FNT au final
«Une sélection à l’image de ce qui se passe aujourd’hui dans la dynamique du théâtre roumain, depuis les petits spectacles — bijoux aux grands spectacles — bijoux, car la performance n’a pas de frontières et n’est chassée de nulle part, ni des lieux étroits, comme le kammerspiel (théâtre de chambre), ni des grandes scènes ; nous nous plaçons dans le sillage de la performance et voulons que toutes ces choses se voient clairement dans le cadre du Festival National de Théâtre. », faisait savoir Marina Constantinescu, la directrice artistique de la 24e édition du festival, au début de cette manifestation.
Luana Pleşea, 08.11.2014, 14:47
«Une sélection à l’image de ce qui se passe aujourd’hui dans la dynamique du théâtre roumain, depuis les petits spectacles — bijoux aux grands spectacles — bijoux, car la performance n’a pas de frontières et n’est chassée de nulle part, ni des lieux étroits, comme le kammerspiel (théâtre de chambre), ni des grandes scènes ; nous nous plaçons dans le sillage de la performance et voulons que toutes ces choses se voient clairement dans le cadre du Festival National de Théâtre. », faisait savoir Marina Constantinescu, la directrice artistique de la 24e édition du festival, au début de cette manifestation.
Comédiens, clowns, musiciens, danseurs et acrobates; airs d’accordéon, valses, chansons d’amour anciennes et chœurs traditionnels. Ce serait une bonne description du spectacle — événement du FNT 2014: “Donka — Lettre à Tchékhov”, une production de la compagnie suisse Finzi Pasca et du Festival international de théâtre Tchékhov, avec le texte et la mise en scène du célèbre Daniele Finzi Pasca. Maria Bonzanigo, co-fondatrice de la compagnie, s’associe à lui pour imaginer la chorégraphie et signe aussi la musique.
Lartiste a été présente à Bucarest et nous a raconté lhistoire de ce poème visuel. » Comme équipe de création, nous avons beaucoup travaillé sur le journal de Tchékhov. Nous avons tout lu, mais nous nous sommes surtout intéressés à son voyage à Sakhalin et à sa vie de médecin et de famille, mais aussi à lécrivain, au pêcheur … Donc à la personne, avec sa façon de penser et ses visions plutôt quà lartiste et à lécrivain. … Le spectacle donne nos images de Tchékhov, sans avoir la prétention de dire quil avait été comme ça ou comme ça. Ce sont nos visions et notre hommage à Tchékhov, un mélange de réalité et de rêve plein de lumière et de rêve porté par des interprètes très généreux et empathiques .”
Le spectacle avec « Les rhinocéros » dEugène Ionesco a lui aussi créé lévénement à la 24e édition du FNT. Mise en scène par Robert Wilson au Théâtre national de Craiova (sud), cette production a officiellement clôturé le festival, le 2 novembre. “ Cette nouvelle mise en scène est un triomphe. Robert Wilson a compris que ce nest plus une pièce de la Guerre froide. Quen fait, cest un état desprit …”, écrivait le critique de théâtre John Elsom.
Le jeune metteur en scène roumain Bobi Pricop, assistant de Robert Wilson pour « Les rhinocéros », raconte son travail :“Je crois quil a été attiré, avant tout, par les comédiens quil a rencontré ici, en Roumanie. Robert Wilson a vécu deux grands moments liés aux textes de Ionesco, quil a même rencontré dans les années 1970. Cest ça. Cest une rencontre, une collision que je serais incapable de théoriser. Pour moi, cest lélément vivant du spectacle : cette collision entre Ionesco et Wilson. Dailleurs, Eugène Ionesco a même dit, à un moment donné, quil souhaitait voir ses pièces mises en scène par Robert Wilson. Enfin cela arrive et je suis très heureux que ça se passe dans notre pays.”
Pour la première fois le FNT a eu aussi sa propre production. Il sagit de la célèbre comédie musicale West Side Story, mise en scène par le très connu chorégraphe Razvan Mazilu, accompagné par 21 jeunes comédiens. Razvan Mazilu explique pourquoi son spectacle sintitule aussi « Le manifeste dune génération », une idée qui appartient à la directrice artistique Mariana Constantinescu: « Nous nous sommes proposés initialement de faire un atelier consacré à la comédie musicale dans le cadre du FNT. Mais les choses ont évolué. Ainsi, sommes-nous arrivés à ce résultat qui est tout à fait spécial pour moi, puisque le projet a une signification particulière. Cest un projet qui parle de la générosité, un projet qui donne une chance à une jeune génération extrêmement douée, mais qui a très peu dopportunités dans le système théâtral roumain. West Side Story est un manifeste en soi. Un manifeste sur la liberté, la paix, lhumanité, le bonheur, sur les jeunes. Alors, jai trouvé que ce texte sappliquait très bien à ces jeunes artistes. Cest comme sil avait été écrit spécialement pour eux. »
Avant de terminer, la journaliste roumaine Irina Wolf, établie à Vienne et invitée au FNT, nous fait part de ses impressions sur cette manifestation culturelle, déjà traditionnelle à Bucarest: « Je trouve que cest une très bonne idée, qui suit les tendances internationales. La plupart des festivals ont leurs propres productions ou des coproductions avec dautres festivals. Les salles de spectacle ont été bondées, et le public a été notamment jeune. Et ce nétaient pas uniquement des étudiants de la faculté de théâtre. Ce désir des jeunes dy participer ma beaucoup réjouie. De même, jai trouvé lorganisation excellente. Je suis heureuse davoir découvert une nouvelle salle de spectacles à Otopeni (au nord de Bucarest). Et je ne saurais oublier non plus les transmissions quotidiennes en direct sur le site du journal adevarul.ro. Les spectacles étaient ainsi visibles sur Internet, à des heures accessibles, de sorte que les Roumains de létranger puissent les voir eux aussi et rester en contact avec le festival. »
Notons pour terminer que le FNT a été organisé par lUNITER du 24 octobre au 2 novembre et que Radio Roumanie compte parmi les partenaires traditionnels de cette manifestation. (trad. Ileana Taroi, Valentina Beleavski)