La relance des partenariats stratégiques de la République de Moldova
Près de la moitié des 4 millions de citoyens que compte la République de Moldova
vivent à l’heure actuelle à l’étranger. C’est souvent grâce aux transferts
d’argent en provenance de la diaspora moldave que la République de Moldova
arrive à garder la tête hors de l’eau, en dépit du grand nombre de cas de
corruption qui ont défrayé la chronique ces dernières années. Et c’est encore
cette diaspora moldave qui, lors des
dernières élections présidentielles, a incliné la balance en faveur de la
candidate pro-occidentale Maia Sandu. Celle-ci a remporté haut la main la mise,
devenant du coup la première femme présidente de la petite république
roumanophone, ex soviétique.
Corina Cristea, 12.02.2021, 13:30
Près de la moitié des 4 millions de citoyens que compte la République de Moldova
vivent à l’heure actuelle à l’étranger. C’est souvent grâce aux transferts
d’argent en provenance de la diaspora moldave que la République de Moldova
arrive à garder la tête hors de l’eau, en dépit du grand nombre de cas de
corruption qui ont défrayé la chronique ces dernières années. Et c’est encore
cette diaspora moldave qui, lors des
dernières élections présidentielles, a incliné la balance en faveur de la
candidate pro-occidentale Maia Sandu. Celle-ci a remporté haut la main la mise,
devenant du coup la première femme présidente de la petite république
roumanophone, ex soviétique.
Dès l’annonce de sa victoire au 2nd tour du scrutin présidentiel
contre Igor Dodon, l’ancien chef pro-russe de l’État moldave, Maia Sandu avait
annoncé les grandes lignes de son mandat, à savoir la consolidation de l’Etat
de droit et la lutte contre la corruption, ainsi que la réforme des
institutions et l’amélioration du niveau de vie de ses compatriotes. Cela dit,
pour que la République de Moldova arrive à s’en sortir, elle a sans doute
besoin d’investissements et de nouveaux emplois, elle doit se montrer capable
de faire revenir sa diaspora et de reconstruire la société, selon les analystes
avisés.
Mais la République de Moldova a également besoin d’appuis extérieurs, raison
pour laquelle Chișinău compte
réchauffer les relations avec ses partenaires stratégiques, gelés durant le
précédent mandat présidentiel, celui d’Igor Dodon. C’est dans ce contexte qu’a
eu lieu la visite du chef de l’État roumain, Klaus Iohannis, qui a transmis un
message de solidarité à son homologue, Maia Sandu, ainsi qu’à la société
moldave dans son ensemble, encourageant cette dernière à emprunter résolument
la voie des réformes démocratiques, de l’État de droit et de l’intégration
européenne. Sans doute, la visite a également revêtu une forte portée
symbolique, étant la première visite officielle du chef de l’État roumain
depuis 5 années.
Les relations entre
les deux États se normalisent de la sorte, apprécie Vlad Țurcanu, éditorialiste
et commentateur politique de Chișinău, interviewé par Radio Roumanie le jour
même de la visite du président Iohannis à Chisinau : « Il est
certain que, d’un point de vue sentimental, nos deux pays demeurent liés, en
dépit des aléas de l’histoire qui, dans le cas de la République de Moldova pour
le moins, n’ont pas été rares. Et donc, de ce point de vue, nous rentrons un
peu dans une situation de normalisation de nos relations. D’un point de vue
diplomatique, on le voit clairement, par cette visite officielle du président
Iohannis. Car nous savons que M Iohannis avait évité de nouer des rapports
politiques et diplomatiques avec l’ancien président, Igor Dodon. Et il est
probable que cette visite laisse présager d’autres évolutions favorables, dans
d’autres domaines, maintenus dans un état d’apathie. Et cela même si les
relations entre nos deux Etats ont évité le pire, et n’ont pas été rompues, comme ce fut le cas en
2009, lors de l’expulsion de l’ambassadeur de Roumanie à Chişinău. Pourtant, certains
blocages ont pu être dernièrement constatés, à différents niveaux. »
La présidente Maia Sandu avait
d’ailleurs clamé haut et fort avoir réussi en très peu de temps à débloquer les
relations avec deux des partenaires stratégiques de la République de Moldova,
la Roumanie et l’Ukraine, relations qui se trouvaient au point mort, surtout à
cause de la politique hostile de Chişinău à l’égard de ses deux voisins.
Maia Sandu : « Un autre partenaire important pour
notre pays demeure l’UE, avec laquelle nous avons besoin de resserrer également
les relations. Pour ce faire, nous comptons enclencher des réformes au plan
démocratique et au plan économique, des réformes qui aboutissent à transformer notre
république en un Etat européen à part entière, un Etat doté d’institutions
européennes, doté de voies de communications au niveau européen, doté d’écoles
et d’hôpitaux européens, un Etat voué à un avenir européen, qui œuvre dans
l’intérêt de ses citoyens. »
En effet, Bruxelles avait gelé en
2018 une grande partie de l’assistance financière prévue pour la République de
Moldova, à cause des dérapages de Chişinău. Décidée de surpasser le blocage, Maia
Sandu a rencontré les leaders européens à Bruxelles, recevant des garanties
quant à leur soutien aux réformes qu’elle compte lancer, ainsi que pour pouvoir
lutter efficacement contre la pandémie. Mais Maia Sandu a besoin de consolider
sa position à Chişinău même, croit savoir l’analyste Vlad Turcanu. Des élections anticipées sont en effet attendues cette année en
République de Moldova, ce qui permettrait à Maia Sanda de disposer d’une
majorité parlementaire confortable, et de nommer un gouvernement qui soutienne
sa politique et ses démarches diplomatiques.
Vlad Țurcanu : « Il n’est pas exclu que
cette première année du mandat de Maia Sandu soit gaspillée sur l’autel de la
lutte politique, l’obligeant de poursuivre sa lutte contre Igor Dodon et contre
les oligarques, demeurés influents. Vladimir Plahotniuc, qui avait quitté la République
de Moldova et s’était fait discret en 2014, est revenu en force. Ces oligarques
faussent le jeu démocratique, étant en mesure d’acheter des hommes politiques,
qu’ils vont manœuvrer à leur guise par la suite. Mais Sandu n’est qu’au début
de son mandat. Elle est arrivée à la plus haute fonction de l’Etat directement depuis
la rue. Elle garde, je crois, ses atouts, les mêmes qui l’ont propulsée à ce
niveau. Elle continue de bénéficier d’une sympathie populaire significative, ce
qui lui permet de mettre en échec les alliances possibles des partis qui
refusent de lâcher pied, qui cherchent à garder le contrôle du système, la main
mise sur les finances publiques. Et si elle remportait cette mise, je suis fort
à parier que l’UE la soutiendrait d’une manière conséquente. Le soutien de
Bruxelles à la politique menée par Sandu s’avère pour l’instant inconditionnel.
Et je suis persuadé que l’Occident aura compris que des accidents tel le mandat
d’Igor Dodon peuvent arriver à tout moment, pour autant que la République de
Moldova se voyait abandonnée à son sort. »
Vlad Țurcanu croit donc en la
nécessité d’un plan occidental censé extraire une fois pour toutes la
République de Moldova de cette zone grise, dans laquelle elle semble patauger
avec une certaine régularité. (Trad. Ionuţ Jugureanu)