Projet de développement des communautés rurales du Delta du Danube
Unique zone deltaïque à être classée Réserve de la biosphère sous l’égide de l’UNESCO, le delta du Danube est le troisième au monde pour ce qui est de la richesse de sa biodiversité, après la Grande barrière de corail et l’archipel des Galápagos.
România Internațional, 27.03.2015, 15:46
Unique zone deltaïque à être classée Réserve de la biosphère sous l’égide de l’UNESCO, le delta du Danube est le troisième au monde pour ce qui est de la richesse de sa biodiversité, après la Grande barrière de corail et l’archipel des Galápagos.
Malgré l’énorme potentiel touristique de la contrée, ses habitants sont très pauvres. Ils manquent de tout élément de confort, comme l’eau potable ou les réseaux d’assainissement, n’ont pas d’emplois ni ne bénéficient de soins de santé. Economiquement défavorisée, cette zone a donc besoin de projets de développement durable et de l’appui des autorités.
La mise en valeur des métiers artisanaux et des traditions locales, les excursions sur les lacs et les canaux, la cuisine du terroir à base de poissons, ce ne sont que quelques-unes des activités censées augmenter les chances de développer cette région. Malheureusement, l’offre en matière de services de qualité n’est pas très riche. Cela s’explique notamment par l’absence d’une infrastructure adéquate et du personnel qualifié du secteur touristique.
Puisque de plus en plus de touristes du pays et de l’étranger s’intéressent aux vacances passées au cœur de la nature, l’Association « Ivan Patzachin — Mila 23 » propose une nouvelle modalité de faire du tourisme dans le delta du Danube. Un tourisme responsable qui établisse un équilibre entre d’une part la valorisation du patrimoine (biodiversité, traditions, communauté de pêcheurs), de l’autre le volet économique se traduisant par un tourisme de qualité, qui rapporte de l’argent.
Il s’agit du projet « Lotca Habitat: Pescaturism în Delta Dunării », « La Barque à rames – habitat — Tourisme de pêche dans le delta du Danube », un concept nouveau en Roumanie, mais très répandu déjà en Europe. Détails avec Teodor Frolu, vice-président de l’Association « Ivan Patzachin — Mila 23 »: « Il s’agit d’offrir au visiteur l’expérience d’une demi-journée ou d’une journée passée aux côtés d’un pêcheur. Ils vont ensemble à la pêche, en utilisant les barques à trames traditionnelles, appelées lotci. Comme il existe plus d’un endroit propice à la pêche, cette activité est également un loisir, car elle s’accompagne de belles promenades aussi. Ensuite, une fois le poisson capturé, touriste et pêcheur vont ensemble chez ce dernier et se mettent à le cuisiner selon les recettes traditionnelles. Le poisson devient ainsi un produit à valeur ajoutée, économiquement parlant. Bref, on a affaire à un séjour différent, inoubliable pour tout visiteur venu de Roumanie ou d’ailleurs ».
Les représentants de l’Association « Ivan Patzaichin Mila 23 » ont passé en revue les bénéfices de ce projet. Teodor Frolu :« La pression sur les populations de poissons baissera parce que la quantité du poisson pêché diminuera. Tout poisson pêché dans le delta sera intégré au circuit économique, c’est-à-dire vendu aux touristes à un prix plus élevé puisqu’il sera cuisiné. Donc en pêchant moins, le pêcheur gagne plus. La deuxième chose très importante est liée au fait qu’il est question d’un service spécifique de tourisme écologique : la mise en valeur d’une composante importante des traditions locales, du patrimoine local. Peu de monde sait que la gastronomie fait partie du patrimoine immatériel d’une région, qu’elle compte parmi les valeurs de la région. Puis, ce projet produit une source alternative de revenus à la pêche pour les pêcheurs du delta. Et même si la quantité de poisson qui part du delta a baissé, la communauté de pêcheurs accrédités compte toujours près de 1800 personnes. Si au moins une partie d’entre eux diversifient leur activité, c’est un gain pour la région et pour la communauté. »
Cinq familles de pêcheurs font déjà partie de ce projet. A partir de ce printemps, ils sont prêts à offrir aux touristes la possibilité d’expérimenter la vie d’un pêcheur de la Réserve. La barque à rames a été conçue pour transporter 10 personnes et le moteur de 5 chevaux peut lui conférer une autonomie d’environ six heures, à une vitesse de 8 km/h. Durant les voyages en canot traditionnel, les touristes ont l’occasion d’observer et de photographier les oiseaux, une passion de plus en plus répandue dans le delta du Danube, puisque cette région est un véritable paradis des oiseaux et des poissons.
Le delta du Danube reçoit la visite de plus de 325 espèces d’oiseaux, dont 70 non-européennes. C’est ici qu’arrive chaque printemps le pélican, véritable symbole du delta du Danube, qui forme la colonie la plus nombreuse d’Europe. Le delta est vraiment spectaculaire au printemps, affirment les ornithologues. C’est pendant cette saison que la migration a lieu, et que le delta est envahi par des oiseaux venus d’Afrique et du bassin méditerranéen. Et c’est toujours au printemps que l’on peut écouter les chants des oiseaux puisque la saison de reproduction s’achève au mois de juin. En avril-mai, on a affaire à une véritable explosion de vert. Les roseaux poussent et les nénuphars s’emparent des lacs. Par ce projet les représentants de l’association souhaitent créer un modèle qui serait ensuite répliqué à travers le delta. A la fin du projet, ils vont réaliser un film de présentation de la manière dont cette activité de pêche et de tourisme fonctionne. Une caravane se rendra dans une dizaine de localités du delta pour rencontrer et parler aux représentants des communautés de pêcheurs, afin de répéter l’expérience des pêcheurs de Mila 23 dans d’autres communautés similaires. Teodor Frolu : « Nous leur assurons de l’assistance et nous allons emmener des experts censés les aider à mettre sur pied leur propre offre touristique. Nous mettons à leur disposition trois barques que nous avons imaginé en tant qu’embarcations touristiques. Nous voulons que le canot appelé lotca devienne une sorte de gondole vénitienne du delta du Danube. En Italie, tout touriste de passage par Venise s’est pris en photo près d’une gondole. C’est ce que nous souhaitons voir aussi dans le delta du Danube. La lotca devrait devenir peu à peu un point d’attraction traditionnel, ainsi qu’un service touristique. »
Le projet « Lotca Habitat: Pescaturism în Delta Dunării » est financé par l’Agence allemande de coopération internationale par le biais de la plate-forme de coopération dans le domaine du tourisme de la région du Danube. Le projet démarré en octobre 2014 devrait s’achever en juillet 2015. Il dispose d’un budget de près de 30 mille euros, dont 25% provient de la part de l’association Ivan Patzaichin-Mila23.