Delta du Danube: les toitures en chaume de jonc inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO
Le Delta du Danube est la plus grande réserve naturelle d’Europe, inscrite, depuis 1991, au patrimoine mondial de l’UNESCO. Réputée pour sa beauté, cette contrée suscite aussi un réel intérêt scientifique. Considérée du point de vue de l’étendue, la réserve de la biosphère du Delta du Danube compte pour la 5e zone humide de la Terre et la 2e d’Europe. En ce qui concerne l’importance écologique, elle se classe 3e au monde. Le Delta du Danube a non seulement une flore et une faune riches et intéressantes, mais aussi des caractéristiques qui la rendent unique au monde. Le jonc couvre près de 78% de la superficie totale de cette région deltaïque. Bien que ses propriétés physiques le recommandent comme un matériau de construction idéal pour l’architecture moderne, les Roumains se désintéressent de cette ressource renouvelable. Ainsi se fait-il que le jonc, coupé en hiver, est vendu aux constructeurs de maisons des quatre coins du vieux continent. Les maisons de vacances aux toits de jonc prouvent que l’utilisation de ce matériau non seulement n’est pas obsolète, mais elle relève d’une technologie orientée vers l’avenir et respectueuse de l’environnement.
România Internațional, 26.09.2014, 13:01
Le Delta du Danube est la plus grande réserve naturelle d’Europe, inscrite, depuis 1991, au patrimoine mondial de l’UNESCO. Réputée pour sa beauté, cette contrée suscite aussi un réel intérêt scientifique. Considérée du point de vue de l’étendue, la réserve de la biosphère du Delta du Danube compte pour la 5e zone humide de la Terre et la 2e d’Europe. En ce qui concerne l’importance écologique, elle se classe 3e au monde. Le Delta du Danube a non seulement une flore et une faune riches et intéressantes, mais aussi des caractéristiques qui la rendent unique au monde. Le jonc couvre près de 78% de la superficie totale de cette région deltaïque. Bien que ses propriétés physiques le recommandent comme un matériau de construction idéal pour l’architecture moderne, les Roumains se désintéressent de cette ressource renouvelable. Ainsi se fait-il que le jonc, coupé en hiver, est vendu aux constructeurs de maisons des quatre coins du vieux continent. Les maisons de vacances aux toits de jonc prouvent que l’utilisation de ce matériau non seulement n’est pas obsolète, mais elle relève d’une technologie orientée vers l’avenir et respectueuse de l’environnement.
Détails avec Loredana Pană, coordinatrice de projet à l’Association « Letea au patrimoine de l’UNESCO »: “ Nous encourageons l’utilisation du jonc en tant que matière première. Il peut servir à la fabrication de briquettes de chauffage, à la construction des toits ou à l’isolation thermique. A condition qu’elles soient bien agencées pour éviter que l’eau ne s’y infiltre, les toitures en chaume de jonc résistent même une centaine d’années. En plus, elles s’avèrent un excellent isolant thermique, car elles maintiennent la fraîcheur de la maison en été et la chaleur en hiver. Bien des habitants des lieux avouent regretter d’avoir renoncé aux toits de jonc pour des toitures en métal, justement parce qu’il fait très chaud dans la maison pendant l’été. En Grande Bretagne, par exemple, le toit en chaume de jonc est très tendance”.
Malheureusement, le métier de couvreur de chaume risque de disparaître de sitôt. Des maisons aux murs doublés à l’extérieur de planches et aux toitures en chaume de jonc, spécifiques à l’architecture deltaïque, on n’en trouve plus que dans le village de Letea, de la commune de Rosetti. Le métier de chaumier mériterait donc de figurer sur la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO, afin de sauvegarder la tradition du tressage du jonc. C’est à cette fin que l’Association « Letea au patrimoine de l’UNESCO », en partenariat avec le Centre pour les politiques durables Ecopolis et le Centre de ressources pour la participation publique, a récemment lancé la campagne d’information “Le jonc c’est du solide”. Cette campagne, partie intégrante du projet éponyme, se propose de promouvoir le paysage rural du delta.
Loredana Pană: « L’idée de notre projet c’est de montrer que ces toits en chaume de jonc qui se font encore dans le delta du Danube sont uniques. Certes, des toits en chaume on en trouve aussi en Hongrie, au Royaume – Uni et dans d’autres coins de l’Europe, mais les techniques de construction utilisées en Roumanie sont uniques. Il s’agit de techniques traditionnelles, les ouvriers des lieux utilisent des outils qu’ils se confectionnent eux-mêmes et qui risquent de disparaître. A Letea, par exemple, il n’y a qu’un seul artisan chaumier. Ce que nous souhaitons c’est conférer du prestige à notre région, éveiller l’intérêt du public pour le paysage traditionnel rural qui ne cesse de se raréfier en Roumanie, car il y a très peu de programmes de conservation du village authentique roumain. C’est précisément ce que nous nous proposons par ce projet : promouvoir le patrimoine culturel du Delta et à long terme préserver les écosystèmes et l’environnement tout en développant le tourisme culturel. »
Près du village de pêcheurs de Letea se trouve la forêt du même nom. , C’est la forêt subtropicale la plus septentrionale d’Europe et l’unique forêt de hêtres au monde qui a poussé sur un îlot. Les touristes qui s’y rendent préfèrent loger chez l’habitant, dans les maisons traditionnelles du delta. Voilà pourquoi les pensions touristiques nouvelles pourraient utiliser le jonc comme couverture de toit, espèrent les initiateurs du projet.
Loredana Pana : « Nous préparons une étude pour l’UNESCO qui sera prête en novembre sur les techniques de travail et les méthodes traditionnelles de construction des toits. Dans l’étude figurent aussi les noms des artisans chaumiers, parce qu’il est important de montrer que ce métier existe toujours. Nous n’en avons identifié que deux tels maîtres artisans. C’est au ministère de la culture de décider si cette technique peut être incluse par la Roumanie au patrimoine de l’UNESCO.Lors des discussions déroulées jusqu’ici, les responsables du gouvernement nous ont transmis qu’il existe des chances, vu le caractère unique de ce métier, ce qui est un critère très important ».
Soulignons que le projet bénéficie de l’appui de toutes les autorités locales et centrales compétentes dans le domaine de la culture. Pourtant leur mobilisation sur le terrain s’avère difficile. La protection du paysage rural traditionnel dans le delta du Danube ne semble pas être une priorité, affirment les représentants de l’Association Letea à l’UNESCO. C’est également crucial que les habitants de Letea comprennent que la tradition locale doit perdurer, surtout que leur région accueille des milliers de touristes chaque été. (trad. Mariana Tudose, Alxandru Diaconescu)