La république de Moldova, un certain regain d’optimisme
A la
fin du mois d’août, la République de Moldova fêtait 3 décennies depuis sa
proclamation d’indépendance et sa séparation d’avec l’URSS, au moment même où,
grâce à l’arrivée au pouvoir de la présidente Maia Sandu, les relations entre
la petite république, située à l’Est de la Roumanie, et ses partenaires
occidentaux semblent s’améliorer grandement.
Corina Cristea, 01.10.2021, 09:37
A la
fin du mois d’août, la République de Moldova fêtait 3 décennies depuis sa
proclamation d’indépendance et sa séparation d’avec l’URSS, au moment même où,
grâce à l’arrivée au pouvoir de la présidente Maia Sandu, les relations entre
la petite république, située à l’Est de la Roumanie, et ses partenaires
occidentaux semblent s’améliorer grandement.
Englobée par la menace et la force
des armes dans l’Union soviétique en 1940, la petite république roumanophone,
bordée par les rivières Prut et Dniestr, arrive à reprendre sa destinée en main
51 ans plus tard, lors du délitement du colosse soviétique.
Invité
sur les ondes de Radio Roumanie, l’historien Adrian Cioroianu, ancien ministre
roumain des Affaires étrangères, fait une radiographie du moment historique de
1991.
Adrian
Cioroianu : « Le contexte historique de cette période était marqué
par les réformes initiées par Michaïl Gorbatchev en
URSS. À partir de là, l’on voit certaines anciennes républiques soviétiques, dontl’Ukraine,
le Bélarus et la Russie de Boris Eltsine, commencer à caresser des visées
d’indépendance. Ces mouvements de renaissance nationale font de Michael
Gorbatchev une sorte d’apprenti sorcier : sa propre création, ses reformes
se retournent contre lui, pour qu’à la fin il se retrouve à la tête d’un Etat
qui n’existait plus, l’URSS. Eh bien, c’est dans le contexte de la dissolution
du pouvoir soviétique que le mouvement d’indépendance moldave fait entendre sa
voix. Il avait pourtant débuté bien avant, comme un mouvement culturel, visant
à récupérer l’identité nationale. N’oublions pas que les premières
revendications avaient plutôt une nature culturelle et identitaire : retour
à l’emploi de la langue roumaine et de l’alphabet latin, affirmation des
racines européennes de la culture moldave. C’est bien sur un tel socle culturel
que s’est bâti le mouvement national qui débouchasur la proclamation de l’indépendance
de la République de Moldova, au mois d’août 1991. Un moment pourtant assombri
par le déclenchement des hostilités avec la petite république séparatiste
autoproclamée de Transnistrie. »
Trente
années plus tard, les choses n’ont pas beaucoup évolué de ce côté. La région de
Transnistrie, majoritairement russophone et appuyée par Moscou, revendique
toujours son indépendance à l’égard de Chisinau. Et durant ces trois décennies
d’indépendance, la république de Moldova n’a pas été épargnée. Les crises
économiques successives, notamment celle de 1998, les remous politiques et les
manifestations ont jalonné son histoire récente. En assumant, en 2009, le
rapprochement de l’UE comme principal objectif de sa politique étrangère, Chişinău
avait obtenu, entre autres, un accord de libre-échange et la suppression du
régime des visas obligatoires dans la relation avec le bloc communautaire. Mais
les relations avec Bruxelles se sont refroidies quelques années plus tard,
après la disparition d’un milliard de dollars du système financier moldave, en
2014, puis à cause de la mise à l’arrêt des réformes, dont notamment en matière
de justice, et de l’élection, en 2016, du président russophile Igor Dodon.
Aujourd’hui, avec l’élection de Maia Sandu au mois de novembre dernier, et
suite à la défaite électorale du gouvernement socialiste et antieuropéen lors
des élections du mois de juillet dernier, les relations entre la république de
Moldova et ses partenaires occidentaux semblent se réchauffer.
Selon
l’analyste politique Vlad Turcanu, Chişinău a de
fortes chances de reprendre de plus belle son parcours européen : « C’est
une belle occasion pour la république de Moldova de réaffirmer ses aspirations
européennes, après une longue traversée du désert, marquée par une politique
philo-russe. Cet anniversaire tombe tout de même à un moment bien plus faste.
Il y a un an, je n’aurais pas été aussi optimiste. Maintenant, après deux
victoires consécutives des pro-européens, il semblerait que cette république
pourrait continuer sans entrave dans la voie ouverte en 1991, lors de sa
déclaration d’indépendance. »
Dans le discours consacréaux trente années écoulées depuis l’indépendance
de son pays, la présidente Maia Sandu souligne que les objectifs de sa
présidence sont le renforcement de l’état de droit et la capacité de garantir un
niveau de vie décent aux Moldaves.
Mais
quelles sont les réformes à entreprendre dans l’immédiat ? Depuis Chişinău,
le politologue Anatol Țăranu explique : « Je pense que le
principal projet politique dont la République de Moldova a besoin devrait
aboutir à la consolidation des institutions, les seules capables d’offrir une
vision stratégique au développement de l’Etat. Et ce que Maia Sandu et son
gouvernement font, c’est-à-dire combattre la anticorruption, renforcer les institutions
pour accroître la cohérence des politiques publiques promues, tout cela va dans
ce sens. D’un autre côté, la république de Moldova sera incapable d’atteindre
toute seule le niveau désiré, celui d’une société démocratique, consolidée et
prospère, à moins de réussir le processus de son intégration européenne, à
moins de devenir un Etat européen à part entière. Or, pour y parvenir, la
République de Moldova devrait resserrer ses relations avec la Roumanie, parce
que cette dernière est l’Etat membre le plus proche et le plus enclin à l’épauler
dans son parcours européen. »
La Roumanie a d’ailleurs été le premier Etat à
reconnaître l’indépendance de la république voisine, voici déjà 30 ans. Et,
aujourd’hui, le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, n’a de cesse de
réaffirmer le soutien de Bucarest au processus de réformes et au parcours
européen de Chişinău. (Trad. Ionut Jugureanu)