Travailleur étranger en Roumanie, travailleur roumain à l’étranger
Plus de dix milles permis de travail ou de détachement ont été délivrés l’année dernière à l’intention des ressortissants étrangers venus en Roumanie pour travailler, la plupart en étant originaires de pays tels le Vietnam, la Turquie, le Sri Lanka ou encore la Chine. Selon les données fournies par l’Inspection générale de l’Immigration, fin 2018, la Roumanie recensait plus de 120.000 citoyens étrangers dont plus de la moitié issus de pays non européens. Et puisque le marché roumain de l’emploi est toujours en quête de main d’œuvre pour cette année, le gouvernement de Bucarest a approuvé l’insertion sur le marché national de l’emploi d’un contingent de 20.000 travailleurs non admis dans un premier temps en Roumanie.
Corina Cristea, 08.03.2019, 14:17
Plus de dix milles permis de travail ou de détachement ont été délivrés l’année dernière à l’intention des ressortissants étrangers venus en Roumanie pour travailler, la plupart en étant originaires de pays tels le Vietnam, la Turquie, le Sri Lanka ou encore la Chine. Selon les données fournies par l’Inspection générale de l’Immigration, fin 2018, la Roumanie recensait plus de 120.000 citoyens étrangers dont plus de la moitié issus de pays non européens. Et puisque le marché roumain de l’emploi est toujours en quête de main d’œuvre pour cette année, le gouvernement de Bucarest a approuvé l’insertion sur le marché national de l’emploi d’un contingent de 20.000 travailleurs non admis dans un premier temps en Roumanie.
La sous-commissaire Ermina Mihai, porte-parole de l’Inspection générale de l’Immigration, affirme que:« Une telle décision a été adoptée compte tenu du potentiel de développement économique de la Roumanie, d’où la nécessité d’assurer la main d’œuvre dans plusieurs secteurs d’activité que les Roumains évitent. Parallèlement, on essaie de décourager le travail au noir des ressortissants étrangers. Plus de 7000 sociétés commerciales ont été passées au crible en 2018. La Direction nationale de la Police aux Frontières a ainsi découvert 470 cas de citoyens étrangers qui déroulaient un travail dissimulé. »
Tandis qu’en Roumanie, le nombre de travailleurs étrangers, surtout vietnamiens, est à la hausse, le ministère roumain du Travail essaie de convaincre les ressortissants roumains travaillant ailleurs dans l’Union européenne de rentrer au pays. Les autorités roumaines espèrent pouvoir remédier ainsi à la crise de la main d’œuvre déclenchée par la vague d’immigration des dernières années. D’ailleurs, le nombre exact de Roumains vivant en dehors des frontières roumaines n’est pas connu.
La ministre pour les Roumains du Monde, Natalia Elena Intotero, parle de ces estimations:« Selon les données fournies par les pays de résidence et selon la Stratégie à l’intention des Roumains du monde, rien qu’en 2017, on recensait quelque 10 millions de citoyens roumains vivant en dehors des frontières nationales. Sur leur total, on compte 4 millions d’ethniques issus des minorités nationales, le reste constituant la diaspora roumaine. La plus importante communauté roumaine de l’étranger est celle d’Italie – plus d’1,2 millions de citoyens déclarés, mais ce nombre est probablement inférieur à la réalité. S’y ajoute un million de ressortissants roumains en Espagne. En troisième position arrive une communauté en forte croissance, celle des Roumains d’Angleterre, et qui compte quelque 410.000 personnes. C’est un nombre similaire à celui des ressortissants roumains enregistrés en France. Des communautés considérables vivent également en Allemagne, en Autriche et même dans les pays scandinaves. Et puis n’oublions pas qu’un autre phénomène s’est produit dernièrement : la migration des ressortissants roumains du sud vers le nord du vieux continent, afin d’échapper à la crise économique. »
Mais qu’est-ce qui poussent les Roumains à émigrer? Ce sont principalement des raisons économiques. Le professeur Daniel David, de l’Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, dans le nord-ouest du pays opine que :« Il est évident que les gens quittent leur pays, y compris la Roumanie, pour aller vers le mieux. Comment définir ce mieux ? Il y a des personnes qui partent d’un état de quasi-survie et de désespoir de Roumanie à un état de normalité dans leur nouvelle vie, qui se déroule généralement en Europe de l’ouest. Mais il arrive aussi que des personnes partent d’un état de bien-être en Roumanie, car ils souhaitent avoir une qualité et des standards de vie encore plus élevés. Il y a aussi ceux qui partent pour faire des études, qui y trouvent leur place et qui y restent. Les causes de l’émigration sont bien sûr diverses et multiples. En fonction de ces causes, il est possible de réfléchir au changement des politiques publiques et de voir ce que l’on peut espérer en termes d’évolution de la situation actuelle. Si les personnes sont parties en désespoir de cause, à la recherche d’un niveau de vie décent, il serait envisageable de voir revenir beaucoup de ces personnes en cas d’application de politiques publiques bien réfléchies. Mais la plupart des ceux des autres catégories citées ne rentreront probablement pas. »
Au-delà des besoins de base, les gens veulent être écoutés, respectés, ils souhaitent bénéficier de services de qualité. Natalia Elena Intotero, ministre des Roumains du monde : « On ne peut pas dire que rien n’a été fait en Roumanie ces dernières années On a fait des choses et nous continuons à vouloir soutenir tous les citoyens qui sont en ce moment en Roumanie pour arrêter cet exode. Nous voulons également encourager, à travers différents projets ou programmes, les Roumains de l’étranger qui souhaitent rentrer. Il y a des citoyens – nous n’avons pas de chiffre précis – qui choisissent de partir seulement pour quelques mois, comme travailleurs saisonniers. Mais il y a aussi des citoyens qui sont revenus chez eux après 10 ou 14 ans. »
Beaucoup de Roumains ont écrit ou écrivent l’histoire. Une partie d’entre eux ne souhaitent pas rentrer, mais ils voudraient que l’Etat roumain utilise l’expertise qu’ils ont acquise à l’étranger. Ce désir de contribuer au développement du pays est quelque chose d’extraordinaire, conclut la ministre Natalia Intotero.
(Trad. Ioana Stăncescu et Elena Diaconu)