Les métiers de l’avenir
Corina Cristea, 09.12.2022, 12:12
Quoi qu’il en soit, une
chose est sûre : la crise d’une main d’œuvre suffisamment qualifiée n’a
fait qu’accéléré un processus d’automatisation déjà bien enclenché dans bon
nombre de domaines, depuis les forces armées jusqu’à la médecine, en passant
par le maintien de l’ordre public, l’agriculture et les services. Aujourd’hui
déjà, l’on peut rencontrer des robots qui ont remplacé les soldats sur les
champs de bataille, les technologies invasives en chirurgie, les caissières des
supermarchés, voire les serveurs dans la restauration rapide. Le travail et les
capacités de l’humain sont souvent complétés à bon escient par des dispositifs
intelligents, dotés d’une grande capacité d’analyse, comme l’affirme sur nos
ondes Andreea Paul, présidente d’INACO.
Andreea Paul : « Nous
sommes aujourd’hui invités à devenir ami avec des technologies de plus en plus
complexes, avec des appareils de plus en plus miniaturisés. Nul métier ne peut
plus faire fi de la technologie. Prenez l’avocature, et ses programmes
spécialisés dans l’analyse législative de différents systèmes de droit. Prenez
la robotique et l’imagerie médicale, qui nous évitent des interventions
médicales invasives, fastidieuses et hasardeuses, réduisant de manière
conséquente le temps de récupération à la suite d’une intervention. Prenez la
télémédecine, qui permet au médecin basé au Royaume-Uni par exemple d’ausculter
son patient qui se trouve en Afrique du Sud. Prenez encore la criminalistique,
et le cas du premier criminel identifié au Royaume-Uni, en 2017, par
l’intelligence artificielle, sur la seule base des informations fournies par
des témoins. Et là, l’on parle de maintenant, d’aujourd’hui, des technologies
déjà utilisées, et qui sont en train d’améliorer notre quotidien ».
L’engouement pour la
technologie ne manquera cependant pas de faire naître d’autres formes de
troubles dépressifs, d’autres maladies et, a fortiori, des thérapies et des
thérapeutes censés pouvoir les aborder efficacement. Tels les thérapeutes
spécialisés en matière de « détoxification technologique », par
exemple.
Par ailleurs, l’utilisation
des drones dans l’agriculture appelle à la formation du « fermier
digital », capable de coordonner le déplacement des drones censés
recueillir des données au sol, offrir des informations sur l’état des plantes,
l’apparition des maladies, le déficit en eau ou en nutriments du sol. Ces mêmes
drones peuvent d’ailleurs répandre des traitements appropriés sur les cultures.
Andreea Paul est résolument optimiste, car l’histoire nous montre, dit-elle,
que toute nouvelle révolution industrielle apporte davantage de postes de
travail qu’elle n’en supprime.
Andreea Paul : « Ces
technologies intelligentes, qu’il s’agisse des programmes ou des robots, prennent
en charge le travail humain, le travail répétitif notamment. Nous, en revanche,
nous conservons l’intelligence, la créativité. C’est nous qui allons les
concevoir, les réparer, les améliorer. Certes, la réticence au changement, la
méfiance sont dans la nature humaine. Nous ne sommes pas tous des lumières en
matière de technologie. Il y a des leaders dans le domaine, ceux qui créent les
technologies, et puis les usagers, qui les utilisent. Mais il existe
effectivement un risque de nous retrouver devant une catégorie de gens
difficilement employables. Yuval Harari en parlait déjà en 2013, et proposait
comme solution le revenu minimum garanti. Le débat autour de ce sujet a déjà lieu,
non seulement au niveau de l’UE, mais aussi à travers le monde. L’idée de
mettre un impôt sur les robots persiste. Et il est probable que la génération
de nos enfants le fasse. Et puis, d’autres métiers apparaîtront, tels que les
avocats spécialisés dans le droit des robots, car ces derniers seront des
acteurs sur le marché de travail ».
Une chose est sûre :
le progrès ne s’arrêtera pas de sitôt, et l’on sera bien tenu de s’y adapter,
conclut encore Andreea Paul. (Trad Ionut Jugureanu)