Le plan de paix américain pour le Moyen Orient
Le leader palestinien, Mahmoud Abbas, vient de rejeter à nouveau, devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le plan de paix proposée par le président américain Donald Trump. Le plan de paix américain est un cadeau pour Israël, affirme haut et fort le leader palestinien. Le plan prévoit que la partie Est de Jérusalem demeure hors la Palestine, ce qui est parfaitement inacceptable, et constitue à lui seul un motif suffisant de rejet, précise le même Mahmoud Abbas. Et brandissant à bout de bras une copie de la carte qui transposait la solution américaine au conflit israélo-palestinien, Mahmoud Abbas, prend l’assistance à témoin pour dénoncer l’emmental troué auquel ressemble à s’y méprendre les contours de l’Etat palestinien concocté par Washington. Un Etat divisé, fragmentaire, dépourvu du contrôle de ses espaces aérien et maritime.
Corina Cristea, 21.02.2020, 01:22
Le leader palestinien, Mahmoud Abbas, vient de rejeter à nouveau, devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le plan de paix proposée par le président américain Donald Trump. Le plan de paix américain est un cadeau pour Israël, affirme haut et fort le leader palestinien. Le plan prévoit que la partie Est de Jérusalem demeure hors la Palestine, ce qui est parfaitement inacceptable, et constitue à lui seul un motif suffisant de rejet, précise le même Mahmoud Abbas. Et brandissant à bout de bras une copie de la carte qui transposait la solution américaine au conflit israélo-palestinien, Mahmoud Abbas, prend l’assistance à témoin pour dénoncer l’emmental troué auquel ressemble à s’y méprendre les contours de l’Etat palestinien concocté par Washington. Un Etat divisé, fragmentaire, dépourvu du contrôle de ses espaces aérien et maritime.
« Qui, parmi vous, accepterait un tel Etat ?», harangue le leader palestinien, interpellant les 15 membres du Conseil de sécurité, tout en dénonçant la situation d’apartheid dont sont victimes les Palestiniens. Le « plan du siècle », soit la proposition de paix de Donald Trump, et dessiné par son conseiller et beau-fils Jared Kushner, reconnait l’autorité d’Israël sur ses colonies et exige des Palestiniens de remplir plusieurs conditions avant de pouvoir fonder une capitale dans l’une des villes de Cisjordanie, à l’Est de Jérusalem.
Le correspondant de Radio Roumanie en Israël, Dragoş Ciocîrlan: « Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies que le plan de paix permettant la création d’un Etat palestinien sur 70% du territoire de la Cisjordanie bafouille les droits du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’indépendance. Selon le leader de l’Autorité de Ramallah, il s’agirait d’un plan censé faire une croix sur les revendications palestiniennes. Il dénonce le statut réservé à Jérusalem, même si jamais un Etat palestinien à proprement parler n’a exercé sa souveraineté sur la ville sainte. Abbas a félicité la réaction des Palestiniens, qui sont sortis dans la rue pour protester contre le plan de Washington, et s’est déclaré convaincu que les Palestiniens et les Israéliens ont vocation à s’entendre entre eux, sans autres immixtions externes. Par ailleurs, l’ambassadeur d’Israël aux Nations-Unies, Danny Danon, a appelé à des négociations directes israélo-palestiniennes, affirmant se méfier de la volonté de paix affichée par le président de l’Autorité palestinienne qui, selon lui, devrait se trouver à Jérusalem autour d’une table de négociations, plutôt que devant le Conseil de sécurité de l’ONU, et prenant comme exemple l’attitude du président égyptien Anwar el Sadat, qui a parlé depuis la tribune du Knesset avant de signer le traité de paix avec Israël. »
La paix entre Palestiniens et Israéliens reste toujours possible, mais certainement pas dans les termes édictés par l’administration Trump, qui ne fait qu’essayer de légaliser une illégalité, concluait Mahmoud Abbas. De l’autre côté, le plan de paix américain est appuyé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, mais également par son principal rival politique israélien, Benny Gantz. « Si les Palestiniens étaient véritablement prêts à faire la paix avec l’Etat juif, Israël serait prêt à négocier », a affirmé Netanyahu, plaidant par la même occasion pour le désarmement du Hamas et la démilitarisation de la bande de Gaza. Mais par-delà le bruit des déclarations, les agences de presse n’ont pas manqué de remarquer qu’il s’agit bien d’une première dans ce conflit, car c’est pour la première fois qu’a été arraché l’accord d’Israël sur une carte où ont été dessinées les frontières des deux Etats voisins.
Invité à Radio Roumanie, l’analyste politique Iulian Chifu croit savoir qu’en dépit des dissensions affirmées, il se peut que le plan de paix proposé contienne pas mal de points de convergence. Iulian Chifu : « Je ne pense pas que ce plan doive être jeté aux oubliettes, parce qu’il contient un certain nombre d’éléments qui pourraient être mis à profit dans le cadre d’une négociation directe, même si ces éléments prendraient d’autres formes ultérieurement. Peut-être qu’il est grand temps de peser soigneusement le pour et le contre, car il est certain que le plan de paix recèle un certain nombre d’éléments intéressants. Il faudrait le reconsidérer de façon plus bienveillante. Il représente une tentative de mettre fin à un conflit ancien et extrêmement compliqué, qui a vu des générations entières y passer. »
Il est certain qu’il est difficile de parler de réconciliation dans le contexte où l’on a vu 4 ou 5 générations se succéder dans une confrontation sans fin. Après 70 ans de conflit, il serait peut-être grand temps d’y mettre un terme, concluait encore Iulian Chifu. (Trad. Ionuţ Jugureanu)