Protéger les forêts séculaires de Roumanie
La Roumanie continue davoir des forêts vierges, dépourvues de routes ou de sentiers, aux espèces autochtones darbres de tous âges, allant dun an à des centaines dannées. Dans ces écosystèmes stables, vu quils pourrissent, les arbres tombés réintègrent le circuit naturel par labondance de vie créée. Dans ces forêts, personne ne chasse, personne ne cueille des fruits des bois ou des plantes médicinales. Les forêts quasi-vierges sont celles où des coupes ont été pratiquées, mais lintervention a été très limitée ; cest pourquoi la forêt sest rapidement régénérée. Jusquil y a peu, le sol de 80% des forêts roumaines navait jamais été foulé par les êtres humains.
România Internațional, 28.07.2017, 12:56
La Roumanie continue davoir des forêts vierges, dépourvues de routes ou de sentiers, aux espèces autochtones darbres de tous âges, allant dun an à des centaines dannées. Dans ces écosystèmes stables, vu quils pourrissent, les arbres tombés réintègrent le circuit naturel par labondance de vie créée. Dans ces forêts, personne ne chasse, personne ne cueille des fruits des bois ou des plantes médicinales. Les forêts quasi-vierges sont celles où des coupes ont été pratiquées, mais lintervention a été très limitée ; cest pourquoi la forêt sest rapidement régénérée. Jusquil y a peu, le sol de 80% des forêts roumaines navait jamais été foulé par les êtres humains.
Aujourdhui, seuls 2/3 dentre elles sont vierges et quasi-vierges. Même ainsi, la Roumanie détient la plus grande superficie de forêts séculaires dEurope. Les hêtraies du bassin de la rivière Nera, les mélanges de sapin et de hêtre de Sinaia, les mélanges de hêtre, de sapin et dépicéa commun de Bucovine, la forêt séculaire Slătioara, les rouvraies des Monts Zarand (ouest) ou de Cozia (sud) ne sont que quelques-unes des forêts les mieux conservées de Roumanie. Une partie dentre elles sont portées sur la liste avancée à lUNESCO en vue de figurer au Patrimoine mondial.
Valentin Sălăgeanu, coordinateur de campagnes de Greenpeace, nous a déclaré : «En 2005, une étude faite au niveau national a indiqué que nous avions environ 218.000 ha, et létude nétait même pas complète. Les 10 années suivantes, à peu près la moitié de ces forêts auront été détruites. Malheureusement, une grande partie de cette destruction a eu lieu de manière légale, parce que jusquen 2012, il ny avait aucune disposition légale qui reconnaisse la valeur de ces forêts. Et alors, ces écosystèmes de si grande valeur ont été détruits ou coupés, le tout étant conforme à la loi. Depuis 2012, une série de critères et dindicateurs ont été introduits pour que ces forêts soient faciles à identifier. Une mesure de protection a été prise, mais elle nétait que partielle, et absolument insuffisante. De ce fait, même après 2012, lorsque la reconnaissance légale de ces forêts existait, une partie dentre elles ont encore été détruites. Aujourdhui, en 2017, nous avons, selon les estimations optimistes des ONGs denvironnement, Greenpeace comprise, le plus probablement 120.000 ha. La moitié ont donc été détruites.»
Pour que ces forêts séculaires qui nous restent soient protégées sur le long terme, à la fin de lannée dernière, la création dun Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges a été décidée. Ce processus présuppose plusieurs étapes de travail, disait Valentin Sălăgeanu : « La première chose à faire, cest que la loi de lannée dernière, en vertu de laquelle une forme légale de protection est instituée – à savoir ce Catalogue – soit améliorée. Il y a certains blocages dans la procédure didentification et de reconnaissance de ces forêts qui font que les efforts des ONGs ne connaissent pas le succès. La deuxième chose quil faut nécessairement faire, cest que largent mis de côté dans le Fonds pour lenvironnement, à savoir 2,5 millions deuros pour identifier et cartographier ces forêts, soit utilisé par un appel doffres public, pour que le process soit rapide et que nous puissions inventorier ce quil reste. Le 3e aspect, extrêmement important, cest que tout le monde, à commencer par le ministère des Eaux et des Forêts, Romsilva, les propriétaires privés, les ONGs, arrive à la conclusion que la coopération est nécessaire. A défaut, nous perdons un patrimoine pour toute lEurope. Et cest dommage, car de tels écosystèmes une fois perdus, sont impossibles à refaire. »
La vaste majorité de ces forêts appartient à lEtat, mais aussi à des propriétaires privés. Cest pourquoi les propriétaires de forêts se verront accorder des compensations, assure Valentin Salageanu : « Jusquici – quelques oppositions de la part des propriétaires privés, parce quune fois classées dans ce catalogue, ces forêts ne pourront plus être exploitées économiquement. Donc les propriétaires navaient plus rien à gagner une fois leurs forêts étaient inscrites dans ce registre. En échange, nous avons à compter de la fin de lannée dernière une décision de la Commission européenne par laquelle les propriétaires qui perdent des rentrées potentielles générées par les forêts se voient accorder des compensations. Donc le gouvernement en place doit tout simplement appliquer cette décision de la Commission européenne pour que les propriétaires privées soient dédommagés et pour quaucun obstacle à la protection de ces bois nexiste plus. Ces compensations sélèveraient à 500 euros par hectare et par mois. »
Les forêts incluses au Catalogue seront soumises à un régime plus strict de protection, aucun chantier ni nulle autre activité humaine ne sera plus permise dans un bois séculaire. Les seules activités permises seront la recherche, léducation et les visites touristiques.
Valentin Salageanu : « En fait, ce catalogue est une base de donnés, disponible au grand public qui inclut toutes les informations liées à ces bois. Une fois les forêts incluses dans ce catalogue, leur statut change, on ne peut plus opérer aucune intervention forestière. Donc, on introduit chaque hectare, avec son emplacement précis, ses coordonnées GPS, avec leur nom, tout bois ayant ce statut de bois vierge ou quasi-vierge. Jusquici, 13 mille hectares de telles forêts ont été répertoriés. Dans la deuxième phase, les 24 mille hectares de forêts de hêtre proposés sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO seront réévalués et inclus au Catalogue puisquils sont également en train de disparaître. Puis, dans la troisième phase, par un effort commun, tous les facteurs intéressés commenceront à rédiger des cartes avec les forêts vierges que nous possédons et dont on ne connaît pas encore lemplacement ».
Selon des estimations, en une année, le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges sera complet et disponible sur le site du ministère des Eaux et des Forêts de Roumanie. (Trad. Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)