L’accord de libre-échange République de Moldova – UE
Le 13 novembre 2014, le Parlement européen approuvait la ratification de l’Accord d’association entre la République de Moldova et l’Union européenne, document qui se réfère à la coopération dans des domaines tels le commerce, la culture ou la politique de sécurité, et qui contribue à une intégration politique et économique approfondie des parties signataires.
Corina Cristea, 01.12.2017, 13:06
Le 13 novembre 2014, le Parlement européen approuvait la ratification de l’Accord d’association entre la République de Moldova et l’Union européenne, document qui se réfère à la coopération dans des domaines tels le commerce, la culture ou la politique de sécurité, et qui contribue à une intégration politique et économique approfondie des parties signataires.
Cet accord d’association inclut également un Accord de libre-échange extensif, dont l’objectif est de réduire les barrières qui entravent les relations commerciales entre l’ancienne république soviétique et l’UE. Chaque partie se voit, ainsi, accorder un meilleur accès au marché de l’autre, y compris à travers la suppression des frais de douane sur les produits importés (ou exportés, si c’est le cas). Plusieurs domaines spécifiques ont été introduits dans ce document, l’idée étant qu’il est impossible de séparer le commerce des politiques publiques d’achats, de concurrence, de propriété intellectuelle ou de développement durable.
Le statut d’Etat membre du Partenariat oriental a offert à la République de Moldova une position spéciale dans la relation avec Bruxelles, l’accord en question contenant des dispositions conformes à l’acquis communautaire. Le but en est de moderniser l’économie moldave, d’y attirer les investissements européens et de mettre en place un environnement politique plus prédictible.
L’accord de libre-échange avec l’UE offre une série d’avantages à la République de Moldova, où il existe toutefois un potentiel ignoré, a affirmé la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, qui s’est récemment rendue à Chisinau. La visite a eu lieu à un moment où le gouvernement moldave se dit favorable à une mise en œuvre renforcée de l’accord de libre-échange, alors que le président pro-russe Igor Dodon demande la révision du texte.
Lors d’une conférence de presse commune avec le premier ministre Pavel Filip, la commissaire Cecilia Malmström a aussi parlé de la négociation de l’exportation des produits animaliers moldaves sur le marché communautaire. Selon Mme Malmström, en plus des conditions techniques, telles les normes de sécurité alimentaire, il faut avoir une législation prédictible et transparente, qui rassure les investisseurs. Les exportations de la République de Moldova sur le marché européen sont à la hausse et des discussions sont en cours pour pouvoir livrer de la viande et des œufs dans l’Union européenne, a précisé le premier ministre de Chisinau, Pavel Filip : «Je me réfère avant tout à la possibilité d’exporter des produits animaliers. Pour cela, nous avons, de toute évidence, encore beaucoup de choses à faire, mais les perspectives sont claires. »
De l’avis de l’analyste Vlad Ţurcanu, le commerce avec l’UE a aidé la République de Moldova à rester debout après les chocs en série subis par son économie ces 20 dernières années. Il a critiqué les idées du président Igor Dodon, qui souhaite que la République de Moldova exporte des matières premières vers la Fédération de Russie.
Selon Vlad Ţurcanu, ce serait préjudiciable pour les producteurs locaux : « Ce que l’on a pu retirer de tout ce verbiage d’Igor Dodon, qu’il sort à chaque occasion qui se présente, c’est qu’il faudrait se concentrer sur la relation avec la Fédération de Russie, pour y exporter des fruits, des légumes et du vin. C’est exactement le modèle sur lequel a fonctionné, jusqu’en 1991, la République soviétique socialiste moldave (le nom de l’Etat à l’époque soviétique). Ça veut dire livrer de la matière première à la Fédération de Russie, la plus-value obtenue par nos producteurs étant de moins de 1%. »
La Transnistrie, région séparatiste pro-russe de l’est de la République de Moldova, a une situation spéciale dans cette équation. Après la signature de l’Accord d’association, en novembre 2013 à Vilnius, cette région a bénéficié de facilités commerciales séparées de la part de l’UE. Pendant deux ans, près de 50% des marchandises exportées depuis la rive gauche du Dniestr sont arrivées sur le marché de l’Union européenne. Fin 2015, ces facilités commerciales ont expiré et, le 1er janvier 2016, la Zone de libre-échange extensif a été élargie à l’ensemble du territoire de la République de Moldova, donc y compris à la Transnistrie. Celle-ci a cependant annoncé son refus d’appliquer les dispositions du document, qui serait contraire à sa politique étrangère, établie par le référendum sur le rapprochement avec la Russie, à travers l’intégration dans l’Union eurasiatique. La Transnistrie a obtenu un régime asymétrique, où elle applique des frais de douane, tandis que ses exportations sont exemptées de telles taxes sur le marché européen. Pour certains analystes, cette formule fait partie d’un but bien plus important – celui de l’unification de la République de Moldova, puisque, affirment-ils, une intégration économique plus forte de Chisinau avec l’Union européenne permettrait de résoudre le conflit de Transnistrie.(Trad. : Ileana Taroi)