, c’est très différent. On essaie de faire ce qui est bien pour tout le monde. Il y a pourtant des périodes lorsque l’on fait moins de choses ou l’on sent que l’on ne fait pas assez. Ou d’autres encore, dans lesquelles on en fait trop. J’essaie de regarder chacun à part et de me mettre à sa place. Je fais tout ce que je peux pour chaque personne, mais en même temps, j’ai une responsabilité vis-à-vis de la compagnie, mais aussi à l’égard du théâtre et de sa mission, à l’égard du lieu que cette institution occupe dans la vie culturelle de la Roumanie. Et je dois aussi rendre le public heureux. Cela me plaît».
« Je sens que nous faisons des spectacles merveilleux et je sens une énergie extraordinaire venant de la scène, à chaque fois que je regarde des spectacles. Evidemment, c’est pour cela que la danse est créée », a avoué Johan Kobborg dans l’entretien. Un mois avant son arrivée à la direction du ballet de l’Opéra national, il présentait au public bucarestois, en tant que chorégraphe et danseur, le spectacle « La Sylphide », dans lequel il a évolué avec sa partenaire, Alina Cojocaru. Une fois manager artistique de la Compagnie de ballet, il propose une nouvelle stratégie dans la relation avec les artistes :
Johan Kobborg : « Quand j’y suis arrivé, j’ai constaté que dans les spectacles déjà montés étaient distribués, à chaque fois, les mêmes danseurs. Et je me demandais comment c’était possible, puisque c’est une grande compagnie. J’aimerais donc offrir plus de possibilités à un plus grand nombre de danseurs. Et je sens que c’est le bon choix, même si un certain danseur n’aura plus autant de spectacles dans le même rôle. Pourtant, cela donnera plus de chances aux danseurs, ce qui va entraîner une vague d’enthousiasme. La vie du danseur est très dure — aussi bien du point de vue physique que mental. Vraiment très dure. Et si l’on n’est pas motivé, si l’on ne sent pas que l’on a des chances réelles de monter sur scène, l’enthousiasme, qui est absolument nécessaire, disparaît. On a besoin de savoir que, si l’on travaille dur, on sera récompensé. »
Le répertoire du ballet de l’Opéra National de Bucarest repose sur l’idée que c’est une compagnie de danse classique — a souligné Johan Kobborg. Il a déploré le fait qu’un nombre croissant de grandes compagnies de danse classique s’orientent vers la danse contemporaine. « Tant que je serai là, cette compagnie restera classique. Ce qui ne signifie pas que nous n’aborderons pas d’autres styles ou d’autres manières de danser. Même si j’insère des créations contemporaines, je n’irai jamais dans les extrêmes, je garderai toujours le fondement classique » – a déclaré le directeur artistique du ballet de l’Opéra National de Bucarest.
Fin 2014, Johan Kobborg et la compagnie dont il a pris les rênes ont présenté le spectacle « La Fille mal gardée », dans la chorégraphie de Frederick Ashton, avec, à l’affiche, Alina Cojocaru et Johan Kobborg.
Quels sont les spectacles en préparation à l’Opéra National ? Johan Kobborg: « A part les spectacles du répertoire courant, en avril nous présenterons une trilogie comportant les ballets «Classical Symphony », « Petite Mort » et « Marguerite and Armand ». « Classical Symphony”, de Youri Possokhov, est peut-être un des spectacles classiques récemment créés les plus émouvants que j’aie jamais vus dans ma vie. Youri Possokhov est chorégraphe résident au Ballet de San Francisco et ancien danseur au Théâtre Bolchoï. Il est un des chorégraphes les plus talentueux des derniers temps. A mon avis, « Classical Symphony » sera un défi pour les danseurs, car non seulement le rythme en est très alerte, mais la technique classique est mise en quelque sorte sens dessus-dessous. « Petite Mort », de Jiří Kylián, est également très différent, comme spectacle. C’est la création la plus contemporaine parmi les trois, et elle aussi un défi, pourtant je sens que nos danseurs s’adapteront très bien à cette chorégraphie. Enfin, la création de Sir Frederick Ashton, « Marguerite and Armand », est un ballet en un seul acte que nous avons intégré au répertoire à l’intention notamment de nos danseuses ayant déjà toute une carrière derrière elles et qui offre également un grand rôle au danseur choisi pour le rôle masculin. »
La première du spectacle est prévue le 25 avril. Le 6 juin, les amateurs de ballet sont attendus à la première de « Giselle », titre classique obligatoire dans le répertoire des compagnies de ballet. Le spectacle, mis en scène par les chorégraphes Johan Kobborg et Ethan Stiefel, a été ovationné lors de sa première de 2012, en Nouvelle Zélande, où il a été présenté par le Royal New Zealand Ballet. (Trad. Ligia Mihaiescu, Dominique)