Le Salon international du livre Bookfest
Un million de volumes mis en vente, des milliers de nouveaux titres, trois cents événements culturels, projections cinématographiques, lancements et débats – voilà en résumé le menu de la neuvième édition du Salon international du livre Bookfest qui vient de fermer ses portes à Bucarest. Sur l’ensemble des surprises réservées au public, notons la rencontre avec les oeuvres de plusieurs écrivains injustement bannis du paysage culturel contemporain.
Monica Chiorpec, 26.07.2014, 13:00
Un million de volumes mis en vente, des milliers de nouveaux titres, trois cents événements culturels, projections cinématographiques, lancements et débats – voilà en résumé le menu de la neuvième édition du Salon international du livre Bookfest qui vient de fermer ses portes à Bucarest. Sur l’ensemble des surprises réservées au public, notons la rencontre avec les oeuvres de plusieurs écrivains injustement bannis du paysage culturel contemporain.
Qui sont-ils, ce sera à la romancière Nora Iuga de vous le dire: Je pense être restée la seule parmi nos écrivains contemporains à avoir connu personnellement certaines de nos grandes poétesses disparues de ce monde. Cette année, on marque le centenaire de Maria Banus, ce qui explique les nombreux événements qui lui sont consacrés et auxquels je suis invitée à parler de son oeuvre. Ou bien, prenons l’exemple de Nina Cassian, de quelques années la cadette de Maria Banus. Lors du Salon du livre Bookfest, la linguiste et la romancière Sanda Golopentia m’a offert un exemplaire de son bouquin Notre vie” où elle parle de sa mère Stefania Golopentia, qui fut parmi mes professeurs préférés au lycée et grâce à laquelle je me suis consacrée à la poésie”.
La poétesse Maria Banus a débuté en 1937 avec le volume en vers Au pays des filles”, un livre qui a toute de suite suscité l’intérêt de la critique notamment du célèbre George Calinescu qui a choisi de l’inclure dans son Histoire de la littérature roumaine depuis ses origines jusqu’à présent”. Nora Iuga nous en parle: J’ai connu Maria Banus à l’époque où le régime communiste a choisi de la bannir et ce mot n’est pas trop fort, croyez-moi. Personne ne lui adressait plus la parole, tout le monde lui tournait le dos. C’était la période des années 1971-1972, juste après la révolution culturelle. Ses fils vivaient en Occident à une époque où l’on n’osait même pas y rêver et Maria Banus en a souffert beaucoup. Tout cela se passait sous les communistes, à dix ans du moment de gloire de Maria Banus quand elle était considérée comme un véritable sommet de la littérature roumaine. Je me suis toujours dit qu’il devait être terrifiant de se retrouver au fond d’un abîme après une ascension tellement spectaculaire. Je pense que Maria Banus a traversé une période de grande souffrance devenue d’un jour à l’autre de plus en plus atroce. A l’occasion de son 75 anniversaire, j’ai écrit un article dans le journal La Roumanie littéraire où j’affirmais que Maria Banus était bien la seule poète roumaine qui méritait de se voir attribuer le syntagme de grande dame de la poésie roumaine. On m’a reproché de l’avoir mise sur un piédestal”.
La neuvième édition du Salon du livre Bookfest a choisi de mettre à l’honneur la littérature polonaise. Sous le slogan Quo vadis la Pologne? Vers le prochain Nobel de littérature”, l’Institut polonais de Bucarest a préparé une série d’événements littéraires censés promouvoir la littérature polonaise, tout en suscitant l’intérêt du public vis-à-vis des écrivains contemporains. On passe le micro à Ciprian Macesaru, poète et romancier roumain. J’ai participé à deux lancements de livre d’auteurs polonais. Il s’agit en tout premier lieu d’une anthologie de poésie signée Wisława Szymborska, une des grandes poétesse de la Pologne et secondo, du roman Solitude sur le net, de Janusz Wiśniewski. Pour ce qui est de l’anthologie en vers de Wisława Szymborska, prix Nobel de littérature en 1996, il convient de mentionner le fait qu’elle regroupe aussi des poèmes extraits des derniers volumes ce qui nous offre l’occasion de remarquer la force de réinvention du langage poétique. Bien que les thèmes majeurs restent les mêmes, lauteure arrive pourtant à se pencher vers le concret et le quotidien. Il y a par exemple une poésie extraordinaire sur les attaques du 11 septembre. Ou une autre qui parle du racisme ou des choses qu’on doit accepter pour vivre dans une société comme la nôtre. Szymborska ne cesse pas de dresser une parallèle entre la fragilité humaine et la force d’un Univers impénétrable et taciturne. Par contre, si l’on parle du deuxième volume, à savoir du roman de Wiśniewski, disons que dans ce cas, on retrouve un écrivain tout à fait différent, issu d’un domaine scientifique et qui s’est consacré assez tard à la littérature. D’ailleurs « Solitude sur le net » est son premier roman et le livre a bien cartonné auprès du public. Rien qu’en Russie, le roman s’est vendu en un million d’exemplaires et il en est à sa onzième édition. En Pologne, le roman a été porté à l’écran ».
Pour conclure, disons que le public de cette neuvième édition du Salon a eu libre accès à la salle de cinéma d’art Bookfest pour voir des productions primées lors des festivals internationaux et offertes par les Instituts culturels magyar français et polonais de Bucarest ainsi que par l’Ambassade du Royaume de Norvège…(trad.: Ioana Stancescu)