La lutte contre le cancer en Roumanie
En février de l’année dernière, la Commission
européenne avait lancé le Plan européen de lutte contre le cancer, allouant un
budget de quatre milliards d’euros pour financer des programmes de prévention,
de recherche et de traitement du cancer dans les États membres de l’UE. La
transposition du plan européen dans la législation roumaine a débuté peu de
temps après et, le mois dernier, le Plan national, cette fois, de lutte contre
le cancer avait eu droit à son lancement officiel à Bucarest. Mais quelle est
donc la valeur ajoutée de ce plan ? Tout d’abord, il s’évertue à détailler le
parcours thérapeutique standardisé du patient, depuis les premiers signes de la
maladie jusqu’à la fin de la thérapie.
Corina Cristea, 12.08.2022, 01:09
En février de l’année dernière, la Commission
européenne avait lancé le Plan européen de lutte contre le cancer, allouant un
budget de quatre milliards d’euros pour financer des programmes de prévention,
de recherche et de traitement du cancer dans les États membres de l’UE. La
transposition du plan européen dans la législation roumaine a débuté peu de
temps après et, le mois dernier, le Plan national, cette fois, de lutte contre
le cancer avait eu droit à son lancement officiel à Bucarest. Mais quelle est
donc la valeur ajoutée de ce plan ? Tout d’abord, il s’évertue à détailler le
parcours thérapeutique standardisé du patient, depuis les premiers signes de la
maladie jusqu’à la fin de la thérapie.
Ensuite, l’approche pluridisciplinaire est mise à l’honneur. En effet, le patient sera dorénavant pris en charge par
une équipe pluridisciplinaire, avec une approche élargie, en partant de la prévention,
en passant par le dépistage, le diagnostic, le traitement, et jusqu’à la
guérison et la réadaptation ou bien jusqu’aux soins palliatifs. C’est un
parcours que seule une équipe pluridisciplinaire est en mesure de tracer et de proposer
à bon escient au patient.
Enfin, ce Plan fait la part belle à l’innovation,
à la recherche, en promouvant une approche personnalisée, comme l’explique au
micro de Radio Roumanie la conseillère présidentielle à la santé publique, la
professeure agrégée et médecin Diana Păun.
Diana Păun : « Notre plan national
épouse à l’identique le plan européen, et l’on a établi des délais clairs pour atteindre
l’ensemble des objectifs visés. Le plan dénombre 11 objectifs généraux et
spécifiques, ciblant les types de cancer les plus rencontrés en Roumanie, à
savoir le cancer colorectal, le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus,
le cancer broncho-pulmonaire, le cancer de la prostate, mais aussi les cancers hématologiques
et les tumeurs qui se développent notamment chez l’enfant. Nous avons fixé l’échéance
de la mise en œuvre de ce plan en 2026. Mais l’on pense pouvoir atteindre certains
objectifs bien avant cette date-butoir. Il s’agira notamment de la mise en
place avant le 1er janvier 2023 des programmes nationaux de
dépistage de certains types de cancer, tels les cancers du sein, du poumon et
colorectal. Nous allons constituer le registre national du cancer d’ici 2024,
une mesure extrêmement importante. Aussi, d’ici 2026, nous nous sommes donnés
pour objectif de mettre en place un fonds pour l’innovation dans le domaine de
la santé, un fonds qui puisse bénéficier d’une multitude de sources de
financement et dont l’objectif sera de faciliter aux patients roumains l’accès
rapide aux nouvelles thérapies. »
En raison d’un sous-financement chronique,
l’accès des patients roumains aux thérapies nouvelles s’avère, en effet, beaucoup
plus difficile à l’heure où l’on parle que l’accès aux nouvelles thérapies du
patient européen moyen.
Or, le fonds prévu se donne pour objectif de
palier justement à ce type de besoins, a souligné Diana Păun : « Un
élément important de ce plan est l’accent mis sur le potentiel de l’innovation,
de la recherche médicale et des solutions numériques, dans le contexte où la
pandémie nous avait déjà appris qu’il nous faut utiliser tous ces moyens pour communiquer
et améliorer les résultats de nos recherches. Il y a un objectif clairement fixé
dans ce plan, avec pour échéance l’année 2023, à savoir identifier les critères
qui nous permettent de rembourser les tests génétiques. En effet, identifier les
marqueurs génétiques nous permettra de prédire le risque de développer un
certain type de cancer. Et si l’on arrive à identifier à temps le type de
cancer que l’individu est prédisposé à développer, on pourra mieux prévenir son
apparition. Ou bien, si la maladie est déjà là, nous serons en mesure de prescrire
des traitements bien mieux ciblés et adaptés au patient, avec moins d’effets
secondaires, et qui offrent de meilleures chances de guérison. »
Les milliards d’euros que le plan européen met à
disposition seront partagés entre les 27 en fonction des projets auxquels ils
accèdent dans leur lutte contre le cancer. Grâce au Plan européen, l’on voit
apparaître de nouveaux moyens financiers mis à la disposition de la lutte
contre le cancer, comme aime à souligner Diana Păun. Les chercheurs roumains,
les médecins, les gestionnaires d’hôpitaux, les institutions roumaines auront ainsi
accès à de nouveaux crédits, en suivant les priorités nationales, identifiées
préalablement par les experts. Le plan européen contre le cancer, qui avait
constitué le cadre du plan national, comprend quant à lui quatre piliers,
chacun doté d’un budget dédié, selon Diana Păun.
Le premier pilier est, comme on pouvait s’y
attendre, la prévention, et il s’agit ici de sensibiliser et de responsabiliser
chacun à observer une meilleure hygiène de vie, en particulier à éviter le
tabac, l’alcool, à manger sainement, et à éviter la pollution. Le deuxième
pilier fait référence au dépistage, c’est-à-dire à la détection précoce. En
Roumanie, il n’existe actuellement qu’un seul programme de dépistage du cancer
du col de l’utérus, alors que des programmes de dépistage sont encore à mettre
en place pour de nombreux autres types de cancer, tels que le cancer
colorectal, le cancer du sein et le cancer du poumon. Le troisième pilier concerne
la mise en place de moyens de diagnostic performants et de traitements
innovants, alors que le dernier pilier couvre l’accès aux soins palliatifs, un
domaine longtemps ignoré en Roumanie. Des données centralisées montrent que 2,7
millions de nouveaux cas de cancer et 1,3 million de décès sont à déplorer en
Europe en 2020. La Roumanie quant à elle fait état de 99.000 nouveaux cas et de
54.000 décès imputables à des causes oncologiques, pour la même année 2020. (Trad.
Ionuţ Jugureanu)