Les prix du Théâtre national radiophonique et le Festival « Grand Prix Nova »
Monica Chiorpec, 28.06.2014, 13:44
La deuxième édition du Festival international du théâtre radiophonique « Grand Prix Nova », organisée par la Société roumaine de radiodiffusion, s’est déroulée à Bucarest, du 16 au 21 juin, sous le haut patronage de Son Altesse Royale la princesse Margarita de Roumanie.
44 spectacles radiophoniques, provenant de 21 pays du monde entier sont entrés en lice cette année. Les organisateurs se sont donné pour but de promouvoir l’innovation dans le domaine des spectacles radiophoniques, par l’intermédiaire des moyens d’expression offerts par les nouvelles technologies.
Lors du gala du Festival international du théâtre radiophonique « Grand Prix Nova », accueilli par le Palais Elisabeta de Bucarest, le Théâtre national radiophonique a également décerné 3 prix spéciaux pour des rôles exceptionnels dans les premières radiophoniques de la saison 2013.
Attila Vizauer, rédacteur en chef de la Rédaction Théâtre de la Radio publique roumaine: « A mon avis, la décision de la Société roumaine de radiodiffusion d’accorder des prix aux comédiens qui créent des rôles extraordinaires dans les spectacles radiophoniques est excellente. Lorsqu’elle accorde ses prix annuels, l’Union Théâtrale de Roumanie réserve toujours une place au Théâtre radiophonique, qui figure dans une section à part. On fait des nominations et on choisit les meilleures productions de l’année. Cela nous honore. Le moment est venu de rendre, à notre tour, hommage aux grands comédiens qui trouvent assez de temps, de joie et d’intérêt pour entrer dans la distribution des spectacles de théâtre radiophonique. Nous espérons être à la hauteur de nos intentions et de nos souhaits. C’est le but du projet lancé cette année. Après l’évaluation des 17 productions de l’année 2013, le jury a décerné le prix d’interprétation féminine à la comédienne Rodica Mandache, le prix d’interprétation masculine au comédien Vlad Ivanov et un prix spécial début prometteur à la comédienne Ana-Maria Bălescu. »
La comédienne Rodica Mandache nous parle de Aniţa Nandriş-Cudla, le personnage qui lui a valu le prix d’interprétation au Festival du Théâtre National Radiophonique : « C’est une leçon de vie, une leçon de survie. La pièce raconte l’histoire d’une femme qui affirme que toute difficulté peut être surmontée si on a la foi et l’amour. On peut survivre avec des enfants en bas âge dans les champs, dans le désert. Ces deux sentiments — la foi et l’amour — sont un combustible qui alimente la machine de vie. Je ne pense pas qu’il y ait un seul spectateur qui ne se soit pas transformé sous l’impact de cette histoire. C’est un personnage qui change des habitudes, des mentalités, un personnage très beau, très fort. J’ai eu une chance extraordinaire, je ne pensais pas qu’elle allait m’être accordée. En réfléchissant à ce personnage, à cette femme, je me réjouis comme si j’avais fait mon devoir en remportant ce prix pour elle. »
Le jury du Festival international de théâtre « Grand Prix Nova » a été formé de personnalités et de professionnels renommés: l’écrivain et metteur en scène italien Idalberto Fei, président du jury, Alison Hindell, rédactrice en chef du Département de Théâtre de la BBC, Marina Bagdasaryan, productrice à Radio Culture de Russie, Cristina Modreanu, critique de théâtre et Domnica Ţundrea, réalisatrice à la Rédaction théâtrale de Radio Roumanie. Les spectacles gagnants ont impressionné par les histoires émouvantes, par l’évolution des comédiens interprétant les différents rôles, par les techniques novatrices du son.
Attila Vizauer : « La première place dans la catégorie « théâtre radiophonique » a été adjugée par la production roumaine Metamorfoza” (La Métamorphose), de Ioan Andrei Puican (Radio Roumanie). Une autre production du même metteur en scène, Le compte à rebours” a remporté le deuxième prix dans la section Théâtre en court. Les deux spectacles se font remarquer par un langage qui va en s’épanouissant, au fil des sons et des émotions. Le rythme, les montages, les changements de plan, les flash-backs, tout s’agence en une vision moderne, intéressante et provocatrice. Les thèmes abordés relèvent de l’actualité. L’auditeur est à chaque fois profondément surpris par la transfiguration artistique de son quotidien. Et je ne me réfère pas seulement à ces deux spectacles roumains, mais aussi au don extraordinaire de Dimitrie Nicolaev, le metteur en scène de Radio Culture de Russie dont la saynète Happy birthday, darling!” a décroché le premier prix dans la section de Théâtre en court. Le célèbre vœu est chanté par un personnage masculin et un autre féminin, à des rythmes et sur des tons différents. C’est à travers le changement de ton et de rythme que se dévoile la belle histoire des deux protagonistes. C’est plus qu’un spectacle en musique. Quant aux productions allemandes de Berlin et Baden-Baden, elles se distinguent par les scénarios d’un grand raffinement intellectuel, dont l’un inspiré par James Joyce. Enfin, les sonorités créent une architecture ample et souple à la fois, ce qui fait d’ailleurs la spécificité des créations de 2014.”
Sur le spectacle qui a remporté la première place à la section de Théâtre radiophonique, voici les propos du critique de théâtre Cristina Modreanu : « Un spectacle qui m’a beaucoup touchée et qui avait aussi cette partie d’innovation a gagné le premier prix à la section de Théâtre radiophonique. Il s’agit de « La Métamorphose », un scénario de Ioan Puican, vaguement inspiré par Kafka. C’est l’histoire d’un personnage contemporain, dans un environnement corporatiste et de travail sans aucune récompense réelle. Une histoire contemporaine inspirée par une œuvre classique. Outre le fait qu’elle a très bien été réalisée du point de vue acoustique, c’est un spectacle véritable, qui évoque le monde agressif au quotidien, qui suffoque et terrorise les personnes plus sensibles. Tous ces états étaient induits de façon sonore, tout à fait spectaculaire. »
Le théâtre radiophonique est une des formes de manifestation artistique les plus complexes, tout spectacle du genre étant un vrai défi tant pour les professionnels de la scène que pour ceux de la radiodiffusion. (Trad. : Mariana Tudose, Ligia Mihăiescu, Dominique)