Distinction européenne pour la Réserve de la biosphère du Delta du Danube
Eugen Coroianu, 30.10.2020, 13:25
Le Conseil
de l’Europe a remis le Diplôme européen des aires protégées, décerné cette
année, pour la troisième fois, à l’Administration de la Réserve de la biosphère
du Delta du Danube, sise à Tulcea, dans le sud-est de la Roumanie. Emise par le
Conseil de l’Europe, la distinction est l’une des plus prestigieuse qu’il soit
dans le domaine, eu égard tant les critères scientifiques à respecter par les
candidats, que le mécanisme de suivi continu que cette reconnaissance
présuppose.
Obtenue par le Delta roumain pour la première fois en l’an 2000, la
prestigieuse distinction européenne reconnaît de la sorte l’importance de la
flore et de la faune de la Réserve de la biosphère du Delta roumain,
caractérisée par une extrême diversité, et par son importance en termes de biologie,
de culture et de valeur de ses paysages, ainsi que l’affirme Ion Munteanu,
l’actuel gouverneur de la Réserve. « Notons tout
d’abord l’importance du patrimoine naturel du Delta. Je parle en particulier de
la flore et de la faune, de la variété des habitats et de l’écosystème abrité
par le Delta. Ensuite, il s’agit d’une reconnaissance de la qualité de la
conservation réalisée, une conservation qui répond à toutes les exigences de
l’Union européenne en la matière. Et, sans me vanter, je dois dire que nous
avons rempli l’ensemble de ces exigences, vu notamment le grand nombre de
projets de réhabilitation et de conservation que nous avons mis sur pied afin
d’arriver à réhabiliter les zones du Delta affectées par l’action humaine au
fil du temps. Il s’agit de près de 16 mille hectares où l’homme était intervenu,
pour faire des aménagements piscicoles, et qui ont été rendus à la vie sauvage
grâce à nos efforts. Les experts européens ont pu constater à l’occasion les
résultats de ce travail gigantesque de réhabilitation. Je dois dire que les
actions que nous avons déroulées ont pu s’appuyer sur les compétences d’un
corps d’experts reconnus, formés aussi bien en Roumanie qu’à l’étranger, ainsi
que sur l’efficacité de l’action de nos gardes-chasses, qui connaissent et
maîtrisent la situation dans chaque aire protégée de la Réserve de la Biosphère
du Delta du Danube. », a-t-il dit.
A l’occasion de la remise de la
prestigieuse distinction, le Conseil de l’Europe a néanmoins formulé une série
de recommandations, pour inclure les dernières données et les dispositifs
légaux relatifs au changement climatique dans le plan de management de la
Réserve, pour assurer la conservation à long terme des espèces endémiques. Le
Conseil a aussi souligné la nécessité d’assurer à l’administration de la
Réserve un financement adapté à ses besoins, et d’augmenter le nombre de
personnels de cette administration essentielle à la bonne gestion de la
Réserve. L’évaluation qui a précédé l’attribution de la distinction a pris en compte
en égale mesure les résultats de l’analyse des dossiers préparés par les
spécialistes roumains, que le résultat des missions d’évaluation effectuées,
sur le terrain, par des experts indépendants. Le rôle de cette distinction est de
reconnaître, d’une part, l’effort déjà consenti par certains Etats membres de
l’UE dans la préservation de l’environnement, et, d’autre part, de les encourager
dans la poursuite de cette dynamique vertueuse. Le gouverneur du Delta explique les principaux défis que son Administration devra affronter dans les
années à venir: « Cette année a
été totalement atypique à plus d’un titre. Les gens n’ont plus passé leurs
vacances à l’étranger, mais au pays, ce qui a amené un afflux important de
touristes, certes intéressés de découvrir les beautés de notre Delta. Les
régions côtières, les plages, ont aussi été prises d’assaut, notamment celles
de Vadu et de Corbu, accessibles en voiture. Le volume du trafic des chaloupes
à moteur dans le Delta même a été à la hausse, en ignorant parfois les
limitations de vitesse. En ce qui nous concerne, nous avons mené des campagnes
de prévention et de sensibilisation, car les touristes ne se sentent pas
toujours concernés d’office par le fait qu’ils se trouvent dans une zone
protégée. La surpêche représente encore un problème. L’on parle de braconnage,
mais il ne s’agit pas à proprement parler de braconnage, mais plutôt d’une
pêche excessive, qui n’est pas déclarée en totalité, et qui trouve des
débouchées sur le marché noir. », a -t-il affirmé.
Le Delta du Danube bénéficie d’un triple statut
international. En effet, déclaré réserve de la biosphère dans le cadre du
programme de l’UNESCO « L’homme et la biosphère », il fait également
partie de la convention Ramsar pour la protection des espèces aquatiques, enfin
il est inscrit au Patrimoine mondial naturel et culturel de l’UNESCO. Inclus
également dans le réseau européen Natura 2000, le Delta du Danube comprend
trois aires protégées et 20 aires strictement protégées, bénéficiant du statut
de réserve scientifique. C’est là qu’élisent domicile 4 mille familles de
pélicans, soit la colonie de pélicans la plus grande d’Europe, 320 familles de pélicans
frisés, espèce en danger, 22 colonies de cormoran et 70 autres colonies de
différentes espèces d’oiseaux aquatiques. Plus de 20.000 exemplaires d’oiseaux
aquatiques trouvent chaque année refuge dans le Delta du Danube, sans parler de
la beauté des paysages, qui font de cette région une fierté européenne. (Trad.
Ionuţ Jugureanu)