Nouveaux défis devant l’OTAN
70 ans après sa création, l’Alliance de l’Atlantique Nord demeure le garant essentiel de la sécurité de ses membres face aux menaces potentielles, internes ou externes. Et ce grâce notamment à sa formidable capacité d’adaptation à l’environnement international de sécurité. A présent, l’Alliance compte environ 20.000 militaires impliqués dans nombre de missions internationales à travers le monde, qu’il s’agisse de l’Afghanistan, du Kosovo ou de la Méditerranée. Impliquée dans des missions de police aérienne à l’Est de l’espace euro-atlantique, dans des missions d’entraînement en Irak ou encore pour venir en aide dans les opérations menées par l’Union africaine, l’Alliance réunit actuellement 29 Etats, dont la Roumanie depuis 2004.
Corina Cristea, 19.04.2019, 13:25
70 ans après sa création, l’Alliance de l’Atlantique Nord demeure le garant essentiel de la sécurité de ses membres face aux menaces potentielles, internes ou externes. Et ce grâce notamment à sa formidable capacité d’adaptation à l’environnement international de sécurité. A présent, l’Alliance compte environ 20.000 militaires impliqués dans nombre de missions internationales à travers le monde, qu’il s’agisse de l’Afghanistan, du Kosovo ou de la Méditerranée. Impliquée dans des missions de police aérienne à l’Est de l’espace euro-atlantique, dans des missions d’entraînement en Irak ou encore pour venir en aide dans les opérations menées par l’Union africaine, l’Alliance réunit actuellement 29 Etats, dont la Roumanie depuis 2004.
Par un geste sans précédent dans l’histoire de l’organisation, le secrétaire générale de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est adressé au Congrès américain, dans une tentative d’apaiser les préoccupations engendrées par la rhétorique du président Donald Trump. Certes, l’augmentation des dépenses militaires consentie dernièrement par les alliés européens des Etats-Unis est vue d’un bon œil par la Maison Blanche, ce qui n’empêche pas le leader américain de considérer que l’engagement des Etats-Unis dans la défense européenne demeure toujours disproportionné. Invité au micro de Radio Roumanie, le président du conseil consultatif du secrétaire général de l’OTAN et ancien secrétaire général adjoint pour les risques émergents, Sorin Ducaru, explique : « Ce décalage entre la part endossée par les Etats-Unis et celle endossée par les autres alliés au sein de la structure nord-atlantique est une question récurrente, et qui a été évoquée dans le passé par les présidents et les secrétaires américains successifs à la Défense. La vérité est que, pendant la guerre froide, les alliés dépensaient en moyenne 3% de leur PIB pour leur défense. Et puis, dernièrement, surtout après 2014, tout le monde s’est rendu compte que les vacances c’est terminé, et que la complexité des menaces multiformes qui pointent à l’horizon doit trouver une réponse adéquate, y compris en termes d’investissements. Parce que la paix, la prospérité et la sécurité dont on jouit ne coulent pas de source, et doivent être défendues au besoin. D’où l’intérêt récent pour l’augmentation des dépenses militaires, aussi bien en termes de valeur qu’en termes de qualité du matériel acquis. Certes, les aspects de la dimension hard-power de l’équation comptent, et la présence avancée de l’Alliance sur son flanc Est a toute son importance dans le contexte, mais en même temps il ne faut pas sous-estimer l’importance d’investir dans les nouvelles technologies, car on est devant une menace protéiforme, devant un combat mené dans le cyberespace, avec des tactiques et des technologies qui utilisent les drones, des véhicules aériens ou terrestres, voire des sous-marins téléguidés ».
Pour son 70e anniversaire et en dépit des divergences entre les Etats-Unis et des alliés clé, tels l’Allemagne et la Turquie, auxquels l’Administration américaine reproche un trop grand rapprochement de la Russie dans les domaines de l’énergie ou militaire, l’OTAN tente d’afficher son unité. Au même moment, Mike Pompeo, secrétaire américain à la Défense, demandait à Washington aux ministres des Affaires étrangères des Etats de l’OTAN d’adapter leurs stratégies aux menaces protéiformes émergentes, dont celles représentées par la Russie, par la compétition stratégique avec la Chine, par la migration qui échappe à tout contrôle, ou encore par les cyber attaques.
« Nous ne réagirons pas du tac au tac aux actions russes, mais de manière réfléchie et coordonnée. Par ailleurs, nous n’avons aucune intention d’installer des missiles nucléaires en Europe. Mais nous allons regarder de plus près ce qu’il y a à faire pour renforcer la sécurité dans la région de la mer Noire », a affirmé le secrétaire à la Défense, Mike Pompeo.
« La puissance de l’OTAN vient de ce que, en dépit des différences qui peuvent nous séparer à un moment donné, nous sommes capables de nous réunir autour de notre mission principale, celle de nous défendre l’un l’autre, de nous protéger des dangers externes et de maintenir nos peuples en sécurité. Nous avons dépassé nos désaccords par le passé, et nous devrons le faire à l’avenir également, car aujourd’hui nous avons plus qu’hier besoin de cette alliance », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui a poursuivi : « La Russie a installé de nouvelles capacités nucléaires en Europe, des capacités mobiles, difficilement détectables. Alors, à l’heure qu’il est, nous n’avons pas de nouveaux missiles américains installés en Europe, mais nous avons de nouveaux missiles balistiques russes. Et face à cela, nous avons besoin d’une stratégie pour contrôler l’incertitude, et cette stratégie, c’est l’OTAN », a affirmé le secrétaire général de l’organisation.
Jens Stoltenberg a annoncé que les ministres des Affaires étrangères des Etats membres ont approuvé un paquet de mesures censé renforcer la présence de l’Alliance dans la région de la mer Noire. Il a précisé également le soutien que l’Alliance va apporter à la Géorgie et à l’Ukraine, où elle va assurer l’instruction des forces navales et des gardes côtières des deux Etats, participer aux manœuvres communes, et intensifier l’échange en matière de renseignements. Antérieurement déjà, l’ambassadrice américaine auprès de l’OTAN avait expliqué que ces mesures sont censées contrecarrer le redéploiement russe dans la région de la mer Noire. (Trad. Ionut Jugureanu)