Le réchauffement climatique sous la loupe
Le monde doit cesser de faire la guerre à la nature, car la planète riposte et le point de non-retour est proche, a averti le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son discours, lors d’un événement préparatoire, en marge de la Conférence pour le climat de Madrid. Le secrétaire général des NU a estimé que les efforts consentis par les Etats pour tenter de transposer en pratique leurs engagements sur la baisse des émissions des gaz à effet de serre sont loin d’être suffisants. Malgré tout, Antonio Guterres s’était montré optimiste sur l’issue de la conférence de Madrid. Là où le bât blesse néanmoins, c’est qu’un certain nombre de grands pollueurs, tels les États-Unis ou le Brésil, se laissent attendre, au grand dam de petits Etats et en dépit des pressions exercées par la société civile.
România Internațional, 10.01.2020, 15:28
Le sommet de Madrid s’était donc voulu un examen, mettant à rude épreuve la volonté collective des gouvernements, pour essayer d’endiguer les émissions de gaz à effet de serre, et pour prévenir que le réchauffement climatique n’atteigne le seuil de non-retour. Le sommet de Madrid faisait d’ailleurs suite à l’adoption par le Parlement européen d’une résolution qui déclarait l’état d’urgence sur la question du climat et de l’environnement pour le continent européen et pour le monde. La résolution du Parlement européen avait pour objectif à long terme d’obtenir un engagement global pour la neutralité climatique avant 2050, conformément à l’Accord de Paris. « Les changements climatiques nous exposent à d’énormes risques et sont devenus évidents pour tout le monde. Nous devons investir dans des technologies propres, pour répondre aux exigences des millions de jeunes gens, qui sont venus jusqu’ici pour nous rappeler cette évidence : nous ne disposons pas d’une autre planète », a déclaré le président du PE, David Sassoli.
L’Accord de Paris sur le Climat a été signé par 194 pays, mais également par l’Union européenne. L’objectif assumé par Bruxelles se chiffre à 40% d’émissions de CO2 en moins en 2030, par rapport au niveau des rejets de CO2 dans l’atmosphère dans les années ’90. Pourtant, la pression se fait de plus en plus forte pour accroître encore davantage le niveau de nos ambitions, et dont la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, semble s’ériger en porte-drapeau. « S’il existe un domaine où le monde a besoin du leadership de l’Europe, c’est bien dans le domaine du changement climatique. Ceci constitue une question essentielle pour l’Europe, et pour le monde. Car comment pourrait-il en être autrement alors que 85% des gens vivent dans la pauvreté extrême dans ces 20 Etats, qui sont les plus vulnérables face aux changements climatiques ? Comment ne pas considérer ceci un problème fondamental ? Nous n’avons plus un moment à perdre », a conclu Ursula von der Leyen.
La Commission européenne prépare d’ailleurs pour mars prochain une loi européenne qui fasse de la neutralité climatique un objectif irréversible pour l’UE. Cette loi aura un impact majeur sur tous les secteurs économiques, a encore précisé la présidente de la Commission. Il s’agit d’un projet qui fasse la part belle à l’énergie propre et accessible, et qui propose également une stratégie pour la sauvegarde de la biodiversité. Mme von der Leyen a par ailleurs abordé, devant un parterre de leaders mondiaux, le plan d’investissements nécessaires pour la mise en application d’une action concertée fondée sur l’innovation et les nouvelles technologies. Un plan doté d’un budget d’un milliard d’eurospour les dix années à venir.
Mme von der Leyen a souligné qu’il s’agit de coûts nécessaires pour diminuer d’autres coûts, et ceux engendrés par les effets nocifs produits par les gaz à effet de serre, notamment de l’impact de ces gaz sur la santé de la population. La santé humaine est en effet extrêmement affectée par les effets induits par le changement climatique, a également averti l’Organisation mondiale de la santé. De plus en plus de gens souffrent d’affections respiratoires en raison de la pollution et du stress climatique, et chaque année, près de 7 millions de décès prématurés sont causés par la pollution. La correspondante Radio Roumanie à Madrid, Annamaria Damian, détaille: « L’asthme, les maladies pulmonaires, la pneumonie, l’infarctus, les accidents vasculaires sont des maladies associées à la pollution atmosphérique. Un responsable de l’Organisation mondiale de la Santé a détaillé lors de la Conférence de Madrid ce que les gens payent, au prix de leur santé, pour l’absence des mesures de lutte contre la pollution. Les poumons, le cerveau, le système cardiovasculaire pâtissent à cause de la contamination de l’air. Et puis, moins de 1% de l’enveloppe financière internationale destinée à la lutte contre les effets de la pollution est destiné à la santé, ce que les spécialistes estiment comme totalement inacceptable ».
Dans ce contexte, la Commission européenne a proposé la constitution d’un fonds de transition destiné aux Etats qui doivent consentir le plus d’efforts pour atteindre la neutralité climatique. Ce fonds comprendra des sources publiques et privées, et un financement en provenance de la Banque européenne d’investissement. Il n’en reste pas moins que l’objectif est ambitieux. Faire de l’Europe le premier continent neutre d’un point de vue climatique à l’horizon 2050, c’est mettre la barre très haut. Pour y arriver, la CE a lancé le Pacte écologique européen, un paquet de mesures ambitieuses, visant à assurer la transition vers une économie verte et durable. (Trad. IonutJugureanu)