Mémoires de la bibliothèque idéale
Les « Mémoires de la bibliothèque idéale », écrites par le prosateur et mathématicien Bogdan Suceavă, professeur à l’Université d’Etat de Californie, sont des essais ayant pour thème la rencontre avec les mathématiques, rencontre essentielle pour l’auteur. Le volume, paru aux Editions Polirom, est le premier qu’un des écrivains roumains les plus importants de la nouvelle vague consacre à sa profession : « Je me considérais un solutionneur de problèmes avant tout autre chose. Il me semblait évident que l’expression la plus claire de l’intelligence devrait être d’identifier une solution précise, optimale, qu’il s’agisse de littérature ou de mathématiques », disait-il. Nous avons demandé à l’auteur des romans « La nuit quand quelqu’un est mort pour toi » et « Venant du temps dièse » qu’est-ce que c’est qu’une « solution précise » en littérature. « S’il s’agit d’écrire un roman, la solution commence par la voix du narrateur, par le choix du moment quand toute l’histoire devrait se terminer, en préparant un final bien calculé. On réfléchit quels personnages mettre au premier plan et où la tension doit démarrer dans le roman. Tout cela relève de la solution littéraire et les choses peuvent être très compliquées si vous y impliquez beaucoup de personnages. Cette fois-ci, j’ai eu l’occasion de raconter comment certaines choses que nous apprenons en mathématiques nous aident finalement dans d’autres champs de la vie culturelle, et surtout en littérature ».
Corina Sabău, 11.01.2014, 13:00
Les « Mémoires de la bibliothèque idéale », écrites par le prosateur et mathématicien Bogdan Suceavă, professeur à l’Université d’Etat de Californie, sont des essais ayant pour thème la rencontre avec les mathématiques, rencontre essentielle pour l’auteur. Le volume, paru aux Editions Polirom, est le premier qu’un des écrivains roumains les plus importants de la nouvelle vague consacre à sa profession : « Je me considérais un solutionneur de problèmes avant tout autre chose. Il me semblait évident que l’expression la plus claire de l’intelligence devrait être d’identifier une solution précise, optimale, qu’il s’agisse de littérature ou de mathématiques », disait-il. Nous avons demandé à l’auteur des romans « La nuit quand quelqu’un est mort pour toi » et « Venant du temps dièse » qu’est-ce que c’est qu’une « solution précise » en littérature. « S’il s’agit d’écrire un roman, la solution commence par la voix du narrateur, par le choix du moment quand toute l’histoire devrait se terminer, en préparant un final bien calculé. On réfléchit quels personnages mettre au premier plan et où la tension doit démarrer dans le roman. Tout cela relève de la solution littéraire et les choses peuvent être très compliquées si vous y impliquez beaucoup de personnages. Cette fois-ci, j’ai eu l’occasion de raconter comment certaines choses que nous apprenons en mathématiques nous aident finalement dans d’autres champs de la vie culturelle, et surtout en littérature ».
Des rencontres par livres interposés avec les idées de scientifiques disparus (Huygens, Newton, Meusnier, Euler, Sophie Germain entre autres), mais aussi des rencontres directes avec des personnes qui ont marqué l’évolution de l’auteur composent les « Mémoires de la bibliothèque idéale ». C’est un volume qui s’adresse à tout lecteur, et non seulement aux personnes s’y connaissant en mathématiques. Il y présente aussi l’Ecole de géométrie de Bucarest qui a développé, pendant plus d’une centaine d’années, un programme académique consistant, à qui Bogdan Suceavă doit le début de sa formation. Gheorghe Ţiţeica, Dan Barbilian, Nicolae Teodorescu, Solomon Marcus, Ieronim Mihăilă, Basarab Nicolescu sont quelques-uns des mathématiciens roumains auxquels l’auteur rend hommage en écrivant ses mémoires.
« Si le rêve des mathématiciens pur sang est de démontrer des théorèmes qui soient baptisés de leur nom, mon rêve a été de comprendre jusqu’à leur ultime conséquence non seulement certaines idées mathématiques, mais aussi leur origine, leur filiation historique, leur évolution dans le temps » – écrit Bogdan Suceavă.
Nous reprenons une question à laquelle l’écrivain cherche une réponse dans son livre « Mémoires de la bibliothèque idéale ». Quelle est la raison d’être des mathématiciens dans un monde pressé et frivole ? « C’est pour rappeler qu’il y a des coins dans l’univers où la logique est monnaie courante. On a besoin de mathématiciens parce qu’il doit y avoir dans ce monde des gens qui évitent les compromis éthiques, des gens qui restent éveillés lorsque les autres partent à la dérive. Des gens qui posent des questions, des questions tellement difficiles, que seul un véritable effort intellectuel puisse mener à une réponse précise, où toutes les catégories sont clairement délimitées. Or, depuis 20 ans, en Roumanie, je peux dire que nous avons bénéficié uniquement de moments de divertissement et de frivolité. Pourtant, nous pouvons reconsidérer le passé et nous demander ce qui reste à réparer, à sauver dans l’espace public. »
Après des études à l’Université de Bucarest, où il a obtenu son diplôme de mathématiques et son master spécialité géométrie, Bogdan Suceavă remporte également son doctorat en 2002 à l’Université d’Etat du Michigan, East Lansing. Consacrer sa vie à l’étude des mathématiques peut s’avérer très difficile pour les chercheurs d’Europe Orientale — estime Bogdan Suceavă. Pourtant, pour les chercheurs occidentaux c’est aussi un défi, certains d’entre eux ont des contrats à durée déterminée. Bogdan Suceavă. « Pour moi, cela est devenu un plus facile à mesure que j’ai appris ce que j’avais à faire. Tout ce que j’enseigne dans mon cours est mentionné dans mon livre. C’est là la partie autobiographique la plus importante du livre. Pourtant, le livre ne rappelle qu’une partie des thèmes de géométrie avec lesquels je suis entré en contact grâce à mes professeurs de l’Université de Bucarest et plus tard de l’Université d’Etat du Michigan. Et c’est pourquoi ce livre est très subjectif, il est une sorte d’histoire de la géométrie vue sous un angle très personnel. »
Le livre « Mémoires d’une bibliothèque idéale » paru aux Editions Polirom dans la collection « Ego-grafii » est également disponible en format électronique.