Un grand pas en avant pour atteindre la neutralité climatique
L’accord ouvre la voie censée mener l’Union européenne à la neutralité climatique à l’horizon 2050. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, voit l’accord obtenu comme une garantie offerte aux citoyens européens, aux autorités et aux investisseurs relative au caractère irréversible de la volonté exprimée par les autorités européennes en cette matière. L’accord survient d’ailleurs une année après le lancement du Pacte vert européen, par lequel l’Union entend fonder une société équitable, saine, durable et prospère, et refonder le lien qui relie l’homme à la nature. Et pour que la société civile, soit les communautés, les associations et les citoyens soient partie prenante à la création de cette Europe verte, respectueuse de l’environnement et soucieuse de son advenir, la Commission avait récemment lancé le Pacte européen pour le climat, censé devenir une plate-forme d’échange d’informations au sujet des thématiques qui traitent de la crise climatique, alors que le mouvement environnemental européen prend de l’essor. Invité sur les ondes de Radio Roumanie, le professeur des universités Mircea Duţu, président de l’Université écologique de Bucarest, parle de la signification des dernières décisions communautaires en la matière, ainsi que du contexte politique qui les a rendues possibles :
Corina Cristea, 01.01.2021, 14:56
« Le 11 décembre 2019, l’UE a choisi de suivre une nouvelle stratégie de croissance, en essayant de transformer les priorités environnementales en autant d’opportunités de développement. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il faut partir de l’état de lieux de ce qu’est l’UE, une région plutôt pauvre en matière de combustibles fossiles, qui voudrait mettre à profit les nouvelles technologies à même de produire de l’énergie, mais aussi du rendement économique, en réduisant par la même voie le niveau des émissions de CO2. L’Union prend ainsi le leadership planétaire dans la lutte contre le changement climatique, et se lance dans la transition énergétique tous azimuts, modifiant les paradigmes qui régentent la production et la consommation d’énergie, pour rendre compatibles les deux objectifs : la lutte contre le changement climatique et le développement économique. »
L’accord convenu, de réduire de 55% le niveau des émissions des gaz à effet de serre à l’horizon 2030, est plus ambitieux que l’objectif initial, où la barre avait été fixée à 40%, mais en-deçà de l’objectif du Parlement européen, qui aurait souhaité que cette réduction soit effective à hauteur de 60% des émissions de l’année 1990. Malgré tout, l’objectif s’avère assez ambitieux, et il s’est heurté à la réticence des Etats de l’Europe centrale et du Sud-est. A preuve, la Pologne, dotée d’un système énergétique basé sur l’usage prépondérant du charbon et craignant ne pouvoir suivre le plan de réduction préconisé par Bruxelles, suivie par la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie, avaient rejeté l’année dernière une partie du plan européen censé amener l’Union à l’état de neutralité climatique pour 2050. L’accord autour duquel les Etats européens se sont entendus aujourd’hui laisse toutefois à la charge des sommets à venir le soin de clarifier les derniers détails de ce plan, et pas des moindres. Cela concerne, par exemple, la clé de répartition des fonds européens destinés aux Etats membres, pour que tous puissent réussir leur transition énergétique, et cela sans y laisser des plumes.
Le débat ultérieur portera encore sur la répartition des ambitions nationales en matière de réduction de la pollution. Les leaders européens ont décidé pour l’heure que, en l’état, l’Europe poursuive dans son ensemble la réduction des émissions des gaz à effet de serre de 55%, sans établir des objectifs précis à l’échelle nationale, tout cela dans un souci « d’équité et de solidarité, sans laisser personne derrière », et en prenant en considération « les spécificités nationales et le potentiel de réduction des émissions » de chaque Etat membre. La Roumanie, pour sa part, compte développer les prochaines années toute une série de projets censés poursuivre à la fois les objectifs assumés en matière de réduction des émissions des gaz à effet de serre, mais promouvoir également la croissance économique et le bien-être de ses citoyens, soulignait le président Klaus Iohannis dans le massage qu’il avait adressé à l’occasion de l’anniversaire des cinq ans depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat. Ce moment a été marqué par la tenue d’un sommet virtuel sur la thématique du climat. Le professeur Mircea Duțu :
« Le 10 décembre 2020, la Roumanie avait proclamé son ambition de devenir un leader régional, européen, voire mondial, dans le domaine du changement climatique. Reconnaissant la nécessité d’assumer un engagement ferme en la matière, Bucarest fait sien l’objectif européen de la neutralité climatique, en matière de CO2, avant 2050. Bucarest appuie par ailleurs la réduction conséquente des gaz à effets de serre avant 2030. Pour y parvenir, la Roumanie propose d’abord l’établissement d’un cadre européen flexible, qui permette à chaque Etat d’atteindre les objectifs de 2030, respectivement de 2050, en tenant compte de son niveau de développement économique, et ensuite de recourir à des stratégies et à des plans concrets au niveau national, à mener à moyen et à long terme, et qui puisse garantir un impact quantifiable réel. »
En vertu de l’Accord de Paris sur le climat, la plupart des Etats de la planète ont pris l’engagement de réduire les émissions des gaz à effet de serre. L’Accord de Paris s’est donné pour mission de maintenir le réchauffement climatique en-deçà de 2°C voire, si possible, en-deçà de 1,5° par rapport à la période préindustrielle. Des pays tels l’Inde, la Chine et le Pakistan ont à leur tour pris des engagements fermes à l’occasion du récent sommet virtuel sur le climat. Le sommet prévu se dérouler l’année prochaine, dans la ville de Glasgow, devrait entériner les engagements pris.
(Trad.: Ionut Jugureanu)