Le plan d’action pour assurer la mobilité militaire au sein de l’UE
Conformément aux engagements pris par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de construire une véritable Union de la défense européenne d’ici à 2025, la Commission et la Haute représentante aux affaires étrangères et à la politique de sécurité de l’UE, Federica Mogherini, ont présenté, fin mars, un plan d’actions qui vise l’amélioration de la mobilité militaire à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de l’Union européenne.
Corina Cristea, 20.04.2018, 14:28
Conformément aux engagements pris par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de construire une véritable Union de la défense européenne d’ici à 2025, la Commission et la Haute représentante aux affaires étrangères et à la politique de sécurité de l’UE, Federica Mogherini, ont présenté, fin mars, un plan d’actions qui vise l’amélioration de la mobilité militaire à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de l’Union européenne.
Selon Bruxelles, l’accroissement des capacités de manœuvre des moyens militaires est un élément essentiel pour bâtir une Europe de la défense efficace, aux capacités intégrées, dotée de bons moyens de réaction et en mesure d’assurer la sécurité de ses citoyens. Le document propose des pistes pour faire sauter les barrières de différents types (physiques, procédurales et normatives), alors que la collaboration étroite entre les Etats membres demeure la pierre angulaire pour la mise en œuvre du projet. Le plan d’actions a à la base la feuille de route sur la mobilité militaire, document élaboré au sein de l’Agence européenne de défense. Mais à quoi servirait tout ce remue-ménage ?
Selon la commissaire européenne aux Transports, Violeta Bulc, « améliorer la mobilité militaire est l’un des pas essentiels afin de fonder une Union de la défense d’ici 2025. Ensuite, nous devrions être en mesure de déployer nos troupes rapidement, où que ce soit, et de pouvoir déployer nos opérations également en dehors des frontières de l’Union européenne. A cet effet, nous avons besoin d’infrastructures adaptées. L’UE continue néanmoins à se confronter à des obstacles physiques, procéduraux et législatifs, et c’est bien pour cette raison que l’on se retrouve aujourd’hui ici ».
Il n’est pas aisé de deviner de quoi l’avenir sera fait en politique internationale, mais, comme on l’avait annoncé, l’Union appelle à une vision commune et à une meilleure coordination des activités entreprises, a encore déclaré la commissaire européenne. « Promouvoir la paix et garantir la sécurité des citoyens européens constituent les principales priorités de l’UE », a réaffirmé la Haute représentante aux affaires étrangères et à la politique de sécurité de l’UE, Federica Mogherini. « Faciliter la mobilité militaire à l’intérieur de l’UE nous permettra d’agir avec une efficacité accrue pour prévenir les crises, pour accroître l’efficacité de nos missions et cela nous permettra de réagir de manière rapide lorsqu’on serait confronté à certains problèmes. Nous agissons ainsi résolument pour approfondir notre coopération au sein de l’UE, y compris la coopération permanente récemment initiée de façon officielle, ainsi qu’avec nos partenaires, à commencer par l’OTAN. Pour nous, en tant qu’Union, la coopération demeure la seule modalité d’agir efficacement face aux défis soulevés par le monde d’aujourd’hui ».
L’exécutif communautaire s’est donné pour objectif de réaliser une analyse des réseaux routier et ferroviaire en Europe afin d’identifier les meilleures voies qui se prêtent au transport militaire. Cette analyse est d’autant plus nécessaire que de nombreux ponts et passages à niveau n’ont pas été conçus pour supporter le poids ou les dimensions des véhicules militaires surdimensionnés. D’autre part, l’infrastructure ferroviaire ne dispose pas d’une capacité suffisante de chargement à usage militaire. Une liste de projets prioritaires sera par la suite élaborée ainsi que le soutien financier adéquat là où les besoins se feront sentir. Mais de quelle manière ce plan serait-il mis en œuvre ?
Selon la commissaire européenne Violeta Bulc: « nous agissons de deux manières. Premièrement, à l’égard de l’infrastructure de transport. Là, on prend pour objectif d’utiliser le réseau de transport aussi bien à des fins civiles que militaires. Dans le passé, l’un des principaux objectifs du réseau, c’était d’assurer le transport des troupes. Aujourd’hui, on met l’accent sur l’usage civil du réseau. Mais, évidemment, il faudrait pouvoir assurer les deux et optimiser ainsi les investissements consentis. Donc, voilà le plan : avant l’été, les Etats membres sont invités à se mettre d’accord pour présenter une liste détaillée des besoins en termes militaires. Ensuite, nous comparerons les besoins avec les capacités de l’infrastructure de transport existante et avec les exigences techniques auxquelles l’ensemble du réseau et les moyens de transport nécessaires devront correspondre. Pour conclure, sur la base de ces deux éléments, nous rédigerons une liste de projets prioritaires visant la double utilisation – militaire et civile – du réseau. Ces éléments devront être prêts avant 2019 ».
Le deuxième objectif vise le volet de réglementation, le volet procédural, affirme encore la commissaire européenne. Nous aborderons dans ce cadre des matières telles les formalités de douane, la TVA, la réglementation qui a trait au transport des matières dangereuses, les transports transfrontaliers ou encore des aspects qui relèvent des menaces hybrides. Dans la pratique, il s’agit d’harmoniser des législations nationales divergentes, de simplifier les procédures, pour réduire la charge administrative et les frais, tous ces éléments qui réduisent la mobilité militaire et retardent nos capacités de réagir de manière adéquate. Bruxelles considère qu’en améliorant la mobilité, l’Union européenne sera plus à même de prévenir l’apparition des crises et de réagir de manière correcte et efficace aux défis à venir. (Trad Ionut Jugureanu)