Le dramaturge Szekely Csaba, gagnant du prix Imison
Début 2013, l’écrivain Csaba Székely, de Târgu Mureş, ville du centre de la Roumanie, se voyait accorder par la Société des Auteurs du Royaume-Uni le prix Imison, qui récompense le meilleur scénario d’un dramaturge débutant. Il devient ainsi le premier écrivain étranger à recevoir cette distinction. Le scénario primé qui s’intitule Do You Like Banana, Comrades?”, avait déjà été distingué en mai 2009 du prix de la meilleure pièce européenne, lors du concours organisé par la BBC, laquelle en a par la suite diffusé l’adaptation radiophonique. Do You Like Banana, Comrades?”est la première pièce de théâtre écrite par Csaba Szekely, connu auparavant pour sa prose courte.
Luana Pleşea, 14.09.2013, 13:00
Début 2013, l’écrivain Csaba Székely, de Târgu Mureş, ville du centre de la Roumanie, se voyait accorder par la Société des Auteurs du Royaume-Uni le prix Imison, qui récompense le meilleur scénario d’un dramaturge débutant. Il devient ainsi le premier écrivain étranger à recevoir cette distinction. Le scénario primé qui s’intitule Do You Like Banana, Comrades?”, avait déjà été distingué en mai 2009 du prix de la meilleure pièce européenne, lors du concours organisé par la BBC, laquelle en a par la suite diffusé l’adaptation radiophonique. Do You Like Banana, Comrades?”est la première pièce de théâtre écrite par Csaba Szekely, connu auparavant pour sa prose courte.
Le succès de sa première pièce de théâtre l’a encouragé à en écrire une autre, Fleurs de mine” destinée, cette fois-ci, à la scène. Ce fut un deuxième succès, car en 2011, au Festival national de théâtre de Pecs, en Hongrie, elle remporta le prix Vilmos” du meilleur texte. Premier volet d’une trilogie, elle allait être suivie par Ténèbres de la mine” et Eau de mine”. Mises en scène aussi bien en Roumanie qu’en Hongrie, les deux premiers textes ont décroché des prix importants. Quant au troisième volet de la trilogie, Eau de mine”, il a gagné un concours de dramaturgie organisé par le Théâtre Orkeny Istvan” de Budapest et sera mis en scène cette année même.
Bref, beaucoup de prix raflés en seulement quelques années.« C’est vrai que j’ai reçu pas mal de prix ces deux dernières années. Quand je croise une vieille connaissance que je n’ai pas vue depuis un certain temps, on me demande invariablement si j’ai reçu un nouveau prix. C’est que la chose n’est pas habituelle par chez nous. Ces prix me donnent bien de la force. Je n’étais pas du tout sûr de moi quand je me suis mis à écrire pour le concours organisé par la BBC. Ce sentiment d’incertitude ne m’a pas encore quitté… J’ignore toujours si j’ai assez de talent pour l’écriture ou si j’arriverai à écrire une bonne pièce. Voilà pourquoi les prix me donnent des ailes et me poussent à poursuivre mon travail. »
L’action des trois pièces de la trilogie se passe dans un même village minier de Transylvanie. Si le langage et les personnages se ressemblent, la problématique abordée est différente.« Ce qui m’intéresse le plus ce sont les réactions des gens dans telle ou telle circonstance ou encore ce que veut dire «être un homme» ou «être quelqu’un de bien». Ces notions deviennent plus accessibles quand on traite des problèmes sociaux. Ils existent depuis toujours, mais à présent ils sont un peu plus spécifiques, du moins dans les villages de Transylvanie aux habitants de souche hongroise. Comme ces pièces ont été aussi jouées en Hongrie, j’ai pu constater, d’après les réactions des spectateurs, que les situations de vie présentées étaient connues de ce public. Dans la deuxième partie de la trilogie, je traite de la corruption et du nationalisme. Le public, soit-il de Roumanie ou de Hongrie, s’est montré très ouvert à cette problématique universelle. «Fleurs de mine» parle d’alcoolisme, du manque d’emplois, du taux élevé de suicide. Enfin, la troisième pièce, Eau de mine”, a pour thème la religion. L’action se passe dans la maison du prêtre. On fait la connaissance du prêtre et de l’instituteur du village. Il y est question de l’éducation spirituelle, de l’enseignement en Transylvanie, de l’échec de l’éducation, mais aussi de sujets embarrassants pour d’aucuns, tels que la pédophilie au sein de l’église. »
Csaba Szekely place ces problèmes dans leur contexte social. Dans cette approche, qui lui a d’ailleurs valu le succès, il a eu comme repère les écrits de Tchekhov.« J’ai beaucoup à apprendre de Tchekhov, notamment de sa dramaturgie, de la structure de celle-ci, mais aussi de sa psychologie, de la manière dont il analyse le cœur russe et l’amour ou bien la mélancolie… J’aime beaucoup les phrases de Tchekhov. Il les réalise d’une manière intense et très simple. Il semble parler de la météo et pourtant il dit tout sur l’âme. J’ai moi même essayé avec mes propres techniques de faire de même. Je ne suis pas un pessimiste, au contraire, je suis assez optimiste, mais c’est le scepticisme qui me caractérise le plus souvent. Je suis plus optimiste que mes pièces et je crois que mon optimisme se voit dans l’humour que j’utilise dans ces pièces. A mon avis je dois être plus tragique et plus pessimiste lorsque j’écris, parce qu’autrement les gens perdent leur intérêt. Mon message ne touche plus le public. Pour moi il est très important que le public soit touché par ce qu’il voit sur scène. »
A l’heure actuelle, Csaba Szekely écrit une pièce pour les comédiens de Figura Studio Gheorgheni, qui sera mise en scène par Alexandru Dabija. Celui-ci mettra en scène aussi la pièce que le dramaturge écrira spécialement pour les comédiens Marcel Iures et Nicu Mihoc, une pièce de théâtre imaginée comme un spectacle itinérant. Csaba Szekely s’apprête aussi à entrer dans le monde du film. Pour le mois d’avril, il écrira une adaptation pour la télévision de la pièce « Fleurs de mine ».
Csaba Szekely participe aussi à un concours en Hongrie avec une pièce sur le prince régnant valaque Michel le Brave, sous le règne duquel les trois Etats moyenâgeux roumains de Valachie, Moldavie et Transylvanie ont été réunis pour une courte période de temps.
(trad. Mariana Tudose, Alex Diaconescu)