Davantage d’énergie verte
Corina Cristea, 21.10.2022, 13:06
Le secteur de l’énergie est responsable de près de trois
quarts d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde, ce qui ne peut que
nous encourager d’accélérer le passage à des formes propres de production et à faire
des économies dans la consommation. Et à l’Organisation météorologique mondiale
de mettre en garde sans ambages dans un rapport issu la semaine précédente : « Si l’humanité tarde à prendre le virage vers des formes propres
de production d’énergie pour tempérer la crise climatique, les conditions
climatiques extrêmes et le stress hydrique mettrons en danger notre sécurité énergétique
globale, pouvant même compromettre l’approvisionnement des sources renouvelables ».
Et le temps presse, car le climat change sous nos yeux,
avertissent les spécialistes à l’unisson. Des spécialistes qui avertissent que
le secteur de la production d’énergie n’est qu’une des sources de production de
gaz à effet de serre, qui risque de tomber à son tour victime du changement
climatique. En effet, les vagues de chaleur et les épisodes de sécheresse diminuent
le niveau des cours d’eau, ce qui ne manque pas de poser des problèmes pour
assurer le fonctionnement optimal des centrales hydroélectriques et des
centrales nucléaires. Par ailleurs, les tempêtes et les phénomènes météo
extrêmes risquent d’avarier l’infrastructure de transport de l’énergie dans de
nombreuses régions. En revanche, le passage accéléré à l’utilisation des énergies
renouvelables devrait diminuer le stress hydrique mondial, en augmentation
constante ces dernières années, vu que le volume d’eau utilisé pour la
production de l’énergie de sources solaires ou éoliennes est bien moins
important que le volume d’eau nécessaire à faire fonctionner les centrales
électriques classiques. Malgré tous les signaux d’alarme qui ne cessent de
sonner de toutes parts, les engagements assumés par les Etats demeurent
décevants eu égard les objectifs de l’Accord sur le climat de Paris de 2015.
Aussi, les investissements dans des capacités de production d’énergies
renouvelables devraient tripler avant 2050 au niveau mondial pour atteindre la
neutralité climatique, ce qui s’avère être une gageure.
Alexandra Bocșe, conseillère d’Etat dans le département
Climat et développement durable de l’administration présidentielle roumaine,
détaille sur nos ondes le niveau d’ambition des Etats signataires de l’Accord de
Paris. Ecoutons-la : « Si l’on regarde de plus près, l’on remarque
une prise de conscience de l’urgence un peu partout dans le monde. Il demeure
il est vrai quelques réticences de la part de la Chine ou de l’Inde au sujet de
l’utilisation du charbon. Mais d’un autre côté, les mêmes Etats se sont vus
confronter dernièrement avec des phénomènes météo extrêmes, soldés par la perte
des vies humaines. Voyez-vous, nous agissons loin de tout idéalisme. Nous
agissons mus par des raisons économiques assez claires. Les phénomènes météo
extrêmes, les inondations par exemple, qui ont entrainé des glissements de terrain
en Allemagne, ont coûté 20 milliards de dollars. L’ouragan Ida, qui a sévi au
long des côtes américaines, a produit des dégâts estimés à près de 75 milliards
de dollars. Nous parlons donc de dégâts énormes, que nous devrons couvrir à l’avenir,
si l’on tarde de prendre les mesures qui s’imposent. Et plus on laisse faire,
plus on verra ces phénomènes météo extrêmes sévir un peu partout, et plus on
verra la facture augmenter ».
Et, en effet, des régions entières risquent de se transformer en de
véritables déserts sous l’action des vagues successives de canicule, qui
deviennent de plus en plus tenaces et fréquentes, selon l’ONU et la Fédération
internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Un mois
avant l’ouverture des travaux de la COP27 qui se dérouleront au mois de
novembre en Egypte, les deux organisations internationales appellent de concert
les décideurs politiques à prendre des mesures résolues pour augmenter la
résilience des sociétés face aux vagues de chaleur. Les seuils d’humidité et de
chaleur au-delà desquels la vie humaine se voie mise en danger ne doivent surtout
pas être dépassés, plaident à cor et à cri les spécialistes de tous bords. Pourtant,
les empreintes laissées par le changement climatique ne font que s’étendre. Les
phénomènes de désertification touchent plus de cent pays, dont 13 en Europe
même. Près d’un milliard d’hommes en sont directement concernés. La
désertification des sols a par ailleurs pour conséquence jusqu’à présent une
diminution de 23% de la productivité agricole, et les choses ne font que s’empirer,
les spécialistes craignant qu’un tiers des sols cultivables ne deviennent des
déserts en puissance. Et surtout, face à cette réalité alarmante, que faire ?
Alexandra Bocșe : « Lorsque l’on parle investissements
et nouvelles technologies, l’on pense tout de suite au photovoltaïque, à l’énergie
solaire, mais on semble ignorer l’importance que revêt l’économie d’énergie, induite
par les investissements dans l’électroménager économique, dans l’isolation des
maisons, dans le changement du parc automobile, et les moyens de transport
public ».
Quoi qu’il en soit et
quelques soient les mesures à prendre, il faut bien se garder à ce que leur
mise en œuvre ne tarde pas trop. Le changement climatique affecte déjà les
régions arctiques. À la suite de la fonte de la calotte glaciaire, de grandes superficies
d’eau se voient aujourd’hui dépourvues de la protection offerte précédemment par
la glace, mises à nu, et soumises au réchauffement produit par l’action du
soleil. Un réchauffement bien plus rapide que ce que les spécialistes
prévoyaient.