L’obésité : l’autre épidémie ?
Corina Cristea, 17.06.2022, 15:39
En effet, selon les
données disponibles, près de 60% des adultes européens se trouvent en surpoids
ou en état d’obésité, tout comme 8% des enfants de moins de 5 ans. Quant aux
enfants en âge de scolarité, un sur trois se voit confronté à ce problème. Si comparaison
n’est pas raison, force est de constater qu’il n’y avait que 40% des adultes
européens en cette même situation en 1975. Autrement dit, la prévalence de
l’obésité dans les rangs des européens adultes avait depuis augmenté de 138%,
l’Europe étant le continent le plus touché, à l’exception de l’Amérique. L’étude diligentée par l’OMS fait aussi état
d’1,2 millions de décès par an causé par ce problème de santé, soit 13% du
total des décès enregistrés dans la région. L’obésité serait en outre
responsable de pas moins de 13 types de cancer, touchant jusqu’à
200.000 personnes par an.
La Roumanie, qui compte 5 millions de
personnes obèses, ne cesse d’enregistrer un accroissement conséquent de
nouveaux cas d’hypertension et de diabète. Pourtant, et en dépit des
avertissements régulièrement lancés par les spécialistes, très peu de gens
semblent s’en soucier. Partie sur cette lancée, la Roumanie a peu de chances
d’atteindre les objectifs prévus dans son plan de réduction des risques liées à
l’accroissement du taux d’obésité avant 2025, soit celui d’un accroissement zéro
au sein de la population masculine et de seulement 4% au sein de la population
féminine. Il est tout aussi vrai que seule 1 sur 4 personnes atteintes de
l’obésité vivant en milieu urbain reconnait le problème et les risquent qui en
découlent pour sa santé.
C’est en partant de ce constat qu’avait été fondée la
Coalition nationale pour combattre l’obésité, comme nous l’explique le
président d’honneur de la Fédération nationale du diabète et des maladies
métaboliques, le Pr en médecine Nicolae Hâncu : « L’Autorité
nationale avait lancé depuis belle lurette une action de ce type, dans la cadre
du Forum roumain de l’obésité. Et cette action s’est ensuite convertie en cette
Coalition nationale de lutte contre l’obésité. Maintenant nous attendons que décideurs
commencent à prendre au sérieux les recommandations des forums internationaux,
de l’OMS, pour enfin lancer le plan national de lutte contre l’obésité. »
Parmi les
propositions
envisagées, mentionnons la reconnaissance de l’obésité en tant que maladie
chronique, et la mise en œuvre de politiques publiques adéquates en matière de
prévention, de traitement et de management intégré de l’obésité, similaires aux
autres maladies chroniques. Mais au-delà de l’effort attendu des autorités, ce sont
en premier lieu les personnes affectées par la maladie qui doivent prendre les
mesures nécessaires pour y remédier.
La nutritionniste Lygia Alexandrescu
explique la démarche à suivre pour retrouver une masse corporelle saine : « Tout est une
question d’équilibre. Cela veut dire retrouver les cinq repas quotidien, soit
les trois repas principaux, et les deux collations, faites principalement de
fruits. Certains spécialistes, dont moi, recommandent aussi l’emploi du jeûne
intermittent. Ne prendre ses repas que durant 8 heures sur les 24, et laisser
le corps se reposer pendant les 16 heures qui suivent d’affilée. Certains
commencent ainsi par un petit-déjeuner consistant, mais voilà, le dernier repas
ne doit pas être pris plus tard qu’à 16 ou à 17h00. C’est un temps de repos merveilleux que l’on
offre de la sorte à son pancréas, à son système digestif. La baisse n’est pas
fulminante, mais l’on gagne en énergie et en bien-être, en clarté d’esprit. Le
matin, on n’a plus besoin d’un réveil, on ne se sent fatigué. Quoi qu’il en
soit, les cures draconiennes ne sont jamais qu’un faux ami. »
Aussi, Lygia Alexandrescu prône plutôt
un changement du style de vie, avertissant contre les dangers que peuvent constituer
les régimes sévères étendus sur le moyen et le long terme, et qui peuvent s’avérer
source de déséquilibres majeurs, parfois identifiables à l’œil nu. Des rides
qui apparaissent de façon soudaine, des yeux qui perdent de leur éclat, des
cheveux qui tombent, et un moral en berne sont les signes sûrs que les choses
sont allées trop loin. Et à la nutritionniste de prôner, à la place d’un régime
strict suivi par une période de reprise du poids, 5 jours de régime suivis de
deux jours de régime alimentaire normal, en évitant les excès. Le rôle de
l’exercice physique, toujours conjugué à un régime équilibré, n’est pas non
plus négligeable dans la réussite de l’effort, tout comme la qualité du
sommeil, et pour cela il vaut toujours mieux s’endormir bien avant minuit, pour
assurer un équilibre hormonal optimum. (Trad. Ionuţ
Jugureanu)